L’ambassadeur de la République de Corée, M. Choi Sung-joo a choisi le Centre de presse d’El Moudjahid pour animer une conférence sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.
La communication présentée hier, mérite d’être qualifiée de cours magistral, s’est voulue surtout un plaidoyer sur la notion « de la paix » de l’atome au moment où le sujet suscite un débat à l’échelle planétaire.
Le diplomate maîtrisant parfaitement la langue de Molière a su expliquer en des termes très simples la nécessité d’opter vers cette technologie, vu les avantages qu’elle peut offrir. Et surtout en vue de préparer l’après-pétrole. Cependant tout l’accent doit être mis sur la sécurité des installations pour éviter le pire en cas d’accidents ou de catastrophe. Le conférencier qui a plaidé la cause du nucléaire pacifique a donc vanté les mérites de l’énergie nucléaire, qui émet très peu de CO2, pose le problème du traitement des déchets radioactifs et qui divise le monde en deux parties.
Ceux qui ont le droit de choisir cette option et qui se déclarent membres du club des puissances mondiales, et ceux qui sont aussitôt frappés de suspicion dès qu’ils affichent leur intérêt pour cette industrie que si malheureusement elle venait à tomber entre de mauvaises mains, elle peut causer la perte de l’humanité. Il faut dire que la Corée du Sud veut se placer en pays « exportateur » de cette nouvelle technologie maîtrisée par quelques Etats seulement. Et l’Algérie n’a jamais caché son ambition de promouvoir l’énergie nucléaire à des fins pacifiques notamment pour la recherche scientifique, la production de l’électricité… Après le contrat « gagné » avec les Emirats arabes unis, notre pays constitue un futur client potentiel.
D’autant plus que nos réserves en uranium, quelques 29.000 tonnes peuvent permettre la réalisation de deux réacteurs nucléaires… Et les prétendants se bousculent à la porte. C’est pourquoi M.Choi Sung-joo a annoncé que son pays compte organiser au mois de mars 2012, le 2e Sommet sur la sécurité nucléaire. Et l’Algérie est parmi les pays invités à cette rencontre mondiale ce qui constituera une « occasion pour consolider la coopération internationale contre le terrorisme nucléaire, ainsi que pour promouvoir l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire à travers le renforcement de la sécurité nucléaire, en restaurant la confiance pour le nucléaire ». Selon les propos de l’ambassadeur, les discussions porteront sur la sécurité et la sûreté nucléaires surtout comme il le souligne si bien, une menace terroriste n’est pas à écarter. Et techniquement ce que l’on appelle une « bombe sale » peut être facilement fabriquée. Il suffit pour cela de disposer de quelques éléments radioactifs disponibles dans les hôpitaux (service de radiologie).
Une question de confiance
En dépit des ces risques et tous les risques liés directement ou indirectement à l’utilisation de l’énergie nucléaire, Son Excellence reste convaincu que cette option qui suscite de grandes appréhensions chez les écologistes, pourrait être considérée comme une alternative réaliste, compte tenu, comme dira t-il de la croissance rapide de la demande en énergie future ainsi que la réponse aux changements climatiques. Cependant, le diplomate estime que la dualité de l’énergie nucléaire demande une maîtrise de sa gestion d’une manière transparente et plus sûre. A la question de savoir pourquoi les pays occidentaux émettent des soupçons à l égard de certains pays qui veulent amorcer l’ère du nucléaire, le conférencier dira qu’il faut que les relations soient basées sur la confiance. Et justement cette confiance doit se faire dans un seul sens, selon la vision de l’Occident comme l’a si bien fait remarquer Me Ali Haroun. Dans ce contexte bien précis, il n’existe pas de réciprocité. Et c’est toujours le faible qui doit faire confiance en le plus fort. Me Ali Haroun a également rappelé à l’assistance composée de l’ambassadeur de la République populaire de Chine ainsi que des représentants d’autres chancelleries asiatiques que notre pays a subi les effets des essais nucléaires, et les séquelles s’en ressentent jusqu’à aujourd’hui à Reggane et ses environs.
Acquérir d’abord le savoir
La conférence a été marquée par la présence de deux experts internationaux, spécialistes en énergies renouvelables et dans la non prolifération des armes nucléaires. Ils estiment que l’entrée de l’Algérie dans l’ère nucléaire pour assurer notamment la production de l’électricité doit se faire sûrement mais doucement. Selon M. Tewfik Hasni Expert international en énergies renouvelables, l’Algérie doit d’abord passer par un modèle de consommation énergétique qui déterminera la part de chaque forme d’énergie, avant de faire un choix.
Pour cet expert le nucléaire pourrait avoir sa part tout comme le solaire ou l’éolienne. Seulement, il estime qu’il faut d’abord examiner toutes les alternatives possibles. Cela sous entend évidemment l’évaluation du coût de chaque modèle énergétique par la durabilité et la sécurité et bien d’autres paramètres, « des éléments qui pourront nous guider dans ce mixage énergétique que nous voulons pour demain », a-t-il expliqué. M. Hasni a estimé que l’Algérie doit tempérer ses ambitions pour l’énergie nucléaire qui est « encore assez coûteuse ».
