L’angoisse des étudiants qui ne voient rien venir…

L’angoisse des étudiants qui ne voient rien venir…
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Actuellement, on parle peu de l’université. La période des examens du secondaire et les polémiques suscitées par la nouvelle ministre de l’Education nationale laissent peu de place à un secteur dont les acteurs vivent pourtant le mois le plus dur de l’année.

Les étudiants sont en période de gestion de leur année universitaire : bachotage, attente stressée des résultats de fin d’année, pression sur les enseignants et autres combines pour avoir l’année. A y regarder de plus près, le problème fondamental qui se pose semble être celui de l’insécurité à laquelle font face la quasi totalité des étudiants algériens, insécurité liée principalement à un manque total de visibilité sur leur avenir.

Les étudiants expriment, même quand ils se taisent, une crise qui est autrement plus vaste que la simple question des résultats de fin d’année. Il s’agit d’un sérieux point de situation qu’ils effectuent à chaque mois de juin et qui montre leur réelle panique devant l’image qui leur est renvoyée d’euxmêmes.

En tant qu’«élite», qui est arrivée là après de gros sacrifices – études difficiles et coûteuses (en argent et en pression psychologue), les étudiants vivent une situation qui ne répond pas à leurs aspirations ni à leurs «plans de carrière».

LG Algérie

La preuve est que même dans les filières qui accueillent les bacheliers les plus prestigieux : grandes écoles, classes préparatoires, départements de pharmacie et de médecine et qui dispensant des enseignements jugés de «bonne qualité» et délivrant des diplômes reconnus même à l’étranger, les étudiants vivent un sérieux marasme. Ces habitants des poches de compétence – généralement peu enclins aux troubles – ont pourtant toujours été vécus comme des privilégiés dont les études débouchent sur une carrière «assurée».

Le changement de système et les «vacillements» qu’il induit au sein de la communauté estudiantine ne suffisent pas à expliquer toutes les incertitudes, ni même la crise que traverse le secteur. Le malaise est apparemment plus profond et touche principalement au doute qui s’empare des étudiants quant à leur avenir. Du point de vue du volume, les effectifs sont impressionnants : près de 1.5 million d’inscrits dans un réseau universitaire de 70 établissements, soit 136 facultés, 70 instituts, près de 650 laboratoires de recherche et pas loin de 30 000 enseignants permanents… presque autant si ce n’est plus qu’en France qui compte un million et demi d’inscrits.

La gestion des flux accapare toute l’activité du secteur et ceci à tous les niveaux de la chaîne: des grands décideurs de l’université au transport, à l’hébergement et à la restauration. Les efforts pour mettre en place des filières d’excellence échouent lamentablement : le cas des 12 écoles préparatoires qui ne répondent pas aux attentes des étudiants, qui ont pourtant tous obtenu un Bac avec mention bien ou très bien est significatif. Les lauréats regrettent tout simplement de ne pas s’être inscrits à l’étranger. Ce qui est un verdit implacable sur la capacité du système mis en place à répondre aux attentes des étudiants.

S. A. O.