L’Algérien Lakhdar Boumediene accueilli en France‎

L’Algérien Lakhdar Boumediene accueilli en France‎

Innocenté par la justice américaine, l’Algérien Lakhdar Boumediene est arrivé vendredi soir sur le sol français, où il va désormais pouvoir vivre librement.

Il est le premier ex-détenu de Guantanamo étranger accueilli par un pays de l’Union européenne. Innocenté par la justice américaine, l’Algérien Lakhdar Boumediene, 42 ans, est arrivé vendredi soir en France, a annoncé le ministère des Affaires étrangères. «Désormais libre, nous souhaitons que Lakhdar Boumediene puisse retrouver une vie normale», a simplement déclaré dans un communiqué le porte-parole du Quai d’Orsay, Eric Chevallier.

Lakhdar Boumediene, qui a voyagé dans un avion militaire américain et atterri à l’aéroport d’Evreux (Eure), a été transporté à l’hôpital militaire Percy de Clamart pour quelques jours d’examens. Il devrait ensuite rejoindre un appartement mis à sa disposition par le gouvernement français pour se réadapter à une vie normale.

L’ex-détenu va disposer en France d’un visa territorialement limité (VTL), ce qui signifie qu’il ne pourra pas circuler librement à l’intérieur de l’espace Shengen. Le gouvernement français va lui donner des moyens afin de faciliter sa réinsertion (formation et aide à la recherche d’un travail), selon une source proche du dossier.

Samedi, la famille de l’ex-détenu affirmait n’avoir aucune nouvelle de lui depuis plusieurs jours. «On n’a pas dormi de toute la nuit. On est de plus en plus stressé parce qu’on ne sait rien du tout, regrettait sa belle-soeur, Louiza Baghdadi. Ce qui serait normal c’est que le gouvernement nous donne des informations, nous dise comment il est entré, comment il va, qu’on sache s’il va venir ou non habiter chez nous. Mais nous ne sommes au courant de rien.»

Emprisonné pendant plus de sept ans

Lakhdar Boumediene était emprisonné depuis plus de sept ans et observait une grève de la faim depuis décembre 2006, arrêtée très récemment. Pendant sa grève de la faim, il était nourri de force deux fois par jour, à l’aide d’un tuyau introduit dans une narine qui diffusait un liquide protéiné. «Il a passé sept ans et demi avec quelqu’un qui vérifiait toutes les dix minutes ce qu’il était en train de faire, sous le contrôle de gardiens qui pensaient qu’il était dangereux, rappelait vendredi son avocat. Il va devoir se réhabituer à marcher, à décider quand il prend un repas, quand il prend une douche…».

Arrêté à l’automne 2001 avec cinq autres Algériens en Bosnie, où il résidait légalement, Lakhdar Boumediene avait été remis aux autorités américaines sous le soupçon qu’il fomentait un attentat contre l’ambassade américaine de Sarajevo. Il avait ensuite été transféré à Guantanamo dans les premiers jours d’existence de la prison, avec ses cinq compagnons d’infortune. Les accusations sont très vite tombées mais tous étaient restés enfermés, en criant leur innocence. Après des années de bataille judiciaire et une décision de la Cour suprême qui porte son nom, ce n’est qu’en novembre 2008 que Lakhdar Boumediene et quatre autres Algériens ont été définitivement innocentés par un juge fédéral américain.

Les Etats-Unis comptent désormais sur les pays de l’Union européenne pour accueillir une trentaine de détenus de Guantanamo. Déclarés libérables par la justice fédérale ou par le Pentagone, ils ne peuvent être renvoyés dans leur pays de peur qu’ils y subissent des persécutions. Ainsi, Washington a demandé à l’Allemagne d’accueillir quelques uns des 17 prisonniers chinois ouïghours de la base cubaine.