L’ambiance Du profit au …profit

L’ambiance Du profit au …profit
lambiance-du-profit-au-profit.jpg

Quatre saisons en l’espace de trente jours de ramadhan. De la frénésie des marchés, bouchers, pâtissiers et boulangers, on rétrograde la vitesse, le temps d’alléger le couffin et d’aérer la table.

A la deuxième quinzaine, on se plaint de la chaleur et du manque de sommeil avant d’accélérer le pas vers les vitrines, exigences des enfants obligent. Le rush finit par un…sprint. Le mercure et la mercuriale ne baissent pas la garde mais ne « s’attaquent » pas. « Ils » sont là en chien de faïence à attirer les proies de toujours, les corps qui mangent et qui s’habillent. Cette année, encore, les salaires sont versés à l’avance avant le carême, l’Aïd et la rentrée des classes.



La paie « normale » reprendra entre le 22 et le 26…octobre. Que de calculs ! Les files humaines s’en vont et s’en viennent dans une ville devenue exiguë. Entre le jeûneur et le jureur, le pas n’est pas difficile à franchir. Parfois sans sortir du langage hagiographique. Une « prouesse » de l’hypocrisie. Les marchés sont désertés pour les vitrines où les faux soldes sans culture ni pratique happent les passants séduits par les jeux de…lumière. C’est le temps des opportunités.

Les légumes et les fruits de saison (pomme de terre, tomate, salade, poivron, piment, courgette, pastèque, melon, bouchbika, pêche) ne flambent pas. Ils sont à la température des cendres. Les marchands ne s’approvisionnent plus. « Faut faire le marché de gros tous les matins. La chaleur altère la fraîcheur des produits… ». Pour eux, la période du repos « technique » a sonné. Mais pour rentabiliser leurs étals et carrés, ils les louent entre 15.000 et 25.000 DA, les dix derniers jours de ramadhan, pour les trabendistes multi-ventes.

LG Algérie

Les étals sont inondés de baskets, pulls, pantacourts, survêtements, maillots aux sigles des grands clubs européens, chaussettes, casquettes… robes, liquettes, pantalons, fuseaux, collants. L’achalandage à divers prix force la drague des passants, les jeunes et les mamans. Tout est marchandable, surtout après le f’tour quand les rues d’Alger sont prises d’assaut par les familles au complet que même la fumée des trottoirs-merguez n’indispose pas. Aucun contrôle ne s’opère de nuit. La journée, même en début de ramadhan et pour tous les produits et squat des places par l’informel, les agents de contrôle des prix sont, souvent, stoppés par les autorisations que leur exhibent, à la limite du narquois, les vendeurs qui ont repris leurs « territoires ». « Les ré-autorisations sont dûment signées par l’APC ».

Pas la peine de tenter une enquête ou un reportage. La nature algéroise a horreur du vide. Et l’habitude vient à bout du jeu « du chat et la souris » et décourage même la police. Mais qui interdit et qui lève l’interdiction ? Un trabendiste, certainement « branché » FFS, lance : « Il est interdit d’interdire. J’ai un ingéniorat en chimie et je chôme depuis trois ans. Qui veut m’acheter mon diplôme ? » Les bousculades, accrochages, la criée rythment l’ambiance qu’exploitent les pickpockets où l’on remarque la présence complice de filles servant de guides et « d’ouvreuses » de brèches.

« Ma fille s’est fait subtiliser son trousseau pour l’Aïd », se lamente une maman en sermonnant la pauvre petite en pleurs. L’anarchie règne dans tous ses sens. Ici, le pléonasme n’est pas tautologie. Dieu, que les rixes féminines sont chaudes et variées. Les prix aussi. Ouf ! Saha aïdkoum.

M. H.