L’Arabie saoudite investit la finance internationale

L’Arabie saoudite investit la finance internationale
larabie-saoudite-investit-la-finance-internationale.jpg

Aramco, la compagnie pétrolière saoudite produisant plus de 10 millions de barils par jour, soit trois fois plus que l’américaine Exxon Mobil, va mettre 5% de son capital en bourse.  L’offensive saoudienne a commencé.    

Après moult tentatives pour se repositionner sur le marché international de l’or noir, l’Arabie saoudite change de fusil d’épaule et se dirige vers la finance internationale source intarissable de revenus et, elle en a les moyens. L’annonce de l’Arabie saoudite hier d’un plan de redéploiement a fait l’effet d’une bombe dans les milieux financiers internationaux et, pour cause : Ryad compte ouvrir 5% du capital de sa compagnie pétrolière Aramco et se doter d’un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars, le plus grand au monde.



Une telle annonce ne pouvait se faire que par la haute hiérarchie du royaume, la décision d’investir les marchés financiers est dictée selon le fils du roi par le besoin de faire rentrer de l’argent frais pour desserrer l’étau sur les équilibres budgétaires internes affectés par la chute drastique des cours du baril et aussi préparer l’après pétrole tout en restant maitre du jeu sur le marché pétrolier mondial. « Nous pourrons vivre sans le pétrole dès 2020 », martelait l’héritier saoudien d’autant que le plan de redressement tel que présenté s’annonce comme « une feuille de route » pour les années à venir et devra permettre à l’Arabie saoudite de se refaire une santé d’acier juste en se sevrant des revenus du pétrole.

La vente d’une partie, en apparence infime de la compagnie pétrolière constituerait, selon les analystes la plus grosse capitalisation boursière au monde. « Même en vendant 1% d’Aramco, ce sera la plus grande introduction en Bourse au monde », jubilait le prince héritier qui ajoute que ce fonds « va contrôler plus de 10% de la capacité d’investissement dans le monde (…) et le volume de ses avoirs représentera plus de 3% des actifs existants ».

Le chemin est tout tracé pour Ryad qui va pouvoir jouer sur du velours en créant le plus gros fonds souverain du monde et se positionner sur le marché de la finance internationale comme incontournable. Finis donc, les jeux malsains et les tractations au sein et en dehors de l’Opep pour l’Arabie saoudite qui va ratisser large en prenant de l’avance grâce à la manne financière déjà, du fonds lourd de quelques 2 000 milliards de dollars, le plus important au monde. « Cela va clairement changer la donne », prédit  un économiste de Saxo Banque. L’on s’attend, du coté des experts à des prises de participations et de rachats dans l’immobilier par exemple, dans les nouvelles technologies ou, encore dans les énergies renouvelables. Les craintes ne sont pas tellement tues, quant aux véritables intentions d’investissement de Ryad qui pourraient prétendre à l’acquisition de certaines industries sensibles occidentales.

Ceci, dans un premier temps, puisque le royaume compte dans une deuxième phase d’introduire en bourse les filiales d’Aramco, l’Arabie Saoudite ne comptera plus sur la vente de son brut mais, sur « ses revenus des investissements ». La Bourse de Ryad qui compte actuellement plus de 150 sociétés cotées sera enrichie à partir de l’année prochaine par une bourse dédiée à la PME.