LANCEMENT OFFICIEL DE LA CAMPAGNE OLÉICOLE À BOUIRA Sous le signe de la modernisation de la filière

LANCEMENT OFFICIEL DE LA CAMPAGNE OLÉICOLE À BOUIRA Sous le signe de la modernisation de la filière

C’est à partir du village Raffour, dans la commune de M’chédallah, à 40 kilomètres à l’est de Bouira, qu’a été lancée officiellement, jeudi, la campagne oléicole saison 2018-2019.

Et c’est parce que cette présente campagne est placée sous le signe de la modernité, tant tous les professionnels, et même les plus artisans des oléiculteurs, ont pris conscience de la nécessité de moderniser la filière, ce lancement a été l’occasion pour la chambre d’agriculture de la wilaya de Bouira de présenter, sur le terrain, un nouveau matériel appelé à se généraliser et qui fera gagner aux oléiculteurs du temps pour leur récolte et de la qualité pour leur produit final qu’est l’huile d’olive. ll s’agit du peigne électrique, présenté sur le terrain, jeudi, par un expert agricole venu de Tunisie, pour vulgariser les bienfaits de cette nouvelle technologie de récolte des olives, et qui sera en rupture définitive avec les méthodes traditionnelles et archaïques faites de gaules.

Ainsi et en présence du directeur des services agricoles de la wilaya, des représentants de l’ITAF, du président de l’UNPA, du président de la chambre d’agriculture, et de dizaines d’oléiculteurs de la wilaya, une démonstration a été faite sur place avec ce peigne électrique, composé d’un peigne à pinces mobiles, que l’on accroche au bout d’une tige extensible jusqu’à 3 mètres, et le tout branché à un fil électrique long de 15 mètres que l’on doit brancher à une batterie de 12 volts. Durant la démonstration, l’opérateur, M. Omar Kabouchi, patron de la société Basma Agriculture, expert agricole et détenteur exclusif des droits de la marque Jolly Italia en Tunisie, venu en Algérie pour la promotion de ce produit révolutionnaire de récolte des olives qui se fait jusque-là d’une manière manuelle, dira qu’il y a deux sortes de peignes électriques ; le premier est à pinces presque circulaires et se tient directement avec la main, une fois branché, et le deuxième peigne est plus aplati et sera placé sur une perche télescopique, et une fois branché, l’opérateur pourra le manier à distance de telle sorte qu’il pourra faire agiter le peigne sur une hauteur pouvant aller jusqu’à 5 mètres si l’on tient compte de la hauteur de l’opérateur et des trois mètres de la perche. Une hauteur largement suffisante pour un arbre aussi grand et haut soit-il ; sinon, on pourra, puisque la longueur du fil électrique de ce mécanisme est de 15 mètres, utiliser une échelle ou un escabeau pour gagner plus de hauteur.

En somme, comme le rappellera le représentant de cette firme italienne, c’est un procédé révolutionnaire qui , pour le cas de la Tunisie, n’a pas eu l’engouement escompté dans les premiers temps, tant les mentalités sont dures à oublier les vieilles méthodes, mais une fois expérimenté, les demandes ont explosé d’une manière exponentielle tant cette méthode fait gagner aux oléiculteurs du temps pour leur récolte, et partant, de la qualité de l’huile car, tout le monde aujourd’hui sait que la meilleure qualité de l’huile est celle provenant d’une olive arrivée à maturité et cueillie rapidement. Ainsi, le peigne électrique, d’après cet expert, fera gagner à son utilisateur jusqu’à dix fois le temps de récolte et le rendement, pour une femme et six à huit fois s’il s’agit d’un homme. Autant dire qu’un oléiculteur qui a l’habitude de ramasser sa récolte en deux mois, va la récolter en un mois avec en plus, une olive pas du tout abîmée, sans brindilles et sans feuilles. Des détails qui ont leur importance lors de la trituration pour une huile extravierge, qui est la plus demandée sur le marché et surtout la plus cotée.

Cela étant, pour le prix de vente de ce matériel électrique, M. Kabouchi dira que celui-ci n’est pas encore arrêté pour le cas de l’Algérie mais pour le cas de la Tunisie, le prix avoisinerait les 800 euros. Un prix qui n’est pas à la portée de tout le monde et pour lequel l’Etat, dans le cadre des différentes aides pour le développement de l’agriculture, pourra intervenir dans un cadre du montage financier avec les oléiculteurs.

Cela étant, rappelons que durant cette journée, tous les oléiculteurs rencontrés, à commencer par le président du Conseil interprofessionnel de la filière oléicole de la wilaya de Bouira, Hafidh Toumi, du président de l’Association pour la production et le développement de l’olive de la wilaya de Bouira, Arezki Toudert, ou de simples oléiculteurs, comme Akkouche Amarouche, et d’autres encore à travers la vallée du Sahel, tous se plaignent de la vente anarchique de l’olive le long des routes sans aucun registre de commerce ni autorisation des services concernés, une vente anarchique qui encourage le vol de l’olive par des jeunes et des enfants désœuvrés surtout de nuit dans les oliveraies lointaines et difficiles à surveiller. Cela encourage également le vol des olives récoltées et déposées dans des cours de maisons.

Autre problème soulevé durant cette journée par les oléiculteurs, la lenteur dans la livraison du projet des eaux d’irrigation du barrage Tilesdit ; une requête pour laquelle le président de l’UNPA, Hamadache Aoudia, présent lors de cet événement, semble optimiste puisqu’il a annoncé devant les présents que le périmètre irrigué du Sahel dont fait partie le périmètre de M’chédallah, sera livré dans quelques mois.

Quoi qu’il en soit, la filière oléicole, qui commence à prendre conscience de la nécessité d’aller vers le qualitatif, gagnera plus en faisant siens certains autres matériels de modernisation de la filière comme les nettoyeuses des olives et même les ramasseuses d’olives car, sachant de c’est grâce tous ces procédés modernes que les pays voisins ont réussi à placer leurs huiles dans les marchés mondiaux. Et quand on sait que pour le cas de notre pays, la variété existante dans la région de M’chédallah justement, celle de Achemlal, fait partie d’une variété qui donne une huile extravierge à moins de 0,1% d’acidité, quand on sait que du temps du colonialisme français, l’huile de cette région a gagné par deux fois des médailles d’or dans les foires internationales de Milan et Madrid, en 1929 et 1939 ; les pouvoirs publics doivent penser sérieusement, comme nous l’avons souligné déjà, à encourager ces méthodes de modernisation de la filière en aidant les oléiculteurs dans l’acquisition de ces matériels, et ce, afin de hisser le drapeau algérien dans ce genre de manifestations internationales et faire de l’huile d’olive, une véritable source de devises. Il suffit que la volonté politique pour ce faire soit.

Les milliers d’oléiculteurs de la région mais également de tout le pays attendent une véritable politique oléicole de la part du gouvernement. Et le résultat sera palpable dans moins de 10 ans.

Rappelons que dans la wilaya de Bouira, et d’après le DSA, quelque 7,5 millions de litres d’huile sont attendus pour cette année avec une surface agricole de 26 000 hectares d’oliveraies en rapport sur un total de 39 000 hectares. C’est dire combien la filière est prometteuse dans cette wilaya à vocation agricole et dont l’oléiculture détient la palme d’or.

Y. Y.