Un forum sur les menaces transnationales dans la région de l’Afrique du Nord se tient depuis hier et ce jusqu’à jeudi à Alger. Objectif de cette rencontre: analyser les menaces sécuritaires dans cette région et leurs causes politiques, économiques et sociales.
A cette occasion, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a précisé dans une allocution lue en son nom lors de l’ouverture des travaux par le directeur général Amériques au ministère des Affaires étrangères, Ahcene Boukhelfa, que «ce qui est communément appelé le (printemps arabe) a permis aux groupes terroristes locaux d’accroître leur influence idéologique et leur force matérielle, aggravant l’ampleur des défis à relever» ajoutant «la relocalisation des réseaux d’Al Qaîda en Afrique et l’extension des activités de Boko Haram jusqu’en Afrique centrale nous interpellent à propos de la vulnérabilité des Etats subsahariens, d’où l’urgence de l’évaluation réelle de la menace et d’une prise en charge effective et soutenue des besoins des Etats et des populations de la région».
Organisé par le Centre américain des études stratégiques pour le Proche-Orient et la région de l’Asie du Sud (Near East South Asia Center for Strategic Studies, Nesa) en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères (MAE), le forum tend à constituer un cadre de réflexion sur les moyens d’endiguer ces menaces. Ayant déjà fait l’objet de mise en garde de la part de l’Algérie, M.Lamamra a souligné que «aujourd’hui, le nouveau front d’instabilité lié à la situation libyenne a eu des répercussions régionales qui étaient prévisibles et contre lesquelles l’Algérie avait mis en garde».
Relevant par la suite que «la zone d’insécurité s’est élargie à l’ensemble de l’Afrique du Nord, du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest où prospèrent des activités criminelles et terroristes». Il n’a pas manqué de noter que «les conséquences directes de la guerre en Libye se sont manifestées notamment par le flux de tous types d’armes en grand nombre en Afrique du Nord comme au Sahel». A son avis «devant l’absence d’alternatives économiques, notamment pour les jeunes, l’Afrique subsaharienne est devenue une série de zones de non-droit où tous les trafics ont droit de cité».
«Dans un contexte économique désastreux, les défis sociaux auxquels font face les Etats subsahariens ne peuvent être relevés sans le soutien conséquent de la communauté internationale» a-t-il ajouté. Le ministre des Affaires étrangères a mis l’accent sur la nécessité «impérieuse» de conjuguer les efforts de tous les partenaires pour faire face à la «montée en puissance» des réseaux terroristes, ajoutant que «la coordination des actions et l’échange d’informations devraient caractériser l’action quotidienne de tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux».
Dans ce sens, M.Lamamra a indiqué que «l’Algérie encourage toutes les parties concernées, qu’il s’agisse du Mali, de la Libye ou tout autre pays, à favoriser le dialogue inclusif qui rejette la terreur». Pour lui, ce dialogue «s’inscrit dans l’objectif d’une transition politique sereine devant aboutir à la prise en charge réelle et efficace des problèmes politico-sécuritaires et économiques des pays concernés et des besoins sociaux et éducatifs de leurs populations les plus défavorisées». Pour le chef de la diplomatie algérienne «la guerre contre le terrorisme et ses crimes connexes doit être permanente et coordonnée car les groupes terroristes disposent de relais qui leur permettent de s’adapter à toute évolution de la situation».
S’agissant du forum, il a indiqué que ce dernier «permettra aux participants de se pencher durant trois jours sur une série de questions très sensibles en relation avec les menaces terroristes». Lors de la journée d’hier, deux sessions plénières sous le thème «motivations politiques et économiques des menaces transnationales» ont été animées par le professeur Tyler Rauert et Larry Velte, avec le Dr Mustapha Fetouri, Bassem Bouguerra, et Mourad Preure comme conférenciers.
Le forum qui regroupe une soixantaine d’experts et d’éminents professeurs algériens, américains, tunisiens, marocains, libyens, mauritaniens et égyptiens, est le 4e du genre après ceux de Bangkok, Amman et Rome dédiés aux thèmes spécifiques à chacune des régions concernées. La partie algérienne participera avec son expertise «avérée et reconnue» en la matière avec des académiciens spécialistes et des cadres des ministères des Affaires étrangères et de la Défense nationale, ainsi que des anciens responsables algériens de haut niveau.
Les causes politiques et économiques, ainsi que la familiarisation avec le secteur de la sécurité figurent parmi les thèmes débattus. Le rôle des réseaux illicites et du phénomène de la radicalisation de certains mouvements dans la dégradation de la situation en Afrique du Nord et l’étude des facteurs positifs ou négatifs que le développement économique et l’inclusivité politique peuvent donner à la stabilité de cette région, sont également au programme, tout comme la coopération régionale et internationale dans la sécurité des frontières et la lutte contre les réseaux illicites.