L’ancien président de l’APN, Abdelaziz Ziari, rompt le silence, « C’est le lobby financier qui veut abattre le DRS »

L’ancien président de l’APN, Abdelaziz Ziari, rompt le silence, « C’est le lobby financier qui veut abattre le DRS »

«Cette mafia veut faire tomber la digue de Toufik?

Ancien président de l’APN, haut responsable politique au sein des instances du FLN et dans les structures de l’Etat pendant quinze années, Abdelaziz Ziari s’est dit offusqué, choqué et indigné par les accusations de M.Saâdani contre le DRS. Aussi, a-t-il décidé, par devoir patriotique, de sortir de sa réserve pour crier haut et fort que le pays est sérieusement menacé par une mafia politico-financière. M.Ziari le dit haut et fort: «Oui, j’estime que c’est un devoir de défendre le DRS qui est une institution qui constitue la colonne vertébrale de l’Etat, gérée par des hommes crédibles propres, intègres et honnêtes.»

L’Expression: Commençons par l’actualité brûlante, quelle a été votre réaction quand vous avez pris connaissance des accusations portées par Amar Saâdani contre le patron du DRS?

Abdelaziz Ziari: Ma première réaction a été l’indignation. Je ne dirai pas la surprise parce que justement, l’une des raisons majeures pour lesquelles une grande partie du FLN n’a pas accepté cette promotion de ce monsieur à la tête du parti, c’est son incompétence politique, et son aventurisme. Donc ce n’était pas une surprise à ce niveau-là, mais c’était une indignation que les affaires de l’Etat algérien soient données comme ça en pâture, sachant les dégâts que cela va provoquer aussi, bien à l’intérieur, qu’à l’extérieur du pays.

Le deuxième point au niveau de l’indignation, c’est que ça vient de quelqu’un qui parle au nom du FLN. Ce qui a été dit n’a rien à voir avec, ni avec les positions du FLN, ni avec les valeurs du FLN, ni avec tout l’historique du FLN, ni avec l’analyse du FLN. Donc il y a de l’usurpation et de l’imposture y compris dans les prises de position et dans ce qui a été fait. Quant à l’agression venant de quelqu’un qui souhaite rester à la tête de ce parti, place qu’il a occupée illégitimement- je dis bien illégitimement occupée- contre l’une des institutions de la République qui a préservé le pays dans des moments les plus difficiles. Le DRS qui est un élément indispensable à l’Etat, la fragiliser par des agressions de ce type, c’est quelque chose d’absolument intolérable et d’inacceptable. Je ne parle pas évidemment de la personne du général Toufik qui mérite tout le respect, toute l’estime de tous les hommes et les femmes qui ont l’Algérie au coeur et qui défendent des responsables propres et honnêtes. Je crois que l’une des raisons majeures de cette agression, c’est que la mafia politico-financière qui veut faire main basse sur le pays se trouve gênée par le général Toufik et le DRS, parce qu’il s’agit de personnes qui sont absolument incorruptibles et qui sont rigides quand il sagit de défendre l’Etat. Ils n’ont pas d’intérêts privés ou particuliers, ni ceux de leurs enfants à défendre. Ils sont là uniquement pour défendre le pays. C’est ça la réalité.

Tenir de tels propos envers une institution aussi sensible, Amar Saâdani doit bien avoir des appuis solides, des assurances. Qui est derrière lui?

Derrière lui, c’est la mafia politico-financière. Ce thème était d’actualité à la fin des années 1980, il l’est toujours en 2014. Aujourd’hui, des apprentis sorciers équivalents à ceux qui, au début des années 1990, ont mené le pays de nouveau vers des horizons tragiques. Tous les patriotes, tous les nationalistes, tous ceux qui aiment l’Algérie doivent s’exprimer, doivent se manifester pour dire leur rejet de ces pratiques frauduleuses. Nous avons à faire à des faussaires qui jouent aux apprentis sorciers pour le compte d’intérêts matériels, financiers, de vils intérêts. Ils sont prêts à déstabiliser le pays, même le mettre à feu et à sang

Vous venez de lancer un appel aux patriotes. Le pays est-il aussi gravement menacé?

