A Marseille, ça vit, ça remue, ça décompresse
Jamais la cité phocéenne, aux dires de ses nombreux habitants, n’a vu défiler autant de monde, même quand l’OM gagne.
Retenu à Paris après avoir convoqué un conseil de défense à 15h en raison de la situation au Mali, François Hollande n’a pu venir finalement à Marseille pour donner le coup d’envoi de la manifestation. Il chargera le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pour s’excuser et dire qu’il viendra célébrer Marseille-Province 2013 en juin, jour de l’inauguration du MuCem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée).
Près de 2000 personnes se sont pressées en tout cas dans cette gigantesque bâtisse pour ne pas rater le lancement «protocolaire» de la capitale européenne de la culture. Des journalistes venus d’horizons divers pour couvrir l’événement, y compris du Japon.
Jean-Claude Gaudin a souligné que cette manifestation «nationale» a pour but la promotion de «l’image de la culture française et son horizon», tout en faisant état de l’investissement de la deuxième ville importante du pays dans la construction d’une «métropole d’avenir» qui accueille le monde, et évoquera aussi «les métamorphoses urbaines» dont a fait l’objet Marseille. Arguant que «l’Europe c’est une culture ou elle ne l’est pas!» il dira que cette inauguration est «un aboutissement mais aussi un commencement».
De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a adressé ses «condoléances aux familles des Français qui viennent de perdre la vie au Mali et en Somalie».
Enfin, dans son discours, M.le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui a remplacé François Hollande, a tenu à adresser «un message de voeux au monde de la culture, fait d’espoir, de confiance, de réussite, mais de bonheur aussi et de mobilisation, qui permettrait de retrouver espoir à notre grande nation, à condition de respecter les valeurs d’égalité et de justice». Il exhortera tout de même à la fête, en dépit de cette ambiance «teintée dira-t-il, d’une gravité» qui se traduit par «l’envoi de soldats français dans l’action en soutien au Mali, à la demande de ce pays». Il relèvera la valeur de Marseille qui vit, hélas, des heures de violence et des inégalités. Toutefois, a-t-il tenu à dire: «Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est Marseille qui lutte, qui change et qui va gagner.» Et de faire remarquer:«Nous portons ensemble un projet métropolitain dans le respect de la spécifité de l’identité de chacun.»
Une ville, Marseille qui, estimera-t-il, se base sur sa force collective faite «d’unité et de diversité» faisant sans doute allusion aux différentes communautés qui évoluent à Marseille.
Le Premier ministre n’omettra pas d’évoquer «l’exception culturelle de la France», surtout en matière de cinéma que beaucoup de pays lui envient, tout en réitérant avec véhémence et détermination le rôle de la culture à même de «redresser l’économie du pays et stimuler le tourisme et le commerce». Ce qui, faut-il le reconnaître, est bel et bien vrai en France, malgré la crise qui la secoue, mais loin de constituer une réalité en Algérie, hélas.
Après l’opulence officielle, place au faste populaire! Jamais la cité phocéenne, aux dires de ses nombreux habitants, n’a vu défiler autant de monde, même quand l’OM a gagné en 2009.
Des 19h 30, le ciel s’est drapé de mille couleurs avec son feu d’artifice qui n’a eu de cesse de crépiter toute la soirée. La cité phocéenne s’enflamma avec la grande clameur, où des gens munis de leurs textes répétaient avec humour des mots-clés, qui témoignent de l’histoire de cette ville, la musique et la bonne humeur en partage.
Les feux d’artifice finissaient par habiller d’une lueur bleue cette belle cathédrale qui se dressait fièrement au loin du vieux port, baignée qu’elle était d’une magnifique aura. On pouvait apercevoir dans le ciel, des fuseaux lumineux qui traçaient de gigantesques cartes comme dans un film de science-fiction. Les cloches des églises se sont mises à tinter et la foule à se mettre en délire.
Que dire quand, en l’espace d’une minute, Marseille a plongé dans le noir? Une totale obscurité. Ne restaient que les lumières du vieux port pour cadrer l’espace et le rehausser de chaleur et d’une embellie poétique. Et puis, les cris pleins d’enthousiasme des badauds! A 20h on a pu dénombrer près de 350.000 personnes dans les rues de Marseille, qui se sont amarrées de ce côté-ci pour fêter l’ouverture de la Capitale de la culture européenne. Le vieux port était l’attraction à ne pas rater! En groupe ou en famille, tout le monde a décidé de sortir pour faire la fête. A Marseille, ça vit, ça remue, ça décompresse. Le syndrome méditerranéen dans son apothéose. C’est samedi 12 janvier qu’il a fait assurément sensation.
A Aubagne, près de 3000 personnes ont gravi le mont Julien pour voir s’illuminer un laser d’une portée de 17 km. Dans la rue ça chantait, ça chahutait et ça dansait pour contrer le froid ambiant et les petites gouttes de pluie de ce mois de janvier.
C’est ainsi qu’a débuté cet événement qui s’étalera durant toute l’année et verra une multitude d’organisations événementielles en tous genre, toutes disciplines confondues: artistique, culturelle, scientifique, etc.