Menuisiers, plombiers, ouvriers sans diplôme, serveurs de cafés, peintres, électriciens, agents d’accueil, voire journalistes, beaucoup de travailleurs sont victimes de non-déclaration à la CNAS, ce qui est synonyme d’une exploitation, pour ne pas dire une prise d’otage ou tout simplement de l’esclavage moderne.
Le tout va à l’encontre de la loi 90-11 du 21 avril 1990, figurant dans le code du travail. L’application de ce texte de loi, qui a été modifié et complété le 11 janvier 1997, peine à se concrétiser, vu les enjeux du patronat ainsi que ceux de quelques membres de la Centrale syndicale (Ugta). Travailler d’une manière clandestine devient légion en Algérie par crainte de ne pas subvenir aux besoins de la famille ou de ne pas remplir le couffin.
Des entreprises continuent à exploiter, de nos jours, les jeunes du pré-emploi. Même les anciens ne sont pas exempts. Il est vrai que des fonctionnaires, qui ont plus de 30 ans de service, se trouvent démunis de leurs droits.
C’est la précarité absolue. Qu’en est-il de l’inscription à la sécurité sociale pour les milliers de travailleurs subissant cet affront. En fait, les textes de loi sont peut-être modernes, mais ce sont les procédés d’application qui restent archaïques. Que deviennent les millions de petits artisans, mais grands dans leurs œuvres, qui sillonnaient les villes algériennes pour apporter des solutions d’urgence. Il s’agit de ces milliers d’artisans arpentant, autrefois, les rues et les ruelles pour réparer ou rendre presque à l’état neuf meubles ou accessoires.

Les vitriers, par exemple, se font tellement rares que des citadins ont envie de les revoir, rien que pour se souvenir des bons moments qu’ils offraient.
Comme la disparition de Baba Salem se fait sentir, on peut aussi remarquer la rareté du «marchand m’zabi», appellation qu’on donnait aux acheteurs d’anciens meubles. Ces derniers ont presque disparu du paysage urbain, car leurs enfants ont préféré abandonner le métier. Soit ils ont réalisé des prouesses dans leurs études, soit ils se sont convertis dans des commerces stables.
En effet, lors d’un point de presse animé par le ministre du travail, Tayeb Louh, ce dernier a fait savoir que 152 000 procès-verbaux d’infraction à la législation du travail ont été établis en 2012, suite à des visites de contrôle effectuées par les services de l’Inspection générale du travail (IGT), a-t-il indiqué.
Intervenant à l’ouverture du regroupement national de l’encadrement de l’Inspection générale du travail, le ministre a ajouté que 83 000 P-V d’infraction et 49 000 mises en demeure ont été délivrés la même année.
Les principaux domaines touchés par les actes dressés ont concerné les volets liés à l’hygiène et à la médecine du travail, les rémunérations, la non-déclaration des travailleurs, les conditions d’emploi et les relations individuelles de travail. Ainsi, le bilan d’activité de l’IGF présenté lors de cette rencontre montre qu’il a été procédé à 191 000 visites de contrôle sur les lieux de travail, dont 171 655 visites concernent le secteur privé et 19 580 le secteur public.
Ces contrôles ont été suivis de l’établissement de procès-verbaux d’infraction pour non-respect des dispositions relatives au placement et au contrôle de l’emploi. S’agissant de la main-d’œuvre étrangère, des contrôles ont été opérés au niveau de 2 024 entreprises, où il a été établi, selon le ministre, 3 401 procès-verbaux d’infraction dans 314 organismes employeurs pour défaut de permis de travail ou pour situation de travailleurs en possession d’un titre de travail non valable.
Il faut dire que ces changements répondent à la métamorphose de la société algérienne. Par exemple, dans les années 1950, des «gamins» vendaient des journaux tout en hurlant. Aujourd’hui, il est normal qu’ils soient remplacés par les kiosques.
Ce n’est pas la vie qui change, mais c’est l’économie qui se trouve bouleversée, en positif ou en négatif.
Par Mahdi M.