L’Allemagne paie sa dépendance à l’export

L’Allemagne paie sa dépendance à l’export

Le gouvernement allemand prévoit un recul du PIB de 6 % cette année.

La correction est brutale. Le gouvernement allemand, qui espérait il y a peu limiter le recul de son produit intérieur brut (PIB) à – 2,25 % en 2009, a été contraint mercredi d’annoncer une forte révision à la baisse : il anticipe désormais une contraction de 6 % du PIB pour l’année en cours.

Il s’agit de la plus grave récession depuis la création de la République fédérale, qui fêtera ses soixante ans le mois prochain. Le gouvernement, dirigé par Angela Merkel, tente néanmoins d’entretenir une lueur d’optimisme en tablant sur un fragile retour à la croissance en 2010 (0,5 %).

Compétitivité intacte

L’effondrement des exportations est responsable à 75 % de la détérioration, selon les analystes. «C’est tout sauf une surprise !» , commentait mercredi le ministre des Finances, Peer Steinbrück, en rappelant que la première économie européenne dépend des commandes de l’étranger pour 40 % de son PIB.

Maigre consolation pour Berlin : la compétitivité du «made in Germany» n’est pas atteinte, et la reprise espérée du commerce international aurait le même effet multiplicateur, dans le sens de la croissance cette fois. Le gouvernement prévoit une baisse des exportations de 18,8 % en 2009. Cela devrait se traduire par une forte hausse du chômage dans l’industrie. Berlin prévoit 4,6 millions de chômeurs en 2010. Le gouvernement estime avoir limité les dégâts en prolongeant de dix-huit à vingt-quatre mois les mesures de chômage partiel financées par l’État.

Autre mauvaise nouvelle pour Merkel à cinq mois des élections : selon les prévisions des économistes allemands, le brusque ralentissement de l’activité devrait entraîner un manque à gagner de 200 milliards d’euros pour l’État.

Aussi sévère que soit la récession, l’hypothèse d’un soutien budgétaire est officiellement exclue. Les conservateurs (CDU) et les sociaux-démocrates (SPD) restent unis dans leur refus d’une stimulation de la demande intérieure. Berlin préfère muscler les plans déjà arrêtés pour 2009 et 2010 et stimuler indirectement le commerce international. Le renforcement des moyens du FMI et l’assistance financière de l’UE aux économies d’Europe orientale devraient, explique-t-on, venir soutenir à terme les carnets de commandes allemands.