L’après-pétrole a-t-il déjà commencé ? : l’Occident agite la menace pour «escroquer» l’Algérie

L’après-pétrole a-t-il déjà commencé ? : l’Occident agite la menace pour «escroquer» l’Algérie
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L’Algérie serait-elle en train de racler le fond de ses puits pétroliers et vivre, de ce fait, une difficulté financière ? En tout cas, les propos du ministre des Finances, Karim Djoudi, le laissent entendre, ce dernier estimant que le budget de fonctionnement de l’Etat devrait être géré prudemment, «notamment les volets salaires et transferts sociaux».

Karim Djoudi justifie ces soucis par la perspective d’une baisse des revenus pétroliers du pays pour cause de crise financière mondiale, constitution d’importants stocks de pétrole par les Etats-Unis et offre additionnelle de sources d’énergie non-conventionnelle.

De toute évidence, l’Etat qui achète au prix fort une paix sociale salutaire risque de se couper les vannes et faire face à des pics de tension sociale. Du coup, «les dépenses qu’il ne faudrait pas augmenter devraient être celles liées aux salaires et aux transferts sociaux».

Pour l’Etat, le dilemme est d’autant plus difficile à vivre que le brusque tour de vis dans ses caisses intervient au moment où les dépenses sociales augmentent pour apaiser les tensions socioprofessionnelles et acheter la paix sociale.

Mais est-ce que cette crise est réelle ? Pour le spécialiste pétrolier, Gilles Munier, auteur du best-seller «Les espions de l’or noir», «l’après-pétrole n’est pas pour demain, car on en découvre régulièrement. Cela n’empêche pas les compagnies pétrolières occidentales d’agiter la menace pour trouver des investissements permettant de rechercher d’autres sources d’énergie. Résultat, le prix du baril va baisser».

Dans une déclaration à Mon Journal, Munier estime que «dans un pays comme l’Algérie – qui a mis, depuis l’indépendance, tous ses œufs dans le même panier – une baisse de production de pétrole serait catastrophique. Les «rats» qui profitent de la rente pétrolière quitteraient le bateau, laissant le pays se dépatouiller avec ses problèmes de développement et d’importation, notamment de denrées alimentaires.

Ces dernières années, l’impéritie était au pouvoir. Comme l’écrivait La Fontaine – qui s’était beaucoup inspiré de fabulistes arabes – : «La cigale ayant chanté tout l’été se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.» Au lieu d’appauvrir un peu plus les Algériens, le ministre des Finances devrait commencer par récupérer les fonds placés par un certain nombre de profiteurs dans les paradis fiscaux et les contraindre à rendre au peuple algérien les biens – immeubles, hôtels, restaurants, boîtes de nuit – qu’ils ont achetés en Europe et ailleurs. Le DRS a certainement une liste à jour des voleurs».

Le jeu des stratégies de puissance mise sur cette menace du tarissement de pétrole, conjuguée avec les énergies non-conventionnelles, pour pousser les pays producteurs à tous les excès. Exxon, Shell, BP, Total, etc. les rois du pétrole, connaissent tous, sans exception, des problèmes mettant en péril leur survie même. Mais, au moins, quatre des principales compagnies pétrolières internationales font face à un déclin de leur production globale de brut, et ce, en dépit de profits sans précédent.

La production totale des 5 majors a chuté d’un quart depuis 2004. Le cumul de production de brut des cinq principales compagnies (Exxon, BP, Shell, Chevron et Total) a atteint un pic historique en 2004. Depuis, il a diminué de 25,8 %, malgré d’énormes efforts d’investissement. Tout cela fait que ces puissantes compagnies se tournent vers des énergies nouvelles, à leur portée, mais avec le souci premier de faire chuter le baril, précipitant les pays producteurs sur des voies nouvelles dont l’issue n’est pas garantie d’avance…

Fayçal Oukaci