Une fois de plus, le gouverneur de la Banque d’Algérie met en garde quant à la capacité de notre pays à résister à d’éventuels chocs externes. Des appréhensions argumentées par les indicateurs du marché pétrolier mondial et les incertitudes de la conjoncture mondiale actuelle. La chute drastique des prix du pétrole par rapport au recul notable de la demande et l’importance de l’offre ont fait que l’Algérie subit, aujourd’hui, les revers de la baisse des cours de l’or noir, à travers la détérioration des soldes des comptes courants de sa balance de paiements, et les effets sur les finances publiques. Des conséquences conjuguées à une contraction de sa marge de manœuvre budgétaire, face à un prix d’équilibre budgétaire qui s’avère coûteux. Néanmoins, notre pays n’est pas en crise, mais la prudence s’impose. L’analyse de la Banque d’Algérie des principales tendances financières et monétaires ayant caractérisé l’économie nationale au quatrième trimestre de l’année 2014, confirme cette donne. Les agrégats présentés, avant-hier, par M. Mohammed Laksaci, indiquent qu’en dépit de la baisse des prix du pétrole, notamment au second semestre de 2014, nos exportations d’hydrocarbures ont atteint 58, 34 milliards de dollars à fin décembre de cette année, contre 63,66 mds de dollars en 2013, dont 11,49 mds de dollars au quatrième trimestre 2014 (16,83 mds de dollars au quatrième trimestre 2013), soit une contraction des ventes de l’ordre de 23,74% entre les deux périodes, sachant que les quantités exportées ont enregistré une contraction de (-1,74%).
L’excédent commercial réduit à 0,59 milliard de dollars en 2014
Les exportations hors hydrocarbures ont enregistré, pour leur part, une hausse appréciable en 2014, totalisant 1,7 milliard de dollars contre 1milliard de dollars en 2013. Au total, les exportations globales de l’Algérie ont atteint 60,04 mds de dollars en 2014, en recul de 7,2% par rapport à leur niveau de 2013. En parallèle, les importations ont poursuivi leur cadence à la hausse pour progresser à 59,44 milliards de dollars au cours de la même année (54,99 mds de dollars en 2013). Une hausse tirée essentiellement par les biens d’équipements industriels, les produits semi-finis et les biens alimentaires. Une structure qui, maintenue pour la quatrième année consécutive, a fortement contribué à la contraction de l’excédent commercial entraînant un déficit de 2, 39 milliards de dollars, contre 2,98 mds de dollars sur les neuf premiers mois de 2014, contre 5,94 mds de dollars durant la même période de 2013.
Ainsi, l’excédent commercial s’est établi à 0,59 mds de dollars en 2014 contre 9,73 mds en 2013. À ce propos, le gouverneur de la Banque d’Algérie a relevé «une contribution significative de l’expansion soutenus des crédits à l’économie à l’emballement des importations». Aussi, M. Mohammed Laksaci a rappelé que ce niveau de l’excédent commercial «est le plus faible depuis 1998». Aussi, «l’excédent appréciable du compte capital n’aura que faiblement compensé le déficit du compte courant», a-t-il relevé. Une situation qui a induit un déficit de 5, 88 mds de dollars au niveau de la balance des paiements extérieurs globale en 2014 (0,13 md de dollars en 2013). Autre conséquence, les réserves de changes se sont contractées à 178,938 milliards de dollars, à fin décembre 2014, contre 185,273 mds de dollars à fin septembre de la même année, 193,269 mds à fin juin, contre 194 mds de dollars fin décembre 2013, expliquera M. Laksaci.

Une dette extérieure de 3,735 Mds de dollars, et un taux d’inflation de 2,92%
Le niveau de la dette extérieure de l’Algérie s’est maintenue à un niveau historiquement bas, a affirmé le gouverneur de la Banque d’Algérie, soit 3,735 mds de dollars à fin décembre 2014. D’autre part, a-t-il indiqué, l’année 2014 a connu un processus de désinflation entamé en février 2013.
Ainsi, il a été enregistré 2,92% à fin décembre 2014, contre 3,3% en 2013. «En dépit de ce repli, le rythme de l’inflation est manifeste pour le second semestre de l’année», a-t-il commenté. En dépit de cette tendance haussière, le taux relevé reste «en deçà de l’objectif cible du CMC, soit 4%», a tenu à souligner M. Mohammed Laksaci qui, a ajouté, à ce propos, que «la Banque d’Algérie résorbe convenablement les excès de liquidités et contribue, ainsi, à la désinflation». Et de rappeler que l’année écoulée a été marquée par un important dispositif prudentiel qui sera consolidé par un règlement pour réactiver le réescompte selon des critères bien définis. «Le réescompte, à lui seul, ne peut garantir la transparence, mais il permet de réactiver le rôle de la Banque centrale en tant que prêteur, d’autant plus que l’aspect qualité des effets sera déterminant, ce qui est fondamental», a rassuré l’intervenant.
