L’ambassadeur de l’Etat Palestine au Forum d’El Moudjahid

L’ambassadeur de l’Etat Palestine au Forum d’El Moudjahid
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La bataille diplomatique gagnée

Le 23 septembre symbolisera à jamais la grande bataille diplomatique menée par le président de l’Autorité palestinienne pour permettre à son pays d’arracher un siège au sein de l’Onu et devenir ainsi le 194e Etat membre de l’instance onusienne. La demande d’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU sur la base des frontières du 4 juin 1967 avec Al-Qods Al-Sharif comme capitale restera aussi pour le peuple palestinien un jour de gloire et d’espoir. C’est l’intime conviction de Hussein Abdelkhaleq, ambassadeur de l’Etat de Palestine invité, hier, au Forum d’El Moudjahid. Le diplomate qui a préféré parler en tant que simple citoyen palestinien estime que le peuple palestinien a fait trop de concessions et qu’il est grand temps pour la paix d’écrire la préface de l’entrée de l’Etat palestinien à l’Onu. M. Abdelkhaleq ne partage pas le point de vue de ceux qui estiment que la partie est perdue d’avance vu que les Etats-Unis ont annoncé la couleur et n’ont pas caché leur intention d’user du droit de veto pour bloquer cette initiative historique. Une initiative qui en fait a permis de faire tomber le masque de l’Oncle Sam qui a habitué les Palestiniens à entendre deux discours. D’aucuns se demandent pourquoi les Palestiniens veulent entrer à l’ONU par la grande porte. La réponse est très simple : elle permettra aux Palestiniens d’entamer des pourparlers avec les Israéliens d’égal à égal et de porter devant le monde la politique de colonies de peuplement d’Israël qui demeure la principale cause de l’échec du processus de paix. En effet, le processus de paix n’a fait aucun progrès depuis des années, il a même reculé avec le retour de Benjamin Netanyahu au pouvoir en Israël, vu que celui-ci a permis le redémarrage de la colonisation. Il faut dire que les activités de colonisation incarnent le cœur de la politique d’occupation militaire coloniale de la terre du peuple palestinien et de la brutalité de l’agression et de la discrimination raciale contre le peuple palestinien que cette politique comporte, comme l’a si bien souligné le président de l’Autorité palestinienne en remettant la demande d’admission à l’Onu à Ban Ki-moon. Et si beaucoup affichent un certain pessimisme quant à l’issue de cette démarche, il n’en demeure pas moins que d’autres actions vont suivre, dit l’ambassadeur. Le dossier est loin d’être clos. Quant à la position des mouvements islamistes, qui n’ont pas adhéré à cette initiative, le diplomate dit qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on dit. Les Palestiniens dans les territoires occupés qui vivent en harmonie ont applaudi et suivi de près les moments historiques d’une demande à nulle autre pareille, car elle a défié l’Etat hébreux et ses alliés. Et les conséquences sur cette population sont prévisibles, surtout que la démarche palestinienne a suscité une grande mobilisation internationale. Les représailles, il y en aura. Mais c’est compter sans la détermination des Palestiniens qui veulent aller jusqu’au bout de leurs revendications légitimes. Pour le moment, la bataille diplomatique a été gagnée ; mais le chemin reste encore long pour ce peuple en quête de liberté.

Nora Chergui

« Nous sommes l’un des rares pays encore sous occupation coloniale »

LG Algérie

Le forum du journal El Moudjahid a fait salle comble, hier, en accueillant une conférence-débat sur la question palestinienne, animée par M. Hussein Abdelkhaleq, ambassadeur de l’Etat de Palestine à Alger, en présence de nombreuses personnalités nationales, de parlementaires et de représentants du corps diplomatique, arabe et étranger, accrédité à Alger.

Organisée en collaboration avec l’association culturelle et historique Machaâl Echahid, au moment où, à New York, est examinée la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, la rencontre a permis à l’ambassadeur palestinien de prononcer une intéressante communication sur le problème de son pays, à la lumière des derniers changements intervenus sur la scène internationale, notamment le dépôt historique de la demande palestinienne d’adhésion à l’ONU par le président Mahmoud Abbas, vendredi dernier.

