Un coup de théâtre au sommet de la pyramide politique algérienne s’est produit en ce début d’année, puisque le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a annoncé hier à Alger son retrait de l’alliance présidentielle.
Ainsi, ce qui n’était que murmuré devient une réalité au MSP qui n’abandonne pas pour autant son soutien au programme du président de la République, ou du moins une question que le parti d’Aboudjerra Soltani préfère trancher dans les jours à venir.
La décision de retrait a été prise au terme de la réunion de son conseil consultatif (majliss echoura) du parti, qui s’est tenue ces trois derniers jours.
Pour rappel, l’alliance présidentielle qui a été créée en 2004 comprend, outre le MSP, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND). Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Aboudjerra Soltani, avait déclaré vendredi à l’ouverture de la session ordinaire du majliss echoura que l’année 2012 sera pour son mouvement «l’année de la compétition et non celle de l’alliance, dans le cadre d’élections intègres et transparentes».
«Le changement doit se faire par les urnes et non par la force»
Le MSP ne partage pas la position de ses partenaires au sein de l’Alliance quant à «la philosophie des réformes», a indiqué M. Soltani. Le mouvement, a-t-il dit, milite aujourd’hui pour remettre les réformes sur leur «trajectoire populaire après avoir été déviées par certains vers une trajectoire partisane».
Dans ce contexte, le président du MSP a rappelé hier, lors de son discours de clôture des travaux du conseil consultatif du parti, l’initiative politique de son parti en janvier 2011 quelques mois seulement avant la décision du président de la République à l’ouverture du champ des réformes dans le pays :
«Ces réformes, nous avons voulu qu’elles soient profondes et complètes, mais quand elle sont arrivées au Parlement, nous avons remarqué qu’elles ont régressé du niveau auquel aspirait le peuple algérien (…) alors qu’on doit tirer des leçons de tout ce qui se passe autour de nous».
En ce qui concerne les échéances à venir, le président du MSP se base sur une meilleure préparation des prochaines élections, «la réussite des réformes sera mesurée sur le degré de réussite de ces élections et leur transparence».
Le prochain rendez-vous avec les urnes est conçu par M. Soltani comme «un rendez-vous avec le changement, parce que le changement ne s’opère pas seulement par la force, il peut se faire à travers des élections libres et transparentes auxquelles tout le monde doit participer afin qu’elles réussissent». Une réussite qui, selon l’orateur, peut se réaliser en cette année 2012, «qui est une année de choix et de pari démocratique et l’occasion pour tout le monde de prendre en charge la responsabilité de réformer par les urnes».
Par ailleurs, le conseil consultatif du MSP a permis quelques remaniements au sein du bureau national du parti «afin d’accommoder notre formation avec l’année des récoltes électorales», précisera Aboudjerra. Enfin, Kamel Madi a été nommé secrétaire à la communication, en remplacement de Mohamed Djemaâ.
Le vote négatif contre les derniers textes de loi augurait d’une telle issue
Abouguerra Soltani avait déclaré vendredi à l’ouverture de la session ordinaire du majliss echoura que 2012 sera pour son mouvement «l’année de la compétition et non celle de l’alliance», estimant que «continuer à composer avec l’alliance à l’horizontale, c’est persister dans la médiocrité politique qui ne sert ni le pays ni le citoyen».
Le mouvement «aspire à la compétition aux hautes fonctions et a besoin essentiellement pour cela de se libérer du double langage», a-t-il ajouté. Une politique en solo que veut mener dorénavant le MSP, ce qui n’était que prévisible après le vote négatif exprimé par les députés au sujet des textes de loi sur les réformes entérinées ces deux derniers mois par le Parlement.
K. H.