La prise d’otage d’In Amenas, aura été un révélateur de la faillite du système de communication institutionnel. Autant les forces spéciales de l’ANP ont fait honneur à l’Algérie par leur efficacité et leur professionnalisme, autant les institutions comme la présidence de la République, le ministère des affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur et bien sûr celui de la communication sont une nouvelle fois passés à côté de cet événement de dimension planétaire qui avait placé l’Algérie pendant six jours au cœur du monde.
Maintenant que cette attaque terroriste est derrière nous, les responsables des instituions commencent à se rendre à l’évidence en concédant que la communication a été un des maillons faibles dans la gestion de cette crise. Mourad Medelci, dont le département était en première ligne a reconnu lundi devant les sénateurs que la communication n’avait pas suivi. C’est peu de le dire, mais c’est déjà un petit pas, à condition qu’il soit suivi par d’autres, à l’avenir.
Et en attendant, c’est les responsables de l’Assemblée, qui ont brillé par leur silence pendant toute la prise d’otage qui ont décidé, apparemment de communiquer et de faciliter le travail aux journalistes. Mercredi, le président de cette institution Larbi Ould Khelifa, a donné des instructions pour faciliter le travail des journalistes en quête d’informations concernant les activités de l’APN.
C’était lors d’une conférence organisée à l’initiative de Mme Dalila Fourar vice-présidente de l’APN chargée de la communication, la culture, l’édition et la formation. Le président de l’APN avait reçu les journalistes présents pour leur souligner que les portes de l’institution leur seront grandes ouvertes et qu’ils pourront y recueillir les informations dont ils avaient besoin à partir de la source.
Par ailleurs, M. Ould Khelifa a mis l’accent sur “l’objectivité” des écrits de presse afin de rapporter l’information de manière fidèle. “Les portes de l’APN seront ouvertes, non seulement pour les journalistes mais aussi pour toute la société”, a-t-il ajouté, citant l’exemple de rencontres qui l’avaient réuni avec des jeunes pour s’enquérir de leurs préoccupations.
Pour sa part, Mme Fourar a déclaré aux journalistes présents à la conférence, que le président de la Chambre basse du Parlement avait donné des instructions pour faciliter le contact entre les journalistes et les députés, qu’ils soient présidents de commissions ou présidents de groupes parlementaires.
“Ces instructions visent la relance du Forum de la presse” où les journalistes pourront soulever leurs préoccupations”, a ajouté la vice-présidente de l’APN, appelant à l’instauration d’une relation de complémentarité entre les deux parties.
Après avoir fait observer que l’APN avait besoin des médias pour permettre au citoyen de s’informer des activités de l’institution législative, Mme Fourar a mis l’accent sur la nécessité qu’il y ait pour les journalistes “de faire la distinction entre l’information et l’analyse”, mettant en relief l’obligation de rapporter l’information “de manière juste”, avant de procéder à l’analyse “de manière à servir l’objectif commun à la presse et à l’APN”.
Les journalistes présents à la rencontre ont soulevé leurs préoccupations dont “la nécessité” de mettre à leur disposition les projets de loi afin d’en être informés avant leur examen. En réponse aux interrogations des journalistes, Mme Fourar a assuré que “l’APN leur réunira toutes les conditions et mettra à leur disposition toutes les informations nécessaires pour leur permettre d’exercer parfaitement leur mission”.
Intervenant au cours de la rencontre, des présidents de commissions de l’Assemblée ont souligné que les séances de travail dont ils ont la charge étaient ouvertes à tous les organes de presse et ne se déroulaient pas à huis clos. Si l’initiative de l’Assemblée est à saluer, sa portée reste néanmoins limitée car aujourd’hui l’Algérie, surtout après ce qu’on vient de vivre, a besoin d’un véritable aggiornamento dans le domaine de la communication. Plus que jamais l’ouverture des médias, pourtant promise par le président Bouteflika, est à l’ordre du jour. Car l’Algérie est à la traine.