Sabri Lamouchi, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, fonde de gros espoirs sur la Coupe d’Afrique des nations de la CAF 2013, en Afrique du Sud, du 19 janvier au 10 février prochain.
Sous la houlette du technicien français de 41 ans, les supporters des Eléphants espèrent voir une génération de joueurs exceptionnels remporter, enfin, un titre.
En 2012 déjà, Didier Drogba et ses coéquipiers étaient passés tout près du titre continental, mais s’étaient inclinés, à la surprise générale, en finale face à la Zambie. Un an après, la Selephanto veut sa revanche et aborde la CAN 2013 avec un statut de favori que Lamouchi assume parfaitement au micro de FIFA.com.
Quel sera le programme de préparation de la Côte d’Ivoire pour la CAN 2013 ?
Depuis le match gagné en Autriche, le 15 novembre dernier (3-0), j’ai continué à voir des matches et à rencontrer les joueurs qui évoluent en Europe. Et je vais continuer à le faire tout au long du mois de décembre. Le 5 janvier, nous nous retrouverons à Paris pour nous envoler vers Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, là où la sélection s’était préparée pour la CAN-2012, et où nous resterons jusqu’au 16. Sur place, j’organiserai une opposition interne le 10, avant le match amical prévu face à l’Egypte le 14.
Les listes définitives des 23 joueurs devront être communiquées dix jours avant le début de la CAN-2013. Avec combien de joueurs comptez-vous partir en stage ?
23 ! J’ai choisi cette option, en sachant très bien que lors du stage, un joueur peut se blesser. J’aurai bien sûr une liste de remplaçants, lesquels seront prévenus. Mais je préfère que ces derniers restent dans leurs clubs, où ils seront soit en pleine compétition, soit en passe de la reprendre. Dans mon esprit, mon groupe est quasiment constitué.
Didier Drogba, après la fin du championnat de RP Chine, a formulé auprès de la FIFA une demande de dérogation afin de pouvoir jouer quelques semaines dans un club européen. Cela lui a été refusé. Auriez-vous préféré une autre issue ?
La FIFA a pris une décision, il faut s’y plier. Mais c’est un mal pour un bien. Il y a deux façons d’aborder la question. S’il avait pu jouer avant la CAN, cela lui aurait permis de retrouver le rythme de la compétition, après quelques semaines d’arrêts en Chine. Mais en jouant, il aurait couru le risque de se blesser et de compromettre sa participation à la CAN. Didier s’entraîne avec Chelsea, son ancien club, et comme c’est un très grand professionnel, je sais qu’il sera prêt pour la compétition, même s’il manquera un peu de rythme au début. Il est consciencieux et il fait très attention à la récupération, au repos.
Le tirage au sort a placé la Côte d’Ivoire dans un groupe D très relevé, avec la Tunisie, le Togo et l’Algérie. Que savez-vous de vos trois adversaires ?
L’Algérie et la Tunisie sont deux équipes qui pratiquent un football offensif, mais qui sont aussi difficiles à bouger. Techniquement, il y a beaucoup de qualités. J’ai remarqué chez elles une intelligence tactique et collective. Je vais encore prendre le temps de les étudier d’ici à la Coupe d’Afrique des nations. Quant au Togo, dont c’est le retour au plus haut niveau, c’est une équipe qui a d’autres caractéristiques. Physiquement, cela me semble très fort. De toute façon, il faudra être vraiment à notre meilleur niveau si nous voulons passer le premier tour.
Et même aller plus loin, car la Côte d’Ivoire fait obligatoirement partie des favoris…
Bien sûr. Au même titre que la Zambie, tenante du titre, du Ghana qui, depuis plusieurs années, fait preuve d’une réelle régularité et, bien sûr, de l’Afrique du Sud, en tant que pays organisateur. Ce statut de favori, nous l’assumons. Quand j’ai été nommé en mai dernier sélectionneur des Eléphants, j’avais parfaitement conscience du niveau de cette équipe. Elle a un très bel effectif, avec des joueurs qui ont gagné beaucoup de choses avec leur club.
Mais rien avec leur sélection…
C’est vrai. Alors qu’il y a tout pour y parvenir. Quelque part, c’est un vrai gâchis. Et si cette génération ne devait jamais rien remporter, ce serait un immense gâchis ! Gagner la CAN-2013, c’est notre ambition. Je sais que mes joueurs en sont capables. Ils doivent s’approprier ce projet. Car, pour certains d’entre eux, c’est sans doute leur dernière occasion de remporter cette compétition. Je crois en ce groupe.
La Côte d’Ivoire, qui possède beaucoup d’individualités, n’est-elle pas un peu prisonnière de sa réputation ?
Deux Ivoiriens – Didier Drogba et Yaya Touré – font partie des cinq joueurs nominés pour recevoir le trophée du meilleur joueur africain de l’année 2012. Et Didier Drogba a été nommé dans la liste pour le FIFA Ballon d’Or 2012. Il y a, donc, de grosses individualités dans cet effectif. Mais c’est le collectif qui fera la différence, et pas seulement quelques joueurs. Prenez l’Espagne : elle a de grands noms, comme Andrés Iniesta, David Villa, Cesc Fabregas ou Xavi, et malgré tout, on parle davantage de la qualité de son collectif. Attention, je ne veux pas comparer la Côte d’Ivoire avec l’Espagne. C’est juste un exemple, mais il faut s’en inspirer.
Depuis votre nomination inattendue et assez controversée, la Côte d’Ivoire est invaincue avec quatre victoires et deux nuls. Avez-vous mis les sceptiques de votre côté ?
J’ai accepté les critiques et les doutes au moment de ma nomination. Je comprends cela et je l’accepte, car après tout, je n’avais aucune expérience d’entraîneur. Il ne faut pas ignorer les critiques. Mais j’ai un passé de joueur de plusieurs années. Je ne suis pas un novice dans ce milieu. Il faut bien une première fois… Je ne sais pas si j’ai convaincu tout le monde. Mais je veux faire tout mon possible pour aider les joueurs à réaliser ce projet. J’engage ma crédibilité à chaque instant. On a montré des choses intéressantes, notamment au Sénégal (2-0, le 12 octobre) lors du match retour qualificatif pour la CAN 2013, dans un contexte très particulier.