La stratégie palestinienne à l’ONU consiste à mettre au pied du mur notamment les états européens qui, eux, avaient accepté l’Etat de Palestine à l’Unesco, passant outre l’avis des Américains, selon l’ambassadeur de Palestine en Algérie.
C’est par la récitation d’El-Fatiha qu’a débuté hier la conférence de presse de l’ambassadeur palestinien à Alger, Hussein Abdelkhalek, au Forum du quotidien El-Moudjahid. Dès lors, le recueillement à la mémoire des victimes tombées à la suite de l’agression israélienne contre la bande de Gaza donnera la mesure de la gravité de la situation. En faisant un subtil jeu de mots en arabe, M. Hussein a d’emblée assimilé les “roquettes” lancées par les Palestiniens de Gaza à des “cris” de douleur destinés à alerter l’opinion internationale. M. Hussein s’est félicité des positions de l’Algérie qui n’ont jamais varié en ce qui concerne les causes justes. La question palestinienne ayant toujours fait l’objet ici d’un intérêt particulier.
L’invité d’El-Moudjahid ne manquera pas de saluer, en outre, les gestes de solidarité et les efforts arabes : “Nous avons besoin non seulement d’une aide politique et matérielle mais aussi morale.” Pour M. Hussein, la visite du Premier ministre égyptien, Hicham Kandil, dans l’enclave de Gaza a permis de remonter le moral à la population. Il révélera à l’assistance que la délégation de la Ligue arabe devait arriver à son tour au moment même où il s’exprimait. Interrogé en revanche sur la “passivité sinon la complaisance de certains pays arabes” qui s’accommoderaient, pour des raisons obscures, de l’agression israélienne, M. Hussein s’est borné à répondre : “Je ne suis pas un analyste politique pour porter de telles appréciations.” S’agissant en l’occurrence de l’opportunité pour la “nouvelle Égypte” de dénoncer les accords de Camp David, le diplomate s’est également réfugié derrière son statut. Insistant sur les démarches entreprises pour la reconnaissance de l’État de Palestine par l’ONU, M. Hussein a réitéré la volonté du président Mahmoud Abbas de se présenter à l’Assemblée générale le 29 novembre pour soumettre au vote la demande palestinienne. Il s’agit, dans le cas d’espèce, d’obliger en quelque sorte chaque État à se déterminer. Bien sûr, l’ambassadeur palestinien ne se fait pas d’illusions sur l’attitude américaine qui, d’après lui, a toujours empêché un règlement de la question palestinienne. Pour lui, il est temps de mettre fin au “double jeu” des Américains qui doivent, désormais, mettre en adéquation leur position avec leur discours qui prône la démocratie, la liberté et les droits de l’homme. À en croire M. Hussein, la stratégie palestinienne à l’ONU consiste à mettre au pied du mur notamment les Etats européens qui, eux, avaient accepté l’État de Palestine à l’Unesco, passant outre à l’avis des Américains. Il s’agit également d’obliger l’Oncle Sam à dégainer son veto une fois encore pour protéger les intérêts israéliens. La nouveauté est que, cette fois, l’opinion mondiale serait largement prise à témoin. À la fin de sa conférence, M. Hussein a révélé que le corps du défunt président Yasser Arafat sera exhumé la semaine prochaine pour effectuer une autopsie et vérifier la présence de polonium, une substance radioactive hautement toxique. Pour lui, il n’y a aucun doute, le leader palestinien (qui a longtemps été confiné dans un espace réduit) a bel et bien été empoisonné par Israël, un poison mortel.