L’Argentine, la victoire sans chanter

L’Argentine, la victoire sans chanter

Sans imagination pendant une heure, l’Argentine a su exploiter un temps fort de Messi pour faire la différence et s’imposer (2-1) dans un Maracana largement acquis à sa cause. Mais la Bosnie-Herzégovine, qui a réduit le score par Ibisevic, l’aura souvent tourmentée.

LE MATCH



L’Argentine peut remercier Sead Kolasinac. Sans le but contre son camp du défenseur de Schalke 04, après un coup franc excentré de Lionel Messi détourné par Marco Rojo (3e, 1-0), l’Albiceleste aurait vécu une première période très compliquée, sans rythme collectif ni coup d’éclat individuel. Un but du gauche de Messi (65e, 2-0), après un bon appui sur Higuain – entré à la mi-temps à la place d’un transparent Maxi Rodriguez – donnera à l’Argentine une marge qu’Ibisevic, lancé par Lulic, réduira d’un tir du gauche entre les jambes de Romero (85e, 2-1). Un but salué par tout ce que le Maracana comptait de supporters bosniens (un peu) et brésiliens (beaucoup). Un but mérité, surtout, pour  une équipe qui n’a jamais baissé la tête et qui aurait pu notamment égaliser sur une tête de Lulic repoussée par le gardien remplaçant de Monaco (40e).

LE FAIT MARQUANT

On attendait mieux de l’Argentine, tellement fade en première période qu’elle en vint à refroidir la ferveur de ses supporters, qui avaient investi le Maracana de toute leur passion brûlante. Alors que l’entame des coéquipiers de Messi était marquée par un pressing très ordonné et une volonté très affirmée de confisquer le ballon à l’adversaire, un déchet technique n’a pas tardé à compliquer toute idée de mouvement abouti. Le trio Messi-Maxi Rodriguez-Aguero a eu du mal à s’huiler et il a fallu l’entrée en jeu d’Higuain à la mi-temps pour donner une dynamique plus convaincante à l’attaque argentine. En montant plus souvent sur le côté gauche, Di Maria a également offert un peu plus de solutions à une Argentine qui a su exploiter un gros temps fort, autour de l’heure de jeu, pour accroître un avantage menacé jusqu’au bout. Alors qu’Aguero a été disponible mais imprécis, le secteur offensif est resté dépendant d’un éclair de Messi tandis que Lavezzi, lui, sera resté toute la soirée sur le banc.

LE JOUEUR

Les «Messi ! Messi !» tombés des tribunes du Maracana se sont longtemps fait attendre.  Le quadruple FIFA Ballon d’Or a déjà livré des prestations plus éblouissantes que celle qu’il a offert face à la Bosnie. Comme souvent, il n’a pas hésité à se déplacer sur un côté et à reculer pour mieux accélérer balle au pied, mais ses tentatives de dribbles, en pleine course ou dans des petits espaces, ont longtemps été neutralisées par une défense bosnienne qui s’est rarement affolée face à la menace Leo. Le crack du Barça a fini par monter le volume autour de la 55e minute, conservant mieux le ballon pour décaler Aguero ou Di Maria. Au final, il tire le coup franc qui accouche du premier but et inscrit le second avec une énorme maîtrise des espaces et de ses gestes. Une soirée à fois inconstante et réussie.