La crise malienne pourrait mettre en situation d’instabilité et d’insécurité tout l’arc sahélo-saharien.
«Si le Mali avait mis en oeuvre les recommandations des Accords d’Alger, signés en 1996 entre les représentants des autorités de Bamako et des Touareg, son intégrité territoriale n’aurait jamais été menacée par un mouvement indépendantiste au nord», a affirmé l’ambassadeur du Mali à Alger, Boubacar Karamoko Coulibaly, dans une interview accordée au quotidien arabophone El-Fadjr.
Ainsi, il a expliqué qu’aujourd’hui avec la crise malienne, c’est tout l’arc sahélo-saharien qui se met en situation d’instabilité et d’insécurité. C’est un fait, explique-t-il, qui peut provoquer une sorte de contagion dans la région. Selon lui, la région sahélo-saharienne constitue, depuis ces dernières années, l’une des zones les plus vulnérables de la planète pouvant conduire à une situation des plus catastrophiques. Ainsi, l’on observe, dit-il, des conflits armés (diverses katibas d’Aqmi, groupes islamistes radicaux, rébellion du Mouvement indépendantiste des Touareg du Mnla), prise d’otages en conjonction avec les trafics de toute nature (drogues, automobiles, prises d’otages, armes). En plus de tous ces fléaux s’ajoute, soutient M.Boubacar Karamoko Coulibaly, la chute du régime de Mouamar El Gueddafi, qui a mis le feu aux poudres par le retour des migrants et de mercenaires disposant d’armes lourdes, en quantité et en qualité. C’est dire que le volcan sahélien est désormais en phase d’éruption, une éruption mise en activité par l’attaque de l’Otan contre l’ex-régime de Mouamar El Gueddafi. En outre, aujourd’hui, les pays du champ sahélien paient les conséquences de la guerre de Nicolas Sarkozy contre El Gueddafi, une guerre qui risque de plonger le Sahel dans le syndrome afghan. Abordant le cas d’une éventuelle intervention militaire étrangère au Mali, l’ambassadeur est catégorique:«Le Mali refusera toutes formes d’ingérence étrangère. D’autant plus que le Mali a fait savoir son refus d’ingérence à ses partenaires.» Et pour ce qui est des engagements et des accords signés par le Mali avec les pays du Sahel, en l’occurrence l’Algérie, la Mauritanie, le Niger, il indiqua que le Mali respectera tous ses engagements avec ses partenaires régionaux, notamment les accords de coopération avec les pays du champ contre le terrorisme, dans le cadre du Cémoc (Comité d’état-major opérationnel conjoint). S’agissant de la lutte antiterroriste, le représentant diplomatique malien à Alger a soutenu que son pays a toujours lutté contre les groupes terroristes d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et il le fera encore. Plus explicite, il souligne que son pays mènera sa guerre même contre Aqmi. A ce sujet, l’ambassadeur malien n’exclut pas l’idée que son pays fasse appel dans sa lutte contre les groupes terroristes et du crime organisé aux pays du Cémoc, avec qui il entretient des relation en la matière.
Néanmoins, il estime qu’aujourd’hui la priorité, pour les Maliens, est de réhabiliter la paix et la stabilité, avant de passer au traitement de la question de la rébellion et de la lutte contre le terrorisme et les fléaux qui vont avec. Interrogé sur l’avenir du Mali, actuellement plongé dans une crise multidimensionnelle, M.Boubacar Karamoko Coulibaly précise que les solutions militaires sont toujours vouées à l’échec si elles ne s’attaquent pas aux causes profondes des conflits armés. Selon lui, le Mali optera d’abord pour la voie du dialogue, avant de faire appel à ses forces armées. S’agissant du personnel diplomatique algérien enlevé par les groupes terroristes, il indique enfin que les représentants de la mission consulaire algérienne ont été enlevés par des groupes terroristes souhaitant «rançonner» l’Algérie contre la libération de ces derniers.