Alors que les températures ne cessent de grimper et que la consommation de crèmes glacées bat son plein, un coup de filet de la gendarmerie nationale à Tiaret jette une lumière crue sur un trafic aussi insalubre que dangereux.
Dans des chambres froides improvisées, les militaires ont mis au jour un stock considérable de produits congelés frauduleux. La marchandise, passée par des cycles de décongélation et de recongélation, était soigneusement reconditionnée avant d’être réinjectée dans le circuit de vente, menaçant directement la santé des consommateurs, particulièrement les plus vulnérables. Les associations, notamment l’APOCE, tirent la sonnette d’alarme.
Le sinistre processus de falsification des produits glacés
Le modus operandi des trafiquants repose sur une manipulation grossière et hautement risquée des produits. Les articles saisis, des glaces de diverses marques et formats, avaient préalablement subi un dégel complet, souvent lors de ruptures de la chaîne du froid lors du transport ou d’un stockage défaillant.
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Plutôt que de les détruire, comme l’exige la réglementation sanitaire la plus élémentaire, les individus impliqués dans ce réseau les ont collectées pour les soumettre à un processus de « recyclage ». Les étapes clés de cette falsification sont :
- Le reconditionnement des produits dans de nouveaux emballages pour masquer leur origine et leur état initial.
- La remise en forme manuelle des glaces, notamment des cornets et des bâtonnets, pour leur redonner une apparence présentable.
- Le stockage dans des chambres froides non conformes aux normes sanitaires, en attendant leur écoulement sur le marché.
Glaces avariées : les signes distinctifs qui doivent alerter tout consommateur
Face à ce risque sanitaire, une série de recommandations cruciales pour permettre aux citoyens d’identifier visuellement ces produits falsifiés et potentiellement toxiques.
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La vigilance doit se porter sur plusieurs détails qui ne trompent pas. Un produit ayant subi un dégel puis un regel présente des altérations physiques incontestables. Il est impératif d’inspecter la glace avant tout achat et toute consommation. Les indices révélateurs sont :
- La déformation de la forme caractéristique de la glace, comme la « fleur » des pots qui n’est plus nette.
- Un cornet ou un bâtonnet qui n’est plus droit, voire tordu, signe qu’il a fondu et a été manipulé.
- La présence de fissures ou de cassures dans le chocolat enrobant un esquimau, laissant parfois s’échapper la crème.
- Une texture granuleuse ou cristallisée, et non plus lisse et onctueuse.
Un danger sanitaire majeur pour les populations fragiles
La consommation de ces glaces avariées n’est pas anodine. Elle représente une menace sérieuse pour la santé publique. Les bactéries, comme les salmonelles ou les Listeria, se développent exponentiellement lors des phases de décongélation.
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Le froid intense qui suit ne fait que les conserver ; il ne les élimine pas. Ingérées, elles peuvent provoquer de sévères intoxications alimentaires, des gastro-entérites aiguës ou des infections bien plus graves.
L’APOCE insiste sur le fait que ce type de produits peut conduire au décès des consommateurs, en particulier les enfants en bas âge et les personnes déjà affaiblies par une maladie. Il s’agit donc d’un enjeu qui dépasse la simple fraude commerciale pour toucher à la sécurité sanitaire fondamentale.