Pour le spécialiste trois problèmes se posent actuellement pour sa concrétisation: celui de la sécurité de l’installation, du lieu de son implantation et de la disponibilité de ressources importantes d’eau. Dans l’attente de développement de nouvelles technologies pour rendre l’énergie nucléaire, plus accessible, « la logique voudrait que nous commencions d’abord par exploiter la ressource la plus durable, qui sera disponible technologiquement et qui sera mise en œuvre plus rapidement, c’est-à-dire, les énergies renouvelables, notamment le solaire ». Il a estimé, néanmoins, que « le nucléaire va à terme se positionner », à condition, a-t-il souligné, que « toutes les contraintes soient levées, particulièrement celles relatives au coût et au savoir ». L’Algérie devrait d’abord commencer par acquérir le savoir nécessaire à l’utilisation de l’énergie nucléaire pour pouvoir réduire le coût d’un programme nucléaire qui reste « très élevé ».
Une option à expérimenter
M. Arslane Chikhaoui, membre du groupe international pour la mise en place d’une zone démunie d’armes à destruction massive au Moyen Orient et en Afrique du Nord partage le même avis que M. Hasni. Pour lui l’Algérie doit prendre un peu de temps pour réfléchir à cette question. « Rien ne presse pour prendre une décision. L’Algérie pourrait faire une expérience et sur le nucléaire et sur les énergies renouvelables, avant de trancher ». Même si la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire serait, à l’heure actuelle, plus coûteuse pour l’Algérie que certaines autres technologies, le nucléaire reste, pour ce spécialiste, une option à expérimenter. Et s’attendre à des réductions de coûts significatives au cours des prochaines décennies à travers une gamme de technologies prometteuses. En conclusion l’on dira que pour le moment, l’énergie nucléaire n’a pas encore livré toutes les vérités scientifiques et constitue l’énergie la plus chère pour faire bouillir l’eau.
Nora Chergui
Ils sont déjà une cinquantaine à partager un hobby pas comme les autres Fans de culture coréenne
Ils sont jeunes et cultivés et se partagent un hobby plutôt insolite : un intérêt particulier pour la culture coréenne. Fans de la musique pop coréenne, ces internautes algérois dont le nombre dépasse la cinquantaine actuellement, sont membres d’un groupe sur le réseau social Facebook, lequel groupe, déjà vieux de trois mois, porte le nom : « Pour que l’ambassade de Corée nous organise des cours en langue coréenne». Hier, ils étaient nombreux à venir à El Moudjahid pour assister à la conférence sur l’énergie nucléaire animée par l’ambassadeur de la République de Corée, une occasion pour eux, d’exprimer à Son Excellence tout l’intérêt qu’ils portent à la culture de ce « dragon » asiatique.« Depuis mon jeune âge, je suis impressionnée par le K-drama (le drama coréen, NDLR). Je suis particulièrement intéressée par la culture de ce pays parce que je trouve que cette société ressemble énormément à la nôtre » témoigne Douniazed et d’ajouter « les Coréens sont simples, conservateurs et très bien éduqués, je trouve. Et puis…, ils sont si mignons », nous lancera-t-elle en toute timidité.
Un autre membre du groupe souhaitera l’ouverture d’un centre culturel coréen pour apprendre la langue de ce pays et partant approfondir les connaissances sur ce pays dans tous les domaines.
S. G.
Ils ont dit
Me Ali Haroun, avocat, ancien membre du Haut comité d’Etat (HCE) :
“L’après-pétrole doit être d’ores et déjà envisagé”
Lors de la rencontre d’aujourd’hui, l’ambassadeur de la République de Corée a donné une conférence magistrale sur l’énergie nucléaire. L’utilisation de cette énergie à des fins pacifiques — cela s’entend – présente cependant, un bémol, à savoir, le coût. A votre avis, quelle alternative voyez-vous pour l’après pétrole ?
Il faut d’abord préciser qu’au cours de la conférence, les participants ont eu à évaluer les possibilités pour l’Algérie d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Le problème a été de comparer les coûts de cette énergie par rapport au coût des hydrocarbures, l’énergie dont dispose notre pays, et par rapport aussi au coût de l’énergie renouvelable. Il est certain que l’après pétrole doit être d’ores et déjà envisagé et qu’il appartient aux pays d’y faire face et il se trouve que l’Algérie dispose des deux énergies renouvelables qui sont l’éolienne et la solaire.
Il est utile de signaler, dans ce sillage, que selon des études faites par des savants allemands, l’Algérie pourrait produire l’énergie solaire aussi bien pour sa propre consommation que pour celle d’une très grande partie de l’Europe.
Quelles seraient les premières initiatives à entreprendre, selon vous ?
Je pense qu’il est impératif de créer dans l’immédiat des instituts de recherches pour l’utilisation et le développement de l’énergie solaire.
Soraya G.
M. Hasni Tewfik , expert international en énergie:
“Pour minimiser le risque potentiel nucléaire, il faut se donner les moyens de contrôle à distance”
L’énergie nucléaire peut s’avérer une arme à double tranchant, selon qu’elle soit utilisée à des fins pacifiques ou militaire. A votre avis, que faut il faire pour minimiser ce risque potentiel nucléaire ?
Au jour d’aujourd’hui, l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est le seul outil qui existe pour contrôler les Etats membres. Outre son utilisation, il faudrait, pour minimiser le risque potentiel nucléaire, se donner les moyens de contrôle à distance. Selon les experts, l’Algérie disposerait de 29.000 tonnes d’uranium.
Trouvez-vous que ces réserves sont suffisantes pour être exploitées ?
A mon avis, du moment qu’on ne peut pas les utiliser, ces réserves deviennent, tout simplement, fictives.
Soraya G.