L’animateur général de la dernière campagne du chef de l’etat évoque des pressions de lobbies de l’argent sale et déclare: «Bouteflika a décidé de ne pas se représenter»

L’animateur général de la dernière campagne du chef de l’etat évoque des pressions de lobbies de l’argent sale et déclare: «Bouteflika a décidé de ne pas se représenter»

«Le président de la République a décidé de ne pas se représenter pour un quatrième mandat.» C’était l’information phare hier, balancée à 3h32 du matin par le journal électronique Algérie patriotique, en citant un communiqué signé de Abdelghani Touhami, animateur général de la campagne de Abdelaziz Bouteflika lors des précédentes élections. Et durant toute la journée, aucun démenti n’a été émis à ce propos, même l’Aps étant restée muette à ce sujet.

Selon le journal électronique, le coordinateur national des comités de soutien se serait senti dans l’obligation de casser le silence pour dénoncer essentiellement des pressions du l’actuel président de la République, essentiellement de la part Amar Saïdani en évoquant une «impudence de l’imposteur politique (…) qui fait pression, avec l’appui des lobbies de l’argent sale, de certains partis politiques et de personnalités, sur le chef de l’Etat pour l’obliger à se représenter». M. Touhami précise que Saïdani et ses soutiens sont (pourtant) parfaitement au courant de la décision du chef de l’Etat de ne pas briguer un autre mandat».

Il affirme dans le communiqué sur lequel se base algeriepatriotique. com que «la décision de Bouteflika a été prise bien avant sa maladie» en précisant que le chef de l’Etat lui a fait part, ainsi qu’à des membres du comité de soutien, de sa volonté «d’adopter une position neutre en s’efforçant de veiller à l’organisation d’élections transparentes et démocratiques, de réhabiliter la voix du peuple et d’ouvrir la voie à l’édification de la deuxième République en mettant un terme à la légitimité révolutionnaire».

Dans ses explications, Abdelghani Touhami avance que «le président Bouteflika a d’ailleurs entrepris de nommer des hommes qu’il considère comme dignes de confiance aux postes de ministres de la Justice de l’Intérieur et à la tête du Conseil constitutionnel, respectivement Tayeb Louh, Tayeb Belaïz et Mourad Medelci, en vue de la préparation des prochaines élections et d’une nouvelle ère pour l’Algérie».

La lecture faite par le journal est que «Amar Saïdani et les lobbies occultes qui le soutiennent veulent à tout prix préserver leurs intérêts et font tout ce qu’ils peuvent pour pousser le Président vers le quatrième mandat, en laissant croire que son retrait constituerait un grand danger pour le pays et en estimant que les grands partis qui le soutiennent risquent d’éclater, provoquant une grande anarchie politique qui aboutirait ‘à la perte de contrôle sur la gestion des affaires de l’Etat’».

«Ce sont justement ces menaces insidieuses et ces méthodes indignes qui font peser des risques sur la stabilité et la sécurité du pays», ferait remarquer Abdelghani Touhami, toujours selon le journal électronique. Il y a lieu de noter ici que, la veille, le fameux «groupe des vingt», regroupant des partis et des personnalités politiques nationales, dont l’économiste et ancien chef du gouvernement le Dr Ahmed Benbitour qui avait démissionné de son poste pour ne pas cautionner des méthodes occultes de gouvernance, réitérait son exigence d’un certain nombre de conditions pour un «scrutin libre et ouvert».

C’était à l’occasion d’une réunion tenue dimanche et au cours de laquelle a été examiné la situation du pays et le climat politique dans lequel se prépare l’élection présidentielle d’avril 2014. Le Dr Ahmed Benbitour a justement souligné que dans l’état actuel des choses, il n’y a aucune garantie d’un «scrutin libre, ouvert et transparent ». Ce bloc politique a rappelé à l’occasion avoir demandé un certain nombre de garanties dont l’organisation de l’élection par un gouvernement indépendant, une demande qui a essuyé un refus catégorique de la part du ministre de l’Intérieur. Le groupe, qui dénonce ainsi un «mépris» de la part du pouvoir vis-à-vis de ses propositions, s’est enfin donné rendez-vous pour la semaine prochaine.

Composé du mouvement Ennahda, d’El-Fedjr El-Djadid, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), de Jil Jadid, du parti Justice et manifeste et bien d’autres formations politiques, le groupe décidera donc lors de cette réunion de sa participation ou non à l’élection présidentielle. Et si l’information donnée par le coordinateur national des comités de soutien de Abdelaziz Bouteflika, il y a lieu de s’attendre à un sérieux rebondissement sur le terrain politique.

Y. El-Atrach