La proposition “surprise” du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, de destituer le président Bouteflika pour cause de maladie grave, a fait hier la une des médias français. De larges espaces y ont été consacrés,
pour comprendre les motivations de l’intervention du patron de l’ANP.
Sous le titre “Une rupture franche entre l’armée et Abdelaziz Bouteflika”, le journal Le Monde qualifie la “suggestion” du général Gaïd Salah de recourir à la Constitution pour constater l’“empêchement” du Président, d’une “quasi-injonction”. Le même journal relèvera plus loin que “ce geste d’Ahmed Gaïd Salah marque une nouvelle étape dans la crise qui secoue l’Algérie depuis plus d’un mois”. Ce média notera pour conclure que l’armée cherche, à travers l’appel à l’application de l’article 102 de la Constitution, “à éviter la mise en place d’une transition dirigée par des personnalités indépendantes, soit l’option réclamée par une bonne partie des acteurs de la contestation”.
Dans son édition d’hier, Le Figaro évoquera le message du général Gaïd Salah demandant le départ du président Bouteflika, sous le titre “Algérie : l’armée lâche Bouteflika”. Le même commentaire est partagé par L’Humanité, qui écrit : “Le chef de l’armée lâche Bouteflika”, tout en insistant sur l’importance de l’annonce faite par Gaïd Salah quant à l’activation de la procédure de destitution du Président pour maladie grave. Le quotidien Libération réserve sa première ouverture de l’édition d’hier “aux rebondissements de la crise algérienne” au lendemain de l’annonce inattendue de l’ANP, en titrant : “Bouteflika bouté”. Le quotidien commentera que la demande du patron de l’armée algérienne de déclarer inapte le président Bouteflika s’apparente à une tentative “pour mieux reprendre la main alors que le pouvoir vacille sous la pression de la rue ?”. Le magazine en ligne Médiapart, qui a consacré un long dossier à la “révolte algérienne”, relèvera que “l’armée algérienne lâche Bouteflika et son cercle”. Ce média reviendra dans son commentaire sur le rôle-clé de “l’Armée nationale populaire algérienne qui est au centre du jeu depuis l’indépendance, dans l’exercice du pouvoir comme dans le choix du président”. Ce qui a été confirmé, notera encore Médiapart, à travers l’annonce faite par le chef d’état-major de l’armée, “l’un des hommes les plus puissants en Algérie”. Pour sa part, l’hebdomadaire Le Point, qui titre “Le général Ahmed Gaïd Salah finit par franchir le Rubicon”, notera que “la balle se trouve dans le camp d’Abdelaziz Bouteflika lui-même, s’il choisit de démissionner, ou dans celui du président du Conseil constitutionnel, à qui il revient de lancer la procédure permettant de déclarer le chef de l’État inapte à exercer ses fonctions”. Le quotidien Le Parisien relèvera, pour sa part, que l’appel à l’application de la procédure prévue par l’article 102 de la Constitution confirme que “même les militaires ne semblent plus soutenir Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Algérie”. Dans un article publié hier sur son site web, L’Express s’est interrogé en ces termes : “L’ère Bouteflika touche-t-elle à sa fin ?”, notamment après l’appel lancé hier par le patron du RND qui demande au président Bouteflika de démissionner, au lendemain de la “suggestion” du plus haut gradé de l’armée algérienne à son départ. “Alors que l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été récemment limogé, son parti, le RND, recommande la démission du président de la République (…) dans le but de faciliter la période de transition.”