L’ancien projet «Algérie Télévision» revu et corrigé remis en route ENTV : la nouvelle réforme

L’ancien projet «Algérie Télévision» revu et corrigé remis en route ENTV : la nouvelle réforme
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Les décideurs semblent à présent conscients des limites du simple toilettage et du lifting passager, autrefois opérés au lieu d’une véritable refonte juridique et d’une nouvelle réorganisation structurelle de l’ENTV.

D’où leur décision de mettre sur pied un nouvel organigramme à même de garantir, à terme, l’émergence de programmes de qualité, et d’obtenir la satisfaction des annonceurs et des producteurs publics et privés. Le projet «Algérie Télévision», revu et corrigé, sera remis en route avec, pour locomotive, la chaîne terrestre nationale et de nombreuses autres, généralistes et thématiques.

C’est par des phrases laconiques que le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a contourné les interrogations liées à la situation de notre télévision et à son incapacité à répondre rapidement aux attentes du public.

Dissertant longuement sur les dysfonctionnements de l’ENTV, le ministre s’est contenté de dire que cette chère télé locale est condamnée à se réformer de l’intérieur et à s’adapter aux nouvelles configurations qui s’annoncent à l’horizon.

Or, le pouvoir s’entête depuis des années à vouloir éviter coûte que coûte le syndrome de la presse écrite privée, dont l’influence a complètement laminé la presse publique. Le postulat de base pour les décideurs est que l’ouverture de l’audiovisuel aux privés ne serait ni brusque ni sauvage, et que les meilleures précautions pour préserver le média public est de le préparer à la concurrence dans des conditions favorables.

D’où sans doute cette volonté affichée par la tutelle de dédouaner l’ENTV de ses carences actuelles et de souligner l’éventualité d’une réforme organisationnelle et structurelle.

Dans l’impossibilité de connaître l’agenda précis de cette réorganisation, il est clair que les pouvoirs publics veulent aller très vite, à partir de l’année prochaine, avant la promulgation de la réglementation sur l’audiovisuel et l’installation d’une autorité de régulation. Pour beaucoup d’observateurs, la tutelle va déterrer un vieux projet, qui semble avoir une certaine adhésion de la part des décideurs.

C’est le fameux projet du groupe. Attendu depuis des années, c’est sans doute le prochain gouvernement, issu des futures législatives, qui va entériner l’avant-projet de création «d’Algérie Télévision», transformant les statuts de l’actuelle entreprise EPIC en groupe audiovisuel.

Ce projet était destiné au départ pour répondre aux besoins de communication des institutions, mais aussi aux pressions des producteurs privés et des téléspectateurs. A l’époque, vers 2004, quand HHC était aux commandes de la télévision, il était question de la naissance de ce groupe public de télévision, composé de quatre à huit chaînes, dirigé par un PDG et un conseil d’administration.

Toutefois, les circonstances et les événements n’étaient guère favorables pour l’acceptation par les pouvoirs publics de cette démarche. Aujourd’hui, les décideurs semblent convaincus qu’il est urgent de procéder à un changement dans ce

secteur, non seulement par un simple toilettage ou un lifting passager, mais par une refonte juridique et une nouvelle réorganisation structurelle de l’entreprise. A terme, il s’agira de commencer par l’introduction d’un nouvel organigramme pour arriver à l’émergence qualitative des programmes et à la satisfaction des annonceurs et des producteurs publics et privés. Mais qu’en est-il réellement de cette démarche ?

Selon des sources au fait de ce dossier, l’avant-projet, revu et corrigé, maintient l’idée du groupe «Algérie Télévision» formé de plusieurs chaînes généralistes et thématiques, avec comme locomotive la chaîne principale à vocation nationale, dite terrestre.

Le nouveau statut prévoit donc l’abrogation du décret du 20 avril 1991 et la création d’un groupe dirigé par un président-directeur général, nommé par décret présidentiel, ainsi qu’un conseil d’administration, constitué de membres permanents désignés par le ministre de tutelle pour un mandat de trois ans.

Ces membres représenteront, selon l’avant-projet, les ministères des Finances, de la Communication, des Affaires étrangères, la TDA (télédiffusion), l’ONDA (droits d’auteur et droits voisins), et comprendront également des personnalités qualifiées dans le domaine de l’audiovisuel et deux représentants, élus par la voie des urnes, du syndicat des journalistes et du personnel technico-artistique de la télévision.

La nouveauté du texte réside dans la consécration de l’autonomie budgétaire, financière et productive de chaque chaîne, selon un plan de charge annuel et une obligation de résultats.

L’organigramme en question prévoit, outre le PDG et deux assistants, comme directeurs exécutifs chargés des ressources et des missions liées aux diffusions, la nomination pour chaque chaîne d’un directeur général, ce dernier devant présenter sa grille des programmes, ses prévisions et ses besoins, ainsi que son bilan d’activité annuel, au conseil d’administration pour approbation

Le projet comporte également des clauses claires sur le cahier des charges que doit respecter le groupe de télévision, des clauses qui devront subir quelques changements, notamment au niveau de la diffusion et la protection des archives, de la commercialisation des images de marques et de produits vendables, de la publicité et la diffusion des spots, de l’interdiction de toute forme de publicité favorable à des partis politiques ou des syndicats et d’associations religieuses.

De même que ce cahier des charges prévoit l’obligation d’organisation d’un certain nombre de programmes, comme des téléthons, la couverture d’événements sportifs, des émissions d’informations (magazines et grands reportages), ou des spectacles artistiques selon un volume horaire bien défini.

Même le journal télévisé, objet de toutes les critiques, sera balisé selon un canevas de service public et un cahier des charges gérant l’information gouvernementale ou institutionnelle. Le respect de ces obligations de programmes et de cahier des charges est étroitement lié aux budgets et crédits financiers que fournira l’Etat, à travers le Trésor public.

H. R.