Dans ce contexte, l’hôte d’El Moudjahid a donné un bref aperçu historique du problème palestinien, en rappelant les dures épreuves endurées par son peuple depuis 63 ans, sans oublier de souligner au passage l’aide et le soutien apportés par les pays frères et amis à la cause sacrée de la libération de la Palestine, parmi lesquels il a cité l’Algérie.

M. Abdelkhaleq est revenu ensuite sur les événements et dates qui ont marqué l’histoire de ce problème de décolonisation que représente la Palestine, en déplorant les conflits auxquels il a contribué (1967 et 1973) et les milliers de morts, de blessés, de réfugiés qu’il a entraîné, avant d’évoquer les accords d’Oslo, conclus en 1993 entre Israël et l’Autorité palestinienne, et préciser qu’il s’agit en fait d’une « feuille de route » et non d’un réel accord de paix, comme en témoigne d’ailleurs le non-respect par Israël de ses engagements. Pour étayer ses propos, le conférencier a souligné qu’Israël a utilisé ces accords pour gagner du temps, en citant les exemples de la construction de la barrière de séparation, l’implantation de nouvelles colonies de peuplement, la judaïsation d’El- Qods, le massacre de Ghaza et autres objectifs réalisés par l’occupant sioniste durant cette période. L’Intifadha dans les territoires occupés, la sauvage répression israélienne contre le peuple palestinien et l’arrêt en 2010 des négociations de paix menées par le Quartet (UE, Russie, USA et ONU) ont été également cités par l’ambassadeur palestinien, avant d’exprimer la volonté de son pays de demander l’aide internationale pour le recouvrement des droits légitimes de la Palestine, sachant que la communauté internationale a des responsabilités concernant la préservation de la paix et de la sécurité dans le monde. « Nous sommes l’un des rares peuples au monde à souffrir encore de l’occupation coloniale », a clamé M. Abdelkhaleq, avant de souligner particulièrement le devoir de résistance des Palestiniens face à l’ennemi israélien. « Nous ne sommes pas contre les négociations, a-t-il ajouté, mais nous nous demandons où sont nos intérêts, sachant qu’Israël a passé plus de 18 ans à négocier avec les Palestiniens, sans rien céder », pour arriver à la décision prise vendredi dernier par Mahmoud Abbas qui est celle de déposer la candidature de la Palestine à l’ONU, décision saluée par l’ensemble des pays de la Ligue arabe. M. Abdelkhaleq n’a pas caché le fait que les USA sont capables d’opposer leur veto, au Conseil de sécurité, mais il a tenu à renouveler son espoir de croire au soutien de la communauté internationale, en expliquant notamment que la solution des négociations, préconisée par les USA n’est pas productive, sachant que les Israéliens n’accepteraient jamais les conditions palestiniennes, parmi lesquels le gel de la colonisation. Il a évoqué les scénarios éventuels de cette adhésion à l’Onu, le quorum nécessaire au Conseil de sécurité (9 voix favorables, sans utilisation d’un veto) avant d’ouvrir un débat franc et direct avec l’assistance présente, débat qui lui a permis de réaffirmer encore que la candidature de la Palestine à l’ONU est une revendication de tout le peuple palestinien. MM. Chiheb Seddik et Abdelhamid Si Afif, respectivement vice-président de l’APN et président de la Commission des affaires étrangères au sein de l’APN, ont ensuite pris la parole, qui pour féliciter les responsables palestiniens d’avoir pris cette décision historique, qui pour estimer que Mahmoud Abbas a réussi un bon coup à travers l’internationalisation du problème palestinien. M. Si Afif, qui revenait de New York où il a représenté le parlement algérien à l’ONU, a qualifié cette décision palestinienne de « bond qualitatif » fait par la cause palestinienne.

Mourad A.

Palestine : L’éternel recommencement ?

