Lamamra demain à Bruxelles: Algérie – UE: cartes sur table

Lamamra demain à Bruxelles:  Algérie – UE: cartes sur table

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères use, certes, d’un ton diplomatique, mais ne manque pas de relever la consistance et l’impact de cette rencontre.

Les deux partenaires vont-ils solder leurs comptes demain lors de la 10ème session du Conseil d’association Algérie-Union européenne (UE) qui se tiendra à Bruxelles? Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra se rendra à cette session accompagné d’une forte délégation. Entre l’Algérie et l’Union européenne, le contentieux est assez conséquent pour mériter cette attention particulière. Une évaluation de l’impact de l’Accord d’association depuis son entrée en vigueur en 2005 jusqu’à 2015 montre l’ampleur et les dégâts d’un large déséquilibre. Les chiffres sont éloquents: les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE n’ont pas dépassé les 14 milliards de dollars sur les dix années, alors que les importations algériennes auprès de l’UE se sont chiffrées à 220 milliards de dollars durant la même période, soit une moyenne de 22 milliards de dollars/an.

Comment qualifier un pareil déséquilibre d’un deal qui, à l’origine, avait comme principal objectif de promouvoir les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’Europe et de développer les investissements européens en Algérie? N’est-il pas temps de stopper ce que les économistes et observateurs qualifient de «supercherie économique»?

C’est ce qui expliquerait d’ailleurs l’importance-clé de la session de demain qui sera coprésidée du côté européen, par la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Mme Federica Mogherini. Cette réunion annuelle de la plus haute instance de concertation et de dialogue politique a été instituée par l’Accord d’association.

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères use, certes, d’un ton diplomatique, mais ne manque pas de relever la consistance et l’impact de cette rencontre. «Elle constituera une nouvelle occasion pour les deux partenaires de passer en revue l’état et les perspectives des relations de coopération et de partenariat entre l’Algérie et l’UE et d’examiner les voies et moyens de leur impulser une nouvelle dynamique dans les différents domaines conformément à l’esprit et à la lettre de l’Accord d’association», souligne le document des AE.

Forçant un peu plus le crayon, le document ajoute que cette 10ème session du Conseil d’association «revêt un caractère particulier en ce qu’elle est appelée à entériner le document final portant sur les conclusions de l’évaluation conjointe de la mise en oeuvre de l’Accord d’association Algérie-UE». A cette occasion, il sera procédé, à la signature de trois nouvelles conventions de coopération dans les domaines des énergies renouvelables, des réformes des finances publiques. Il est question de remettre sur les rails ce pacte, de centrer les relations durant les prochaines années sur un «rééquilibrage des intérêts économiques communs.

Il est attendu donc de la rencontre de demain «un signal fort en direction des opérateurs économiques quant à la ferme volonté des deux parties de saisir les nombreuses opportunités qu’offre l’Accord d’association», comme le note le communiqué des Affaires étrangères. Car, à l’origine le but de cet accord était d’en faire un instrument au service d’un développement harmonieux et équilibré entre l’Algérie et l’UE.

Au terne de la session, un document final sera entériné. C’est une sorte de feuille de route qui fixera les priorités conjointes de partenariat entre l’Algérie et l’UE. Il faut noter que cette réunion coïncide aussi, au plan bilatéral, avec la fin du Cycle budgétaire 2014-2017 qui a consacré à notre pays plusieurs programmes d’appui sectoriels et thématiques engagés dans des domaines aussi importants que l’emploi, la formation, la justice et la diversification de l’économie nationale, ainsi que le lancement de nouvelles discussions en prévision de l’élaboration de la prochaine programmation financière pluriannuelle 2018-2020.