En visite de trois jours en Algérie, François Zimmeray s’est ouvert à la presse mercredi en fin d’après-midi. Sauf concéder que «les lois d’amnistie ne résistent pas au temps», il s’est retenu d’émettre un avis tranché relativement à la situation des droits de l’Homme en Algérie.
Œil de la France dans le monde sur les questions des droits de l’Homme, François Zimmeray, arrivé en Algérie à un moment de vive polémique autour de la dépouille du tueur de Toulouse, Mohamed Merah, et au moment où les instruments de torture utilisés par Fernand Meissonnier, sinistre bourreau de la France coloniale, sont proposés à l’enchère publique, a joué d’extrême prudence. Mais il a semblé sensible aux remarques de ses interlocuteurs du jour parmi les familles des victimes du terrorisme et de disparus. Aussi a-t-il émis son appréciation sur la réconciliation nationale, même si pour cela il a dû éviter l’affirmation crue et raisonner par la comparaison avec ce qui s’était passé en Amérique latine. «Les lois d’amnistie ne résistent pas au temps», a-t-il soutenu, précisant que «ce sont les victimes qui doivent pardonner et non des responsables politiques à leur place». François Zimmeray s’est dit, par ailleurs, préoccupé par certaines lois votées dans le cadre des réformes politiques, notamment la loi sur les associations. S’agissant de la vente aux enchères des instruments de torture du sinistre Fernand Meissonnier, l’ambassadeur français des droits de l’Homme a souligné que «c’est une histoire de très mauvais goût», ajoutant : «J’ai appris cela en arrivant ici. Mais je n’ai pas envie qu’un sujet aussi grave que l’avenir de l’Algérie, qui passe par la liberté, soit pollué par ce genre de polémique. Je trouve cela un peu obscène.» La question avait visiblement plus embarrassé les responsables de l’ambassade de France à Alger, dont l’un est intervenu pour expliquer que lesdits instruments appartiennent à la collection personnelle de Meissonnier et qu’ils n’ont pas servi en Algérie. Interrogé sur la question de la repentance de la France de ses crimes coloniaux en Algérie, François Zimmeray a rétorqué que «la question n’est pas pertinente pour les droits de l’Homme» et qu’elle «peut l’être pour les politiques». Et sur la question des Algériens convertis au christianisme, il dira : «Ça ne doit pas être facile d’être algérien chrétien tous les jours.»
S. A. I.