L’ambassadeur du Burkina Faso aux investisseurs algériens : «Les portes de mon pays vous sont ouvertes»

L’ambassadeur du Burkina Faso aux investisseurs algériens : «Les portes de mon pays vous sont ouvertes»

Quel est le volume des échanges économiques et commerciaux entre l’Algérie et le Burkina Faso (20 millions d’habitants et à 4 500 km) ? Réponse franche et directe de l’ambassadeur Djindjire Dominique : autant dire qu’il est à un niveau zéro !

Et d’ailleurs au tableau des partenaires à l’export et à l’import des biens, l’Algérie brille par son absence où la lointaine Suisse comptabilise 999,9 milliards de FCFA, le Japon 16,7 milliards FCFA et le Mali 17,7 milliards FCFA. Et c’est pour pallier ce vide que les parties algériennes et burkinabè ont organisé hier, à Dar El Djazaïr-Safex, une journée d’information sur les opportunités d’affaires et de partenariat.

Une initiative de la Caci (Chambre algérienne de commerce et d’industrie) en charge de l’accompagnement des entrepreneurs algériens venus en nombre participer à cette journée, ils n’étaient pas loin de 150. Après la présentation d’une monographie générale par le conseiller économique burkinabé de l’ambassade visant à mettre en exergue les opportunités d’investissement dans les divers secteurs de l’économie de son pays, Djindjire Dominique interviendra pour expliquer que ce type d’initiatives s’inscrit dans le cadre de l’intégration économique et d’échange intra-africains dans un partenariat gagnant-gagnant tel que préconisé par l’Union africaine (UA). Il ne manquera pas d’exprimer sa vive satisfaction devant la présence massive des opérateurs algériens.

«Les portes de mon pays vous sont largement ouvertes et vous êtes les bienvenus». Il déclarera à l’occasion qu’une importante rencontre aura lieu très bientôt à Ouagadougou entre les entrepreneurs des deux pays.

Bendjaber Brahim, P-dg du Comptoir commercial Cirta témoignera, en termes fleuris, de l’expérience des entreprises algériennes présentes sur le territoire burkinabé. Il anticipera les questions des invités quant aux moyens, délais, modalités et coûts de l’acheminement des produits algériens au Burkina, par fret Air Algérie (90 DA /kg) dont les prix ne seraient pas élevés et surtout flexibles et négociables.

Par mer aussi à travers les ports d’Abidjan, (Côte d’Ivoire), de Cotonou (Bénin), de Lomé (Togo) et enfin le Tema du Ghana, important centre logistique de l’Afrique de l’Ouest comme le relèvera un entrepreneur déjà en activité au Burkina. Il fera part brièvement de son expérience avec beaucoup d’émotion insistant sur l’accueil et la sympathie dont font montre les burkinabés devant une assistance qui buvait presque ses paroles. Pour le reste, tout le monde est d’accord que les Etats ont leur part de responsabilité dans l’allègement des tarifs douaniers et la simplification des procédures administratives.

Le conseiller économique de l’ambassade du Burkina insistera dans son exposé, par ailleurs, sur les réformes mises en place dans son pays pour favoriser un climat d’affaires attractif pour tout investisseur étranger notamment les Algériens dont c’est le sujet du jour. Bien sûr, les entraves liées aux relations interbancaires qui voient les transferts alourdis par le temps, soit deux semaines au moins, casse-tête à régler dit-on au niveau des institutions financières des deux pays.

Le représentant de Trust Bank rebondira sur le sujet estimant que celle-ci enregistre déjà 20 millions d’euros de demandes d’exportation vers le Burkina, signifiant par-là, les potentialités existantes. L’ambassadeur expliquera que malgré les spéculations actuelles sur la fiabilité contestée du Franc CFA, (tendance de l’Afrique de l’ouest vers une monnaie unique), cette monnaie arrimée à l’euro et au dollar, reste une monnaie sûre et stable.

Le diplomate insistera sur l’importance de la Cedeao, espace économique et social en pointe dans la sous-région qui permet la libre circulation des biens et des personnes entre les pays qui en font partie. Pour certains décideurs et opérateurs qui sont partis sur une fausse idée de la relation économique Algérie-Burkina Faso, à savoir l’exportation de produits «made in» Algeria qui s’était limitée à un moment donné aux biberons et tétines (aux normes internationales prouvées) selon Bendjaber, cette journée à Dar El Djazaïr-Safex aura démontré deux faits majeurs, les burkinabé n’ont pas dans leurs projets seulement l’importation de produits manufacturés mais de voir nos entrepreneurs investir sur place, c’est-à-dire ouvrir des sociétés quel que soit le secteur d’activité dans un pays il est vrai à 80 % à vocation agricole.

D’autre part, l’on aura noté le vif intérêt de nos entrepreneurs à se lancer dans l’aventure. Une belle cagnotte est à séduire en effet, le gouvernement burkinabé a réuni la coquette somme de 5.5 milliards d’euros pour les routes, les casernes, l’habillement militaire, le matériel de vision nocturne, etc.

Un opérateur algérien installé est à la tête d’une usine de tomates qui emploie, selon, ses dires, 5 000 personnes. Emporté dans son enthousiasme, il lance à une assistance brusquement tirée de son écoute des diplomates burkinabé, «Venez à Ouaga, achetez un véhicule 4X4, ne restez pas à l’hôtel et foncez, il y a beaucoup à gagner».

Mécanique, céramique, société de gardiennage et sécurité, information, autant de profils d’investissement dont les représentants – dans le débat – ont exprimé leurs vifs intérêts d’être des pionniers algériens dans le développement économique du pays du défunt Thomas Sankara, grand ami de l’Algérie. C’est la réponse du berger à la bergère, avec de la malice dans le propos, l’ambassadeur leur lancera une boutade au risque dit-il de provoquer un incident diplomatique : ne vous laissez pas doubler par un certain pays (suivez son regard) !

Nous apprenons, par ailleurs, que le traditionnel festival de cinéma de Ouagadougou se tiendra incessamment, la délégation algérienne sera menée par Ahmed Bedjaoui qui n’est plus à présenter.

Brahim Taouchichet