Le combat pathétique de feu Arafat pour la reconnaissance de l’Etat palestinien est de ceux qui restent gravés dans la mémoire collective. Et notamment comme de juste celle des Arabes dignes du nom et des moins dignes qui ont tourné casaque et veste en même temps. Parfois même pour des pacotilles sinon quelque subside qu’on leur faisait miroiter, histoire d’acheter leur conscience à bon marché. Un marché de dupes s’entend puisque arrangé sur le dos des Arabes malgré ici et là des déclarations d’intention qui ne dépassaient guère la seule intention. Qui a dit alors que l’intention vaut l’action ? En tout cas pas le défunt et prestigieux président de l’OLP qui n’a eu de cesse, et souvent contre vents et marées au regard du tout puissant lobby sioniste couvé et adoubé par l’Oncle Sam, de se dévouer corps et âme à une cause si sacrée pour lui et certains de ses compagnons qu’il ira jusqu’au bout de ses convictions, autrement dit le sacrifice suprême. Depuis, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts, et la cause palestinienne aura connu des hauts et des bas mais, en vérité, plus de bas que de hauts… D’aucuns d’ailleurs parmi d’éminents spécialistes du monde arabe n’avaient pas hésité alors à prédire de sombres présages pendant que les fameux gardiens du temple attendaient patiemment leur heure pour achever une organisation palestinienne qui venait assurément de subir une véritable onde de choc. Salutaire peut-être pour les uns et catastrophique pour beaucoup. Nonobstant tous les effets pervers induits tant intra qu’extra- muros par la division du monde arabe dont se saisissaient ses irréductibles ennemis pour fomenter d’autres complots. Au nez et à la barbe des puissants de ce monde qui usaient et abusaient de leur droit de veto et de résolutions à n’en plus finir… Combien de secrétaires généraux se sont succédé à la tête de l’organisation onusienne sans que le problème palestinien évolue d’un iota ? Mais comme l’espoir fait vivre et que les choses désormais avec la demande en bonne et due forme introduite par la Palestine aux fins on ne peut plus légitimes de droit à un siège, les Arabes sont invités donc à prendre leur mal en patience. Jusqu’à quand ?

A. Zentar

Mahmoud Abbas au journal italien l’Unita

« Obama avait parlé d’un Etat pour la Palestine, nous l’avons cru »

“Le président américain Barack Obama avait parlé d’un Etat pour la Palestine, et nous l’avons cru”, a souligné, hier, au journal italien l’Unita, le président de l’Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas, au lendemain du dépôt de la candidature palestinienne d’adhésion aux Nations unies.

« J’ai voulu représenter les aspirations de mon peuple et notre désir irrépressible de vivre dans un Etat indépendant », a expliqué Mahmoud Abbas, ajoutant qu’il ne se reconnaissait pas « dans l’image du leader inflexible que la droite israélienne a donné de lui ces derniers jours ».

« Le problème, ce n’est pas moi, c’est Netanyahu, le plus dur des dirigeants israéliens avec qui j’ai traité », a-t-il dit, affirmant qu’il était « impossible de négocier avec lui, car ses positions idéologiques le lui interdisent ». A l’accusation de décision unilatérale, Abbas répond au journal italien que « ce sont la colonisation des territoires, la construction du mur et l’oppression de mon peuple qui ont été unilatérales ».

« Nous avons cherché le dialogue, mais pendant que Netanyahu parlait de paix, la colonisation continuait et les appels au moratoire restaient lettre morte », a-t-il déploré, soulignant que « se tourner vers l’ONU n’était pas un droit, mais un devoir ».

« Je suis prêt à rouvrir les négociations sur des bases qui ne peuvent être autres que les frontières de 1967 et l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie », a cependant fait savoir le leader palestinien, concédant que « des modifications négociées sur le principe de réciprocité ne seraient pas exclues ».

En revanche, en cas d’échec, il n’a pas exclu de « demander le statut d’Etat d’observateur, qui permettrait à la Palestine d’avoir accès à certains organismes tels que la Cour pénale internationale, une solution qui ferait l’objet d’un large vote à l’Assemblée générale » des Nations unies.

« Pour que la paix tienne, elle doit être juste et concerner deux Etats égaux. Nous devons rester unis et continuer à manifester pacifiquement », a relevé le leader palestinien « Notre initiative ne menace pas la sécurité d’Israël, mais affirme notre droit à une Palestine indépendante », a-t-il affirmé, estimant que « le printemps palestinien se rapproche, et ce sera un printemps de liberté ».

