La déclaration du ministre des Affaires étrangères est un message clair et fort à l’adresse du Royaume marocain.
«Ce sont des déclarations absolument inadmissibles et irresponsables!» C’est un véritable coup de semonce contre Rabat. Il est signé par Ramtane Lamamra. Il est clair. Sans ambages. Ni fioritures.
Le chef de la diplomatie algérienne n’est pas un taiseux. Et il ne tiens pas à fermer les yeux sur les dernières provocations du Maroc. Constat: il n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour qualifier l’attaque médiatique de l’agence officielle de presse marocaine (MAP) d’«irresponsables et d’inadmissible»! Lors d’un point de presse qu’il a animé conjointement avec la ministre des Relations extérieures de la Colombie, Maria Angela Holguin, Lamamra, avec son style à la fois fin et ferme, a tenu à rappeler à l’ordre nos voisins marocains en les invitant encore une fois à la retenue. «Le discours prononcé à Abuja au nom du président de la République par le ministre de la Justice est un rappel de la position bien connue de l’Algérie sur l’exigence du respect des droits de l’homme au Sahara occidental à travers la mise en place d’un mécanisme (international) de suivi et de surveillance», a-t-il clairement expliqué pour démontrer que l’Algérie ne fait pas dans la provocation, mais rappelle son soutien à la cause sahraouie. Dans un discours lu en son nom par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, lundi dernier à Abuja lors de la Conférence africaine de solidarité avec le peuple sahraoui, le Président Bouteflika a jugé «plus que jamais d’actualité la nécessité de mettre en place un mécanisme international de suivi et de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental». Une déclaration qui n’a pas été du goût du Royaume chérifien qui a répliqué par le biais de l’agence marocaine de presse (MAP). «L’Algérie fait une fixation psychorigide contre le Maroc tout en négligeant les impératifs du développement socio-économique du peuple algérien relégués au second plan», a écrit le MAP en accusant l’Algérie de mobiliser toute sa machine diplomatique contre le Maroc. «Ceci (le discours du président de la République) semble avoir suscité une réaction de la part de l’agence de presse officielle du Royaume marocain (MAP). Je continuerai à m’en tenir à la retenue, néanmoins, je dois dire que cet incident ainsi que les déclarations faites par un chef de parti politique marocain ouvertement et outrancièrement expansionnistes, sont absolument inadmissibles et irresponsables», a martelé M.Lamamra en adressant indirectement une mise en garde à nos voisins marocains. Le chef de la diplomatie algérienne a déploré l’attitude adoptée par nos voisins depuis son appel à la retenue. «Le 8 octobre dernier à l’occasion de la Journée de la diplomatie algérienne, j’avais appelé nos frères marocains à la retenue et j’avais indiqué que pour notre part, nous allions observer cette retenue. Depuis lors, malheureusement, nous n’avons pas eu beaucoup de démonstrations de retenue», a-t-il regretté en réitérant encore une fois son appel à la retenue. «Nous espérons qu’une conclusion sera tirée et que ces deux positions inadmissibles et irresponsables seront les dernières du genre que nous entendrons», a souhaité le chef de la diplomatie algérienne. La déclaration du ministre des Affaires étrangères est un message clair et fort à l’adresse du Royaume marocain. Il faut reconnaître que depuis la nomination de Lamamra à la tête des Affaires étrangères, le Maroc cherche la petite bête à l’Algérie. Pourquoi? Pour la simple raison que ce vieux routier de la diplomatie algérienne maîtrise parfaitement le dossier du Sahara occidental ce qui n’arrange pas le Royaume chérifien. Désormais, le Maroc doit mesurer ses mots et comprendre qu’il a affaire à un pays fort qui ne tolérera plus ses agissements. L’Algérie ne se laissera pas faire dans ce dossier. Par ailleurs, l’Algérie et la Colombie ont signé, hier à Alger, plusieurs mémorandums et un accord visant à renforcer leur coopération bilatérale.
Il s’agit d’un mémorandum relatif à la promotion de la coopération dans le domaine du commerce extérieur entre Algex (Algérie) et Pro-Export (Colombie), d’un mémorandum d’entente en matière de coopération technique, un autre pour l’établissement d’un mécanisme de consultation bilatérale entre les deux ministères des Affaires étrangères et aussi un mémorandum entre l’Institut diplomatique des relations internationales relevant du ministère des Affaires étrangères et l’Académie diplomatique colombienne. Les deux pays ont, par ailleurs, signé un accord de suppression de visas au profit de détenteurs de passeports diplomatiques et de services. Lors de son intervention, l’hôte de Lamamra, Mme Maria Angela Holguin, a exprimé l’intérêt que porte son pays à la coopération avec l’Algérie. «Nous avons beaucoup de choses à développer en commun», a-t-elle affirmé, tout en saluant l’expérience de la Réconciliation nationale.