On risque comme d’habitude de se voir pris au dépourvu et d’assister à des tensions au niveau de ces stations.
Depuis 2014 et au début de la crise financière, la couleur était annoncée: on se dirige droit vers la fin des subventions du carburant! Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya a donné, samedi dernier à Doha, le moment de ce que tout le monde redoutait: ce sera pour l’année prochaine. Le grand argentier du pays a ainsi fait savoir que dès l’année prochaine les Algériens paieront le carburant à son prix réel, c’est-à-dire aux environs de 100 DA le litre, soit plus du double du prix actuel qui fait déjà très mal aux automobilistes. Ce sera donc incontestablement la ruée vers le…GPLc. Les Algériens s’empresseront donc de convertir leur voiture en ce carburant propre et surtout dont les prix sont des plus abordables (9 DA/litre). Rouler en GPLc permet d’économiser de l’argent puisqu’il coûte 70% moins cher que le gasoil. Un véhicule au GPLc est aussi beaucoup moins polluant que les autres. Une bonne nouvelle en soi. L’environnement et surtout le budget de l’État qui dépense près de deux milliards de dollars dans l’importation de carburant en seront «ravis». Néanmoins, Naftal et ses partenaires pourront-ils assumer cette forte demande, qui déjà actuellement pose problème? En effet, avec les tarifs qui sont entrés en vigueur en début d’année et l’annonce par cette entreprise de la subvention par l’État de la fourniture et l’installation du kit GPL carburant à hauteur de 50%, les 100 installateurs qualifiés et dûment sélectionnés par L’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue) sont déjà débordés. Il faut du «piston» pour pouvoir décrocher le fameux rendez-vous qui permet de payer à moitié prix ces kits (30.000 DA chez les installateurs de Naftal et 35 000 DA chez les installateurs privés, Ndlr). Il sera donc très difficile de répondre à la forte demande qui s’annonce…
D’ailleurs, Naftal elle-même ne se voile pas la face en visant la conversion de 1,1 million de véhicules au GPLc d’ici 2030, dont 500 000 pour 2021 sur un parc automobile qui compte actuellement près de 6 millions de véhicules. Il y a tout un océan entre les deux, surtout que d’ici 2030 ce parc sera appelé à doubler, notamment avec l’industrie automobile que l’Algérie veut mettre en place. Le défi d’un parc automobile majoritairement en «sirghaz» sera difficile à réaliser, pour ne pas dire impossible. Et encore, ceux qui auront la chance ou le «piston» pour convertir leurs automobiles au GPLc risquent d’être confrontés au manque de stations-service qui disposent de pompes GPLc. Déjà actuellement, alors que la demande pour ce carburant est encore faible, on est obligé de faire le parcours du combattant pour trouver une station-service qui vend du «sirghaz». Seules les grandes stations de cette entreprise nationale de distribution des produits pétroliers en disposent. L’autre défi sera de faire transformer les autres en GPLc. Là aussi la tâche s’annonce ardue car on ne parle pas d’une dizaine de stations ou même d’une centaine mais de milliers. On risque comme d’habitude de se voir pris au dépourvu et d’assister à des tensions au niveau de ces stations. Humainement, ce défi du tout GPLc est quasi impossible à atteindre. Comment vont faire les citoyens pour se déplacer? Ce n’est pas comme si l’on était dans un pays qui dispose d’un vaste réseau de transport qui fait que l’utilisation de l’automobile est un luxe. Il y a une crise de transport que l’on n’arrive pas à réguler et la situation risque d’empirer avec ceux qui n’auront plus le moyen de prendre leurs voitures pour aller au travail. On a eu un avant-goût dernièrement avec le blocage des accès à la capitale par les services de sécurité et l’anarchie que cela a engendré au niveau des transports publics, en particulier les trains. Au-delà de ce problème, il y aura l’effet boule de neige que cela provoquera sur les prix de divers autres produits et services, comme cela a été le cas en ce début d’année 2018.
L’augmentation des prix du carburant s’est répercutée directement sur ceux des produits alimentaires et agricoles, surtout pour ces derniers dont les prix de revient sont directement liés aux prix du carburant, du fait que l’agriculture est de plus en plus motorisée, donc fortement consommatrice de carburant. Une véritable saignée pour des Algériens dont le pouvoir d’achat ne cesse de fondre comme neige au soleil…