Le Conseil de sécurité entame l’examen de la candidature

Les 15 pays du Conseil de sécurité de l’ONU, devaient tenir hier des consultations, après le dépôt historique, vendredi dernier par le président Mahmoud Abbas, de la candidature palestinienne d’adhésion aux Nations unies. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni hier à 19 h GMT pour commencer l’examen de la candidature palestinienne d’adhésion à l’ONU. Le vote devrait prendre environ quatre semaines, peut-être plus, selon des diplomates. A la suite du dépôt de la demande palestinienne, le Quartette pour le Proche-Orient (USA, UE, ONU, Russie) a proposé vendredi dernier aux Israéliens et aux Palestiniens de reprendre des pourparlers de paix, au point mort depuis un an, dans le but d’aboutir à un accord final fin 2012. Cette proposition, que doit étudier la direction palestinienne dans les prochains jours, ne mentionne pas explicitement le gel de la colonisation réclamé par la Palestine. Mais le président Mahmoud Abbas a réaffirmé dimanche dernier qu’il ne reprendrait pas les négociations sans « un arrêt complet » de la colonisation israélienne. Depuis l’occupation de la Cisjordanie en 1967, Israël a construit 130 nouvelles colonies où vivent 300.000 personnes, et 200.000 autres Israéliens se sont installés dans la partie orientale d’El Qods. La direction palestinienne espère obtenir au moins neuf voix sur quinze au Conseil, minimum requis pour que leur demande puisse faire l’objet d’une « recommandation » du Conseil à l’Assemblée générale de l’ONU, passage obligé pour que celle-ci se prononce par un vote à son tour. La Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde, le Liban et l’Afrique du Sud ont déjà affiché leur soutien à la requête palestinienne.

Ils ont dit

M. Liu Yuhé, ambassadeur de la RP de Chine :

« Nous soutenons la demande palestinienne d’être membre à part entière de l’ONU »

« La position de la Chine est constante. Nous avons toujours soutenu fermement la cause palestinienne. Nous comprenons et nous soutenons aussi la demande palestinienne d’être membre à part entière de l’ONU. La crise palestinienne dure depuis déjà plus d’un demi-siècle et reste le noyau des problèmes du Moyen-Orient. Mais nous pensons que la seule issue pour arriver à une solution durable et équitable, c’est de se référer aux résolutions de l’ONU. A travers les négociations, on essaye de chercher une solution politique en créant deux Etats, la Palestine et Israël, afin que les deux peuples vivent en paix. Ceci va de l’intérêt des peuples palestinien et israélien, et de la stabilité et la paix régionale et internationale. Nous espérons qu’à travers les négociations, le peuple palestinien pourra avoir son Etat avec pour capitale Jérusalem-Est. »

M. Majdi Mohamed Taha, ambassadeur du Soudan :

« Progresser vers une paix en reconnaissant l’État palestinien indépendant et souverain »

« Nous sommes très heureux d’assister à ce forum qui traite un sujet d’actualité internationale, à savoir l’adhésion de l’Etat de la Palestine à l’ONU en tant que membre à part entière. Malgré tout ce qui se dit sur ce sujet, nous sommes là pour s’écouter et échanger les idées. Cela dit, nous connaissons d’avance les pressions qui existent par endroits afin de freiner ce qui se fait en la matière. Nous sommes là pour appuyer la demande légitime de reconnaissance de l’État palestinien et la réaffirmation des droits de son peuple. Après des décennies d’échec des pourparlers de paix, il est temps d’inverser la tendance, de mettre fin à l’occupation et de progresser vers une paix en reconnaissant l’État palestinien indépendant et souverain. »

5e congrès international de soutien à El-Intifada palestinienne

Il se tiendra le 1er octobre prochain à Téhéran

En marge de la conférence débat qui a eu lieu hier matin au Forum d’El Moudjahid et qui a porté sur l’adhésion de l’Etat palestinien à l’ONU et la mobilisation internationale qui s’en est suivie, le ministre conseiller près l’ambassade de la République islamique d’Iran à Alger, M. Ali Ghomshi, a annoncé que son pays abritera les 1er et 2 octobre prochain à Téhéran le cinquième congrès international de soutien à El-Intifada palestinienne.

« Cette rencontre mondiale qui regroupera un nombre important de pays, ainsi que des représentants d’associations et de partis politiques sera consacrée à la question palestinienne et au soutien à son peuple. »

Propos recueillis par Sara Sofi