Je pense qui si on continue à laisser les choses se détériorer, car c’est une situation unique en son genre. Dieu sait que l’Algérie est passée par des phases difficiles, des moments très difficiles, jamais on a atteint ce niveau. De pareils propos n’ont jamais été tenus. Car les gens ont toujours été responsables. Comme dans les pays à situations complexes, mais jamais on a vu pareille situation. Même l’opposition la plus virulente n’a pas tenu ces propos, car je le répète, les gens étaient responsables et savent que le pays avait besoin de son armée soudée et dont le rôle est de protéger le pays. Cette situation me rappelle la fameuse légende des 26 milliards de Abdelhamid Brahimi. Grâce à Dieu, elle n’a pas atteint l’armée qui a joué le rôle de stabilisateur et de garant de la sécurité. Là on va directement, on veut déstabiliser le pays. Il faut savoir que cette situation fait l’affaire des ennemis de l’Algérie. De ceux qui sont derrière les dernières agressions contre le pays. Allez demander d’où venaient les véhicules qui ont attaqué le site gazier de Tiguentourine à Illizi. Vous verrez quel est le pays qui a acheté les véhicules. On se demande s’il n’y a pas de liens dans la déstabilisation du pays avec des connivences à l’extérieur, y compris avec ce pays qui a financé les attaques terroristes contre le site gazier.

On a remarqué qu’à chaque fois qu’il y a une crise au sommet, le FLN trinque. Vous pensez qu’il s’en sortira cette fois-ci?

Vous savez, le FLN c’est comme un vieux chêne. Il donne toujours des fruits. Il est suffisamment solide. Votre question, je me la suis posée moi-même: apparemment, le FLN est devenu un obstacle à la mafia politico-financière. On n’a pas pu abattre le chêne qu’est le FLN à partir de l’extérieur, il faut alors le détruire de l’intérieur. Dans le FLN, des pères fondateurs, dans le FLN authentique, dans le FLN nationaliste, ce genre de chose ne pouvait pas se produire. Quelle que soit la situation, et l’Algérie en connait. Feu Abdelhamid Mehri qui avait des positions politiques se démarquant du pouvoir de l’époque, n’a jamais osé porter des accusations aussi graves. C’est parce que nous préservions le bien commun qu’est ce pays. Certes, il arrive que nous ayons des divergences politiques, mais l’Etat c’est le bien de tous. Là on s’attaque directement à l’Etat algérien.

Mais qu’attendent les sages, les cadres et les politiques du FLN pour se démarquer!

Les trois-quarts des membres de la direction du FLN ont signé un document demandant la réunion du comité central pour pouvoir à la fois débattre de la crise du FLN et mettre en place une direction légale et légitime. J’insiste sur le mot légal et légitime.

Mais c’est ce que dit Abderahmane Belayat…

La majorité du comité central n’est pas pour Belayat. La majorité du comité central a signé pour la réunion du CC. Et c’est ce même CC qui décidera par un vote libre du secrétaire général et de la direction qui l’accompagnera. Les choses sont claires, les signataires ne voulaient pas adouber une personne, mais demander une réunion du CC, seule instance légale à pouvoir décider du sort du FLN.

Donc nous avons les trois-quarts des signatures pour débarrasser le FLN de cette direction aventureuse. Nous attendons que les autorités nous donnent l’autorisation de nous réunir. Nous voulons faire les choses dans la légalité, nous ne voulons pas qu’il y ait des troubles à l’ordre public, des attaques de mouhafadhas, des attaques contre le siège central du FLN…etc. Nous essayons de passer par des voies civilisées.

Vous voulez entendre qu’il y a ce risque de troubles?

Bien sûr, il y a un réel bouillonnement au niveau local. Vous avez vu ce qui s’est passé à El Tarf, Batna, Khenchela, Souk Ahras… On peut avoir de gros problèmes à la base, mais nous voulons éviter ce genre de dérapages. Nous ne voulons pas de cette situation. C’est pour ça que je dis que ce magouillage de bas étage qu’est en train de faire la mafia politico-finacière est un véritable danger pour le pays.

L’Algérie a connu des crises, mais jamais les frictions au sommet n’ont été portées sur la place publique. Cela n’a pas été le cas cette fois-ci. Quelque chose a rompu en haut lieu, un deal tacite a été violé…

C’est ce qui nous inquiète. On a l’impression qu’il n’y a plus d’arbitrage.

Mais l’arbitrage revient au président de la République?

C’est pour cette raison que Louisa Hanoune a demandé au président de la République de ne pas laisser la situation se compliquer.

Nous lançons effectivement un appel pour ne pas laisser la situation se détériorer.

Surtout qu’il ne laisse pas cette mafia politico-financière qui se voile derrière une demande d’un 4e mandat pour lequel l’ensemble des cadres du FLN ont été d’accord jusqu’à ce jour. Nous attirons l’attention du président pour dire: attention ils vous exposent, et à brève échéance, à des lendemains dangereux.

Cette mafia essaie de faire tomber la digue de Toufik et du DRS pour pouvoir mieux «digérer» le président de la République à l’avenir s’il souhaite briguer un 4e mandat.