Ouverture hier à Bamako de la réunion du comité de soutien et de suivi de la crise au Mali
L’approche algérienne sur la crise malienne, qui englobe à la fois la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et l’intégrité territoriale de ce pays, a été largement appuyée hier à Bamako à l’occasion de la réunion du comité de soutien et de suivi sur la situation au Mali.
Cette réunion à laquelle prend part le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, s’est fixée pour objectif d’élaborer un «concept stratégique» comportant une vision globale aux solutions envisagées à la crise malienne sous toutes ses dimensions.
Ces solutions doivent prendre en compte la dimension politique de la crise avec le renforcement des autorités de transition à Bamako, la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, ainsi que les défis liés au développement et la gestion de la crise humanitaire engendrée par la crise dans le nord de ce pays. Intervenant à l’ouverture des travaux de cette rencontre, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine, a indiqué que l’UA est «fermement déterminée à faire tout son possible» pour trouver un «règlement rapide» à la crise du Mali. L’Afrique, a-t-elle dit, «ne peut rester les bras croisés, alors que les 2/3 du territoire malien est entre les mains de groupes armés, terroristes et criminels». «Il s’agit d’une menace que nous ne devons pas prendre à la légère et nous devons agir en conséquence», a-t-elle affirmé. La présidente de la Commission de l’UA a, en outre, salué les efforts déployés par les pays du champ pour combattre le terrorisme et le crime organisé transnational dans la sous-région du Sahel.
Pour sa part, le représentant de la CEDEAO a mis l’accent sur la nécessité de la sauvegarde de l’intégrité territoriale du Mali, une nécessité absolue, a-t-il souligné, pour restaurer l’autorité de l’Etat malien sur son territoire. De son côté, M. Romano Prodi, envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, a insisté sur la nécessité de mettre fin à cette situation devenue «inacceptable» et qui a causé une grave crise humanitaire. Il a plaidé, à ce propos, pour la mise en place d’un mécanisme de coordination auquel seront associés tous les partenaires concernés par la crise malienne.
M. Medelci : “Si l’intervention militaire est dirigée contre le terrorisme, cela est important”
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a indiqué que si l’intervention (militaire) au nord du Mali a pour objectif la lutte contre le terrorisme, cela «est important» et l’Algérie a l’intention de persévérer «par tous les moyens» dans cette lutte. «Si l’intervention (militaire) au nord du Mali a pour objectif la lutte contre le terrorisme, l’Algérie s’est déjà exprimée sur ce sujet, elle a exprimé, et je le confirme aujourd’hui, non pas seulement son intention, mais sa volonté de persévérer dans la lutte, par tous les moyens, contre le terrorisme», a déclaré à la presse le chef de la diplomatie algérienne «Nous considérons cela comme un objectif important qui ne doit pas, en revanche, nous faire oublier que pour bien lutter contre le terrorisme, il faudra également refaire l’unité nationale du Mali autour de la fraternité, de la réconciliation, et mobiliser l’ensemble des acteurs maliens pour construire le Mali de demain», a-t-il souligné. M. Medelci a indiqué avoir évoqué, de manière «responsable et fraternelle» avec son homologue malien, la situation dans la région du Sahel, ainsi que les «liens de fraternité liant nos deux pays», ajoutant que ces liens «sont aujourd’hui mis à l’épreuve par une crise qui n’est pas seulement la vôtre, mais qui est également la nôtre». «Nous avons évoqué la meilleure manière de traiter cette crise et nous devons la traiter dans la solidarité, au plan bilatéral, au plan des pays du champ, en tenant compte de ce que les pays limitrophes qui nous entourent et les pays de la CEDEAO, peuvent apporter comme contribution positive», a encore relevé M. Medelci. Le ministre des Affaires étrangères a fait remarquer, en outre, que «nous sommes aujourd’hui dans la nécessité d’en appeler également à la communauté internationale, parce que nous sommes tous convaincus que la lutte contre le terrorisme est une lutte qui interpelle l’ensemble de la communauté internationale, et celle-ci doit apporter une contribution déterminante dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé». «Nous sommes confiants qu’on peut développer, à la fois, un dialogue entre les frères maliens et mener la lutte contre le terrorisme», a-t-il dit. «Il est certain que le moyen de prévention le plus puissant contre le terrorisme est la lutte contre le sous-développement», a-t-il insisté. L’Algérie, a-t-il poursuivi, est en train de développer une action dans trois directions qui sont «toutes complémentaires». Il y a d’abord une action humanitaire, une action politique et une action de partage dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il expliqué. Ces trois actions doivent, a-t-il dit, «être prises en charge avec une nécessité avérée et les rendre plus cohérentes». «Mais nous ne pouvons pas les rendre plus cohérentes en dehors d’une volonté exprimée par les pays qui sont directement concernés par la crise du Mali», a soutenu M. Medelci.
Messahel : “La résolution du Conseil de sécurité a fédéré les différentes approches”
Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a déclaré hier à Washington que la résolution du Conseil de sécurité relative à la crise malienne «a fédéré les différentes approches», tout en relevant l’importance «de tirer les enseignements de l’histoire récente, comme en Libye, afin d’éviter tout amalgame et débordements».
M. Messahel a fait cette déclaration lors de son allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la première session du Dialogue stratégique entre l’Algérie et les Etats- Unis, tenus au siège du département d’Etat. L’approche globale préconisée par la résolution 2071 du Conseil de sécurité, adoptée il y a une semaine, «a fédéré les différentes approches en créant des synergies pour préserver l’intégrité territoriale du Mali, la prise en charge des préoccupations de toutes les populations maliennes dans le cadre d’un dialogue interne et sans exclusive, et l’éradication du terrorisme et du narcotrafic par tous les moyens, y compris militaires», a affirmé le ministre.
M. Medelci s’entretient avec son homologue malien…
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, s’est entretenu jeudi à Bamako avec le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Tieman Hubert Coulibaly.
L’entretien qui a eu lieu à la veille de la réunion du comité de soutien et de suivi sur la crise du Mali, a porté sur la coopération bilatérale et la situation au Sahel et plus particulièrement dans le nord du Mali.
…et avec la présidente de la Commission de l’UA
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, s’est entretenu jeudi à Bamako avec Mme Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine (CUA).
L’entretien qui a eu lieu à la veille de la réunion du comité de soutien et de suivi sur la crise du Mali, s’est déroulé en présence de M. Ramtane Lamamra, commissaire de l’Union africaine (UA) à la paix et à la sécurité. Les deux parties ont passé en revue plus particulièrement la situation au Sahel et la crise dans le nord du Mali.