Sa reconduction acquise, à l’issue d’un scrutin qui aura pris les allures de plébiscite, Bouteflika maintiendra-t-il tel quel son exécutif ou le recomposera-t-il, ne serait-ce que pour donner l’illusion d’accéder à quelques doléances partisanes ? Pendant ses fameuses bravades politiciennes, Amar Saâdani, le secrétaire général du FLN, n’avait pas manqué d’en faire la demande. Le secrétaire général du FLN avait, en effet, réclamé que le gouvernement revienne au parti majoritaire dans les assemblées élues, en l’espèce, son parti, bien entendu.
Cette demande a été faite dans le sillage des attaques dont Saâdani avait rudement chargé le Premier ministre Abdelmalek Sellal à qui il avait reproché notamment d’être un candide, voire un novice politique. En s’en prenant si vertement à Sellal, le premier responsable du FLN, qui accomplissait en parallèle quelques missions ingrates au profit du clan présidentiel, telles que ses coups de griffes portés au patron du DRS, exprimait en fait son opposition à la fonction d’intendance à laquelle le gouvernement est réduit.
Dans l’idée de Saâdani, le gouvernement, émanation de la majorité parlementaire, devait avoir un caractère et une vocation politiques. Sera-t-il entendu ? Il n’est pas si évident que cela puisse paraître. Pour au moins deux raisons. D’abord on voit mal Bouteflika renvoyer un Abdelmalek Sellal qui aura été par trois fois son directeur de campagne électorale. D’ailleurs, il se susurre déjà que ce dernier retrouve ses fonctions de Premier ministre dès la proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel et l’entame du quatrième mandat pour Bouteflika.
Ensuite, il ne sera pas aisé pour Bouteflika de se plier au critère énuméré par Saâdani sans chambouler une configuration qui rend possibles et opérables toutes les cooptations au sein du gouvernement. Bouteflika se doit de récompenser aussi la grappe de partis d’envergures diverses qui ont apporté soutien à sa candidature. Tout au plus pourrait-il revoir les dosages qui ont prévalu jusque-là, par notamment l’intégration de nouvelles clientèles partisanes. La chronique politique a trop souvent cité le FFS, qui a eu une attitude des plus ambiguës par rapport au scrutin présidentiel, traduite par le fameux «ni participation, ni boycott et ni soutien», comme partant pour une participation au gouvernement.
Cependant, une telle option semble écartée pour le moment, du fait que la base du parti y reste largement réfractaire. Elle pourrait néanmoins intervenir à moyen terme si, entre-temps, Bouteflika décide d’un renouvellement anticipé du Parlement. Perspective que certains estiment tangible. Ils lui fixent même un timing : elle est annoncée pour dès après la révision de la Constitution, le chantier le plus immédiat auquel s’attaquera Bouteflika. Un chantier qui sera à coup sûr conduit par Abdelmalek Sellal en sa qualité de Premier ministre.
C’était lui d’ailleurs qui supervisait les premiers échafaudages avant que des contingences diverses ne dictent d’y surseoir. S’il est, donc, quasi-sûr que Sellal reprenne les commandes du gouvernement, l’hypothèse devient risquée dès qu’elle a trait à qui y débarquera et, par conséquent, à qui y fera son entrée.
S. A. I.