L’Arabie Saoudite transfère la gestion de ses affaires à Nouakchott: La crise diplomatique s’exacerbe entre Riyad et Rabat

L’Arabie Saoudite transfère la gestion de ses affaires à Nouakchott: La crise diplomatique s’exacerbe entre Riyad et Rabat

Contrairement à Rabat, qui a démenti par la voix de son chef de la diplomatie le rappel de son ambassadeur en Arabie Saoudite, c’est le silence radio à Riyad.

Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a démenti l’information faisant état du rappel de l’ambassadeur du Maroc en Arabie Saoudite et l’existence d’une crise diplomatique avec ce pays, a rapporté l’agence de presse russe Spoutnik.

“Ces informations n’ont pas été officiellement annoncées”, a-t-il affirmé. Reste à savoir à quoi obéit ce démenti, alors que l’ambassadeur du Maroc en Arabie Saoudite, Mustapha Mansouri, avait personnellement confirmé l’information dans des déclarations au site marocain le360.ma.

“Les relations entre le Maroc et l’Arabie Saoudite sont historiques et solides. Entre les pays, il est normal que des divergences ou des différends éclatent de temps en temps. Je suis sûr qu’il ne s’agit que d’une crise passagère et que les relations entre nos deux pays retrouvent leur cours normal”, avait-il indiqué.

Il n’a fait que corroborer les informations de l’agence de presse américaine Associated Press, qui avait rapporté que “des responsables gouvernementaux ont déclaré que le Maroc avait cessé de prendre part à une action militaire avec la coalition menée par le gouvernement saoudien dans la guerre au Yémen et avait rappelé son ambassadeur en Arabie Saoudite”. Peut-être que le souci du chef de la diplomatie marocaine est de ne pas ébruiter cette crise avec un pays, considéré jusque-là par Rabat comme un allié sûr.

Riyad n’a pas communiqué non plus sur cette question, même si des informations sur des mesures saoudiennes continuent à affluer. Les dernières en date font état du transfert de la gestion des affaires saoudiennes au Maroc à l’ambassade de ce pays à Nouakchott (Mauritanie). En d’autres termes, c’est une crise en sourdine entre Rabat et Riyad, qui s’est accentuée depuis la diffusion il y a quelques jours par la chaîne d’informations saoudienne Al-Arabiya d’une émission sur le conflit du Sahara occidental dont le contenu va à l’encontre des thèses marocaines sur le dossier. Il faut croire que les prémices d’une crise entre les deux pays sont apparus à l’été avec l’annulation des vacances que passaient régulièrement le souverain saoudien, Salmane Ben Abdelaziz, à Tanger. Il y a eu ensuite l’épisode la décision du Maroc de se mettre en retrait au sein de la coalition militaire arabe dirigée par Riyad au Yémen.

Et au début du mois de décembre, l’homme fort d’Arabie Saoudite, le prince héritier Mohamed Ben Salmane, aurait subi une fin de non-recevoir du Maroc pour y faire une escale à son retour du sommet du G20 de Buenos Aires en raison de son rôle présumé dans l’affaire de l’assassinat du journaliste saoudien du Washington Post Jamal Khashoggi. Au vu de tous ces faits, il est difficile de dire que c’est la lune de miel entre Riyad et Rabat !

Merzak Tigrine