Lamamra à la 9e réunion Algérie-Ue, « Pas d’ingérence dans nos affaires! »

Lamamra à la 9e réunion Algérie-Ue, « Pas d’ingérence dans nos affaires! »

Il a indiqué que les circonstances de la conclusion de cet accord en 2002 ne sont plus les mêmes aujourd’hui, aussi bien en Algérie qu’en Europe.

La tenue de la 9eme réunion du Conseil d’association Algérie-UE a été l’occasion pour le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, d’exposer la ligne directrice du partenariat futur avec l’Union.



M.Lamamra a été d’emblée catégorique sur la question du respect mutuel, en affirmant que cette notion doit plus que jamais être mise en avant. «Nous n’acceptons pas les tendances intrusives (à) l’association n’élimine pas la souveraineté», a-t-il tenu à souligner. «Nous respectons notre partenaire et nous demandons et même nous exigeons qu’il respecte notre souveraineté», a- t-il répondu aux observations de l’UE sur les droits de l’homme en Algérie. Le ministre a également critiqué dans le cadre de la politique européenne de voisinage «l’exercice stérile de classification des pays en catégories suivant le degré d’acceptation des directives européennes».

D’autre part, l’Algérie ne cache pas son mécontentement. L’Accord d’association avec l’Union européenne n’a pas été du tout bénéfique pour elle. Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M.Ramtane Lamamra n’a pas été par quatre chemins pour le déclarer jeudi dernier à Bruxelles. M.Lamamra a reconnu que cet accord a beaucoup plus profité à la partie européenne, en affirmant qu’une autre évaluation de ce partenariat s’imposait actuellement. «Dans ce partenariat, l’Algérie a donné plus qu’elle a reçu. Cela fait 10 ans depuis qu’on a conclu l’accord et une évaluation s’impose», a martelé le ministre, lors d’une conférence de presse, animée à l’issue de la 9ème réunion du Conseil d’association Algérie-UE. Pour rappel, Alger et Bruxelles ont déjà procédé, en 2010, à la révision de cet accord en gelant le démantèlement tarifaire de plusieurs produits importés de l’UE et en reportant à 2020 la création de la zone de libre-échange prévue, initialement, pour 2017. Dix ans après l’entrée en vigueur de cet accord, l’Algérie n’a toujours pas eu ce qu’elle espérait. Ni développement économique, ni affluence des IDE, bien au contraire l’Algérie est devenue un marché pour les produits européens.

Partant de ce constat, le chef de la diplomatie algérienne a précisé qu’ aujourd’hui il faut s’attacher à l’esprit de cet accord en évoluant davantage et de manière déterminée dans le respect mutuel et l’équilibre des intérêts. «Nous pouvons faire des adaptations dans la mise en oeuvre de ce document de telle sorte que les intérêts de l’Algérie soient pris en charge», a-t-il expliqué. M.Lamamra a indiqué que les circonstances de la conclusion de cet accord en 2002 ne sont plus les mêmes aujourd’hui, aussi bien en Algérie qu’en Europe.

«D’ailleurs, ces exigences ont constitué la ligne directrice des discussions tenues avec la partie européenne dans le cadre des dialogues politique et économique organisés lors de cette session», a-t-il enchaîné. Selon lui, la chef de la diplomatie européenne, Mme Federeca Mogherini a montré beaucoup d’attention à la question du développement futur de ce partenariat, posée par l’Algérie. M. Lamamra a fait remarquer dans ce sens que la baisse des recettes douanières due au démantèlement tarifaire des produits importés des pays de l’Union ne s’est pas traduite pour autant par un accès des produits algériens au marché européen, pourtant prévu dans l’accord. «Il est clair que nous n’avons pas eu l’accès que nous souhaitions au marché européen.

Il y a des barrières tarifaires et d’autres non tarifaires, il y a des écueils bureaucratiques et autres (obstacles) qui font que nos producteurs publics et privés n’ont pas pu réaliser le potentiel en matière d’exportation vers l’Europe», a-t- il constaté. Ce n’est pas tout. L’investissement étranger, auquel l’Algérie n’a cessé d’appeler, reste faible. M.Lamamra a appelé les Etats membres de l’UE à promouvoir l’afflux des investissements productifs pouvant contribuer à l’émergence d’une économie algérienne diversifiée. Le ministre a également noté avec regret la réduction des parts de l’Algérie sur le marché gazier européen à environ 13%, alors qu’elle garantit un approvisionnement stable sur des bases commerciales. Jeudi dernier, l’Algérie a relevé dans sa déclaration sanctionnant la réunion du Conseil d’association l’évolution de la relation de coopération avec l’UE, son premier partenaire dans la région, qui reste en deçà de ses ambitions.