La justice a tranché dans une affaire qui a suscité une vive émotion dans l’opinion publique algérienne. Le Conseil judiciaire d’Alger a condamné l’animateur de l’émission caritative « El Yed fel Yed » (Main dans la main), identifié par les initiales N.S., à une peine d’un an de prison avec sursis assortie d’une amende de 1 million de dinars (100 millions de centimes). Il est reconnu coupable de détournement de fonds présumé destinés à un lieu de culte.
Les faits remontent à 2022, lorsqu’une bienfaitrice résidant à Alger fait don de 1 milliard de centimes (soit 10 millions de dinars) à l’émission à caractère solidaire, pour financer la construction ou la rénovation de la mosquée de la localité de Ghemrassa, dans la commune de Yesser (wilaya de Boumerdès). Ce don était destiné à traverser les écrans pour atteindre les fondations du lieu saint. Pourtant, selon la plainte déposée, aucune trace de cette somme n’a été retrouvée dans les comptes du projet.
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Détournement de fonds pour une mosquée : Les détails de l’affaire
L’affaire a pris de l’ampleur en 2023, lorsque l’émission a été suspendue en réponse à une plainte déposée par la donatrice, relayée ensuite par la direction du lieu de culte concerné. Une enquête judiciaire a été ouverte suite à cette plainte, mais également à la saisine de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, sollicitée par l’association religieuse du village.
L’avocat Najib Betam, en charge de la défense de la partie civile, a souligné lors de l’audience que le programme souffrait de graves irrégularités, notamment l’absence de transparence dans la gestion des fonds, l’absence de compte bancaire dédié, et une opacité dans la traçabilité des dons. Il a également dénoncé le fait que ce type d’émissions, sous couvert d’humanisme, pouvait nuire à la réputation de la solidarité authentique qui caractérise la société algérienne.
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Absence de justificatifs et visite sur site
Selon les investigations, l’animateur avait effectué une visite au site de la mosquée en septembre 2022, prenant quelques photos avec les responsables religieux. Mais depuis cette date, plus aucun suivi du projet, ni justificatif de transfert de fonds, n’a été apporté. Ce silence prolongé a alimenté les soupçons jusqu’à l’ouverture de la procédure judiciaire.
L’affaire met en lumière les dérives possibles des actions caritatives médiatisées, lorsqu’elles ne sont ni encadrées légalement, ni soumises à des mécanismes de contrôle rigoureux.
Soucieuses de rétablir la confiance entre les donateurs et les bénéficiaires, plusieurs voix appellent désormais à la mise en place de mécanismes de régulation plus stricts, y compris l’obligation pour les émissions solidaires de publier régulièrement des bilans financiers vérifiables.
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