Laisser son or dans les banques européennes et américaines menacées de faillite est la chose la moins sûre, a estimé Hugo Chavez, président du Venezuela, quand il a décidé en 2011 de récupérer les 211 tonnes d’or de son pays. Au début de 2012, c’était fait, le Venezuela avait réussi à rapatrier son or dans les délais voulus et retrouvait ainsi sa souveraineté en la matière.
Tout surprenant que cela puisse paraître, c’est l’Allemagne qui a été la première à suivre l’exemple du Venezuela. La Bundesbank a décidé de rapatrier une grande partie de ses réserves d’or entreposées à Paris, New York et Londres. Fin 2012, les réserves d’or de l’Allemagne totalisaient 3 391 tonnes, le deuxième stock d’or de la planète, et constituaient près de 80% des réserves de change du pays. L’an dernier, Berlin avait demandé à faire un état des lieux aux banques centrales étrangères où sont entreposés ses lingots. Selon le Handelsblatt, quotidien économique allemand, 45% de l’or appartenant aux Allemands se trouve actuellement entreposé dans les coffres de la Réserve fédérale américaine, 13% dans ceux de la Bank of England et 11% dans ceux de la Banque de France. La Bundesbank détient donc moins d’un tiers des réserves du pays.
Carl-Ludwig Thiele, membre du directoire de la Banque centrale allemande, a justifié le rapatriement intégral de l’or stocké auprès de la Banque de France par l’absence de possibilité de change, depuis que la France et l’Allemagne ont adopté l’euro comme monnaie commune. La Bundesbank estime avoir dégagé des capacités de stockage supplémentaires après une réorganisation interne. Nul besoin pour l’Allemagne de recourir au stockage dans d’autres pays.
La France, assise sur 2 435 tonnes d’or, la 5e réserve du monde, loin derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et le FMI et juste derrière l’Italie, n’a pas besoin de rapatrier son or. A la différence de l’Allemagne, le stock de la France, d’une valeur de plus de 140 milliards de dollars et qui fait partie des réserves de change, demeure à 100% sur le territoire national, au siège de la Banque de France.
Le coffre-fort de la Banque de France est devenu un refuge pour les pays du monde entier ou pour des institutions comme le FMI. Paris reste une place forte de l’or mondial, malgré la décision de l’Allemagne de rapatrier toutes les réserves nationales d’or stockées jusqu’à présent en France.
Cherif Brahmi