Le constat n’est peut-être plus à faire : l’Algérien s’intéresse peu à la chose politique. Les causes de cette indifférence sont multiples et les explications ne manquent pas. Dans ce dossier, nous essayons de les cerner, faisant intervenir spécialistes et citoyens.
En effet, il y a un désintérêt total. Notre population ne croit pas en ces institutions qui décident de son avenir. Sauf amnésie, on se souvient bien de ce qui s’est passé, au moins, lors des deux derniers rendez-vous électoraux. Les espaces réservés aux candidats aux élections et aux chefs des partis politiques pour l’animation de meetings étaient carrément désertés. Les panneaux réservés à l’affichage étaient saccagés. Et les jeunes ont affiché sur ces panneaux des photos de fous ou autres images pour faire rire. Des chefs de partis politiques étaient chahutés par la population, voire lapidés, au cours de leurs déplacements dans certaines villes de l’intérieur du pays, par une jeunesse livrée au désespoir. Cette répugnance à la chose politique a certainement ses causes. En perte de repères, notre jeunesse se reconnaît beaucoup plus dans un maillot portant le nom d’un Ronaldo, d’un Messi ou carrément dans les thèses d’un chef d’un groupe djihadiste que dans le discours d’un candidat à l’élection. Et pourtant, c’est de ce dernier que dépendent son avenir et celui de son pays. Livrée à elle-même, notre jeunesse influencée par les médias publics, l’école officielle et la mosquée, a fini par perdre ses repères. Les racines de cette crise multidimensionnelle remontent à plus d’un demi-siècle. Contrairement aux pays de l’ex-bloc de l’Est, le pluralisme politique, en Algérie, n’a pas pu se consolider, après près d’un quart de siècle de son instauration. Un chat ne peut que s’appeler un chat. Si le taux de participation est considéré comme un test de la légitimité de l’élite dirigeante d’un pays, chez nous ce taux de participation a toujours été falsifié. Une mascarade et (…) un véritable hold-up électoral, fraude généralisée, grande manipulation des résultats, qu’importe l’expression ! L’essentiel, c’est que le pouvoir a toujours eu recours à la fraude pour se perpétuer, cinquante ans après l’indépendance. En réalité, ces pratiques n’ont fait que creuser le fossé déjà existant entre le citoyen et le dirigeant. Dans une publication parue dans les colonnes d’un confrère, à la veille des dernières élections législatives du 10 mai 2012, le taux de participation aux différentes opérations électorales qu’à connues notre pays n’a jamais dépassé les 20 %. Se sentant lâchée par ses dirigeants, la population termine ainsi par ne croire en personne. L’engouement suscité au lendemain des événements d’octobre 88 pