Dans cet entretien accordé à L’Expression, Son Excellence l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, qui vient d’effectuer un court déplacement à Constantine, s’est plié avec beaucoup de bienveillance devant notre insistance à connaître le point de vue de son pays concernant plusieurs questions brûlantes de l’actualité. Invité à évoquer la politique sécuritaire de son pays ainsi que les perspectives de coopération dans ce domaine, entre les USA et l’Algérie, Henry S. Ensher a tenu à aborder tous ces sujets avec une franchise déconcertante. On annonce déjà son retour dans la ville des Ponts, dans un mois, pour participer à une conférence qui sera animée par le professeur Megharbi Nacer-Eddine à l’université de Constantine et qui portera sur la politique étrangère des USA.
L’Expression: Vous aviez déclaré que l’Algérie a été l’une des premières nations à présenter ses condoléances au peuple américain après l’attentat du 11 septembre. Que signifie pour vous cette déclaration?
Henry S. Ensher: Cette déclaration est très sincère et je répète que l’Algérie, qui a longtemps souffert du terrorisme, notamment durant les années 1990, a été l’un des principaux et premiers Etats qui ont soutenu les USA après le 11 septembre. Nos relations ne cessent de progresser depuis, surtout en matière de sécurité. Je salue l’attitude de l’Algérie qui ne s’est pas précipitée dans des jugements du genre «vous avez vu, on vous a bien avertis». Le 11 septembre, qui a été un éveil pour nous, a été un facteur pour les USA de prendre conscience de l’ampleur de la menace terroriste dans le monde. L’Algérie a affiché un comportement responsable, marqué par deux visites du Président Abdelaziz Bouteflika.
L’Algérie et les USA sont convenus de renforcer leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme et il est question que l’Algérie puisse acquérir des équipements technologiques militaires. Où en sont les choses?
Aux Etats-Unis, il existe une loi connue sous l’appellation Anduze Monitotoring sur le bon usage des armes. Les USA doivent s’assurer que l’acquisition des armes ne va pas servir à un autre objectif que celui convenu entre les deux parties. Cette loi est appliquée pour tout le monde. Je ne peux pas tout dire pour le moment que les USA ont convenu de vendre des armes et des équipements technologiques à l’Algérie, mais les procédures sont en très bonne voie.
La crise en Libye a donné de l’ampleur au trafic d’armes. Comment contourner ce phénomène?
Il y a une grande quantité d’armes qui circulent et nous ne savons pas exactement où. Pour contrôler la situation, les pays de la sous-région sont appelés à renforcer leurs efforts et à coordonner leurs stratégies pour lutter contre cette prolifération. L’Algérie, et c’est ce que nous souhaitons, est en mesure de jouer un rôle pivot dans la région et elle est capable d’en être le leader pour lutter contre ce phénomène et contre les réseaux terroristes. Elle a toutes ses chances surtout avec l’expérience qu’elle a acquise dans ce domaine.
Puisqu’on en vient à l’expérience, est-ce que l’Algérie vous a apporté un plus?
Les deux pays ont su tirer profit de l’expérience de chacun et il est vrai que nous avons beaucoup appris de l’Algérie dans ce domaine. L’Algérie jouit d’une très bonne expérience dans la lutte antiterroriste et on le lui reconnaît. Dans différentes occasions, on a pu et avec satisfaction apprendre l’un de l’autre.
Des événements secouent actuellement le Monde arabe, notamment en Syrie. Quel est votre avis à ce sujet?
La position officielle des Etats-Unis atteste que le régime en place ne parviendra pas à contrôler la situation et que le président Bachar Al Assad n’est plus en mesure d’assurer le poste de chef d’Etat. Son départ serait une solution pour la crise, du fait qu’il a perdu sa légitimité. Mais il y a d’autres paramètres à prendre en compte dans ce sens: d’abord la Syrie doit accepter le protocole de la Ligue arabe, en permettant à des observateurs de venir faire un constat sur place, l’opposition doit s’organiser pour permettre de mettre fin aux violences. Je pense que les solutions existent.
Comment trouvez-vous Constantine?
Constantine est une très belle ville, elle est magique et offre beaucoup de paysages naturels, je suis content d’y être venu. J’ai été à l’Institut biotechnologique à la Nouvelle ville, où deux Américains y exercent. Notre présence ici se veut comme un signe de soutien aux institutions éducatives et scientifiques, notamment en ce qui concerne le programme Access. On souhaite renforcer les échanges dans ce domaine.