6.499,43 milliards de dinars de crédits à l’économie dont 48% pour le secteur privé
La cadence des crédits à l’économie a maintenu sa croissance, soit 26,05% en 2014, atteignant 6.499,43 milliards de dinars dont 2.717, 93 mds sont allés au secteur privé.
Une tendance qui dénote, a affirmé M. Laksaci, «de l’amélioration des conditions d’accès aux crédits économiques pour les PME depuis 2011», mais aussi d’un «dynamisme plus significatif pour stimuler la croissance hors hydrocarbures qui doit être plus inclusive».
Ce dernier a précisé que les crédits à long terme ont progressé à un rythme plus marqué, soit 32% pour atteindre 3.322,89 milliards de dinars. Cette structure qui s’est confortée durant les trois dernières années, traduit la volonté de développer des crédits sains au profit de la PME, a dit M. Laksaci.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie a également expliqué que «le canal bancaire demeure prédominant dans le financement de l’économie», au regard de la persistance de l’excès de liquidité sur le marché monétaire et de la perspective de refinancement par la Banque d’Algérie, ce qui explique qu’aucune opération de refinancement n’est intervenue depuis fin 2011, a précisé M. Laksaci.
Akila Demmad
Qualifiant la position financière de l’Algérie d’appréciable
Laksaci exhorte les banques à plus d’engagement
En référence aux principaux agrégats ayant marqué la conjoncture économique du pays au quatrième trimestre de l’année 2014, le gouverneur de la Banque d’Algérie a tiré cette conclusion : «La position financière de l’Algérie est appréciable et devrait contribuer à atténuer d’éventuels chocs externes en 2015.» Aussi, le «très faible niveau d’endettement du secteur des hydrocarbures et des banques contribue également à maîtriser l’impact de tels chocs». Plut direct, M. Laksaci avertit que, «cependant, et en cas de choc, la résilience pourrait s’éroder», d’autant plus que «le niveau des importations a atteint un niveau insoutenable», ce qui constitue «un risque additionnel sur la balance des paiements, à moyen terme», d’où l’impératif de maîtrise du niveau d’absorption des surliquidités bancaires. Par conséquent, «la banque doit développer des actions, à terme, pour accroître ses ressources et mobiliser plus d’épargne, notamment des ménages», suggère-t-il. Et pour cause, «les ressources des hydrocarbures qui alimentent les dépôts bancaires pourraient être affectées en cas de persistance des chocs», sachant que «les dépôts de l’épargne bancaire sont moins dépendants des recettes d’hydrocarbures, et ce grâce à l’accroissement de l’épargne des manages», tendance que le gouverneur de la Banque d’Algérie veut encourager. Une équation qui exige aussi que «le rôle des banques en tant qu’intermédiaires financiers doit prendre les devants pour consolider le financement de l’économie», a-t-il souligné, tout exhortant ces dernières à plus d’engagement dans l’économie nationale par l’encouragement de l’épargne des ménages «à des rendements attractifs». Les banques ont tout intérêt également à «développer leurs instruments d’évaluation et de contrôle» a-t-il conclu.
D. Akila
A retenir
La Centrale des risques sera complétée courant 2015
La Centrale des risques, dispositif mis en place pour cadrer le crédit à la consommation destiné aux ménages, sera complété au courant de 2015. Une démarche qui tend, a expliqué le gouverneur de la Banque d’Algérie, à garantir «les instruments appropriés pour mieux analyser et maîtriser les risques liés à l’insolvabilité».
D. A.
La capacité de financement du Trésor contractée de 1.155 milliards de DA
Les stocks d’épargne du Trésor à la Banque d’Algérie (compte courant, FRR) a baissé fin décembre 2014 pour atteindre 4.488 milliards de DA contre 4.886 mds en 2013. Aussi, la capacité de financement du Trésor s’est contractée à la même période de 1.155 mds de dinars. Un déficit creusé par le poids des décaissements au titre des dépenses budgétaires dans un moment de baisse des recettes pétrolières exprimée par la chute des prix du pétrole.
D. A.
Laksaci : « Le taux de change du dinar reste appréciable »
Le gouverneur de la Banque d’Algérie estime que le taux de change effectif réel du dinar, au quatrième trimestre 2014, par rapport à l’euro et au dollar, demeure appréciable par rapport à son niveau d’équilibre en référence aux fondamentaux qui le régulent. Ce dernier s’est légèrement apprécié par rapport à 2013, en dépit du choc externe.