La disparition mercredi d’Oscar Niemeyer, un des plus célèbres architectes de ce siècle et du siècle dernier, a provoqué quelque pincements au cœur de sociologues et architectes algériens, qui avaient dans les années 1970-1980 étudié et travaillé sur sa conception de l’urbanisme, de l’architecture et des sociétés urbaines.
Niemeyer, qui aimait flâner dans la vieille Casbah d’Alger durant la la décennie 1970 après avoir fui la dictature militaire dans son pays, le Brésil, a travaillé sur des projets d’architecture qui témoignent, aujourd’hui encore de son génie.
A l’université d’Alger, au département des sciences sociales, ses œuvres et sa conception de l’architecture et de l’urbanisme étaient un ’’nectar’’ autant pour les étudiants que pour les enseignants.
Pour l’Algérie, où il a fait de fréquents voyages et séjourné pour ses projets architecturaux, il a notamment réalisé l’université Mentouri 1971-1977 (Constantine), et l’université Houari-Boumediene (1974, USTHB).
La Coupole du 5 juillet c’est lui
Il a également dessiné et conçu l’école d’architecture d’El Harrach et, surtout, la salle omnisport du 5 juillet, la fameuse ’’Coupole’’. Cette salle omnisport, qui a notamment accueilli le leader de l’ANC Nelson Mandela, après la fin de l’Apartheid, fait partie des joyaux des complexes sportifs algériens.
Qui est Niemeyer ? ’’Mon vrai nom est Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares. Ribeiro et Soares sont deux noms de famille d’origine portugaise, Almeida est arabe et Niemeyer allemand. Je dois avoir en outre un peu de sang noir et indien’’, racontait-il à ceux qui aimaient écouter sa lutte contre la dictature militaire brésilienne.
Oscar Niemeyer est né le 15 décembre 1907 à Rio, au sein d’une famille bourgeoise d’origine allemande, portugaise et arabe, Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, a participé à la réalisation de plus de 600 œuvres en 70 ans de carrière.
Une vingtaine d’œuvres à travers le monde est encore en cours de réalisation dans divers pays. Il a construit avec l’urbaniste Lucio Costa et le paysagiste Roberto Burle Max, Brasilia, l’actuelle capitale du Brésil, inaugurée en 1960. Pour cette œuvre unique à l’époque, Brasilia ayant été construite en plein jungle, il avait obtenu le prix Pritzker, en fait le Nobel de l’architecture en 1988.
Hommage à “l’empreinte” laissée en Algérie
Niemeyer, qui aurait eu 105 ans le 15 décembre, était hospitalisé depuis le 2 novembre en raison de complications rénales et d’hémorragies intestinales. Il s’est éteint mercredi à l’hôpital Samaritano, qui avait indiqué que son état s’était aggravé du fait d’une infection respiratoire.
Ses obsèques auront lieu vendredi au palais de Rio de Janeiro, a annoncé le maire de la ville, Eduardo Paes.
Khalida Toumi, ministre de la Culture, a présenté jeudi à Alger ses condoléances à la famille d’Oscar Niemeyer. “Nous avons appris avec une grande tristesse le décès, à l’âge de 104 ans, du célèbre architecte brésilien de renommée mondiale, Oscar Niemeyer”, écrit la ministre de la Culture dans un communiqué qui rend hommage à “l’empreinte” laissée en Algérie par l’architecte brésilien à travers ses œuvres.
“Son aventure algérienne, comme il aimait à le dire, a commencé dans les années 1970 : il répondait à l’appel d’Alger en dessinant les grandes œuvres de l’université Houari-Boumediene de Bab Ezzouar et celle de Constantine”, rappelle Khalida Toumi.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff a aussitôt déploré la perte d’un des génies du Brésil, le qualifiant aussi de “révolutionnaire” qui a toujours “rêvé d’une société plus égalitaire”.