L’ancien ministre Khomri jugé pour des contrats surfacturés à 600 milliards

L’ancien ministre Khomri jugé pour des contrats surfacturés à 600 milliards

Des irrégularités massives ont été révélées lors du troisième jour du procès de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports Abdelkader Khomri et des cadres de l’agence ANALJ, impliquant des détournements de plus de 600 milliards de centimes.

Le procès d’Abdelkader Khomri, placé sous mandat de dépôt pour corruption, a mis en lumière de nouvelles accusations concernant la gestion de l’Agence Nationale des Loisirs de la Jeunesse (ANALJ) entre 2014 et 2015. Les investigations du pôle pénal, économique et financier près le tribunal Sid M’hamed ont révélé de nombreuses infractions dans l’attribution des marchés publics.

Il s’agit de la création de registres commerciaux sur mesure et leur modification selon les besoins, attribution de marchés sans appels d’offres ni contrats formels, versement d’avances financières injustifiées et surfacturation massive des prestations.

Les marchés, d’une valeur comprise entre 2 et 50 milliards de centimes, concernaient l’installation de villages de loisirs dans cinq wilayas : Alger, Oran, Constantine, Ouargla et El-Oued. Les équipements importés de Chine étaient de qualité médiocre, et certains matériels ont été loués à des prix vingt fois supérieurs à leur valeur d’achat.

Des violations flagrantes de la loi sur les marchés publics

Le juge a souligné l’absence totale de transparence dans la sélection des prestataires. Les marchés ont été conclus de gré à gré, sans mise en concurrence, en violation du décret présidentiel n°236-10 régissant les marchés publics.

Parmi les irrégularités majeures constatées : Absence de contrats et de bons de commande officiels, instructions données oralement sans trace écrite, paiements effectués sans procès-verbaux de réception des travaux ainsi que la création de sociétés-écrans dissoutes après encaissement des paiements.

Cette affaire révèle un système organisé de détournement des fonds publics, impliquant tant des responsables de l’agence que des opérateurs privés, au détriment des jeunes censés bénéficier de ces infrastructures de loisirs.

Le juge a particulièrement interrogé l’accusée principale, Mme L. Nora, propriétaire de l’agence de voyage « FORUM TOURS », sur des points troublants : la signature de deux contrats en une seule semaine pour un montant total dépassant les 50 milliards de centimes et son refus de baisser les prix contrairement aux autres prestataires.

L’accusée s’est défendue en déclarant : « Je nie toutes les accusations. Mon agence, créée en 2009, est reconnue pour ses activités. En 2015, j’ai répondu à un appel d’offres de l’ANALJ et nos propositions ont été retenues pour leur qualité et leur capacité d’accueil. »

Le juge a soulevé la coïncidence troublante entre l’obtention des contrats et la nomination de Khomri comme ministre de la Jeunesse. L’accusée a nié toute relation, mais le juge a révélé qu’elle avait vendu un appartement au frère du ministre en 2009.

L’enquête se poursuit pour faire la lumière sur ces attributions de marchés publics qui soulèvent de nombreuses questions sur leur régularité et leur transparence.