L’ambassadeur des Etats-Unis à propos de l’investissement en Algérie, « Vos lois n’arrangent pas nos entreprises »

L’ambassadeur des Etats-Unis à propos de l’investissement en Algérie, « Vos lois n’arrangent pas nos entreprises »

Henry S. Ensher

Il a souhaité que la prochaine élection présidentielle soit «juste, libre et reflète les aspirations du peuple algérien».



L’ambassadeur américain Henry S. Ensher torpille la règle des 51/49% qui conditionne les investissements étrangers en Algérie. Interrogé sur les obstacles que rencontrent les entreprises américaines en Algérie, l’ambassadeur a eu le mérite d’être franc, une denrée rare en diplomatie. «Les compagnies américaines préfèrent investir là où elles ont 100% du capital, en Algérie, elles trouvent que la politique des 51-49% n’est pas très avantageuse.

Elles espèrent que cette loi change à l’avenir» a déclaré M.Ensher, hier où il s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée au siège de son ambassade à Alger. «Ces entreprises espèrent aussi pouvoir transférer une certaines somme de leur argent de même que des facilités sur certaines transactions», a ajouté l’ambassadeur soulignant que «le succès de l’Algérie est lié au choix de sa politique économique, à une transparence des lois qui doivent être claires et appliquées pour tout le monde». M.Ensher vient ainsi de joindre sa voix à celles de plusieurs investisseurs privés algériens qui se disent, eux aussi, très indisposés par cette loi qui régit l’investissement dans notre pays.

Ces investisseurs estiment quil est nécessaire de revoir cette règle pour que le marché algérien soit davantage attractif. Ils ont même suggéré de garder cette règle pour les entreprises stratégiques comme les hydrocarbures et de la revoir et l’alléger dans les autres secteurs d’activité. Instaurée par la loi de finances complémentaire de 2009, la règle des 51/49% fixe la part de participation d’un investisseur étranger dans une société de droit algérien à 49%. Pur hasard des choses, les propos de l’ambassadeur des Etats-Unis interviennent 24 heures après la déclaration faite par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Paris en soulignant que l’Algérie allait maintenir la règle des 51/49% pour tout investissement étranger, même si cette option a valu au pays des critiques de toutes parts. «Nous maintiendrons le principe des 51/49%. Nous ne pouvons pas faire autrement pour le moment et nous ne pouvons pas vendre le pays», a expliqué le Premier ministre devant une salle de l’Académie diplomatique internationale qui a réuni des membres de la communauté algérienne établie en France. Toujours dans le cadre de l’environnement des investissements en Algérie, le conférencier a révélé qu’il est à 100% disponible pour la création d’une université américaine en Algérie, mais que «pour le moment, aucune institution locale ne s’est manifestée pour assurer le fonctionnement de cette institution». Cette franchise de M.Ensher s’est arrêtée à ce niveau, car pour les autres sujets, il a remis son chapeau de diplomate pur et dur. Ainsi, point de réponse quand il a été interrogé si les Etats-Unis allaient extrader l’ancien ministre algérien de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil. Point de réponse quand les journalsites ont voulu savoir si M.Khelil avait ou non la nationalité américaine.

La même réplique quand il s’est agi de savoir si le gouvernement américain enquête sur les contrats contractés par les entreprises américaines dans le domaine des hydrocarbures en Algérie. «Selon la loi américaine, nous ne faisons aucun commentaire sur des enquêtes qui sont en cours», répond l’ambassadeur, soulignant par ailleurs, que dans le domaine des hydrocarbures «nous sommes très au courant de ce qui ce passe».

La même réserve a été exprimée par l’ambassadeur sur tous les sujets qu’il considère relevant de la politique interne de l’Algérie, comme l’élection présidentielle d’avril prochain. «Nous sommes prêts à travailler avec toute personne ou gouvernement algérien qui sera démocratiquement élu», a-t-il dit tout en exprimant son souhait «que la prochaine élection présidentielle soit juste, libre et qu’elle reflète les aspirations du peuple algérien».

Au sujet du report de la réunion sur le dialogue stratégique, M.Ensher a indiqué que les discussions entre les deux gouvernements sont en cours en vue de convenir d’une date pour la venue du secrétaire d’Etat américain à Alger. Au plan sécuritaire, l’ambassadeur a affirmé que la stabilité de l’Algérie est primordiale pour les Etats-Unis, non sans avoir salué le soutien apporté par l’Algérie à ses voisins pour assurer la paix et la sécurité dans la région. «Nous soutenons tous les efforts consentis en matière de sécurité et nous voulons que l’Algérie et ses pays voisins travaillent ensemble pour faire face aux différentes menaces», notamment le terrorisme et le crime organisé, a-t-il souligné. Il a tenu, en outre, à rendre hommage aux autorités algériennes pour les efforts consentis en vue d’assurer la sécurité des ressortissants américains établis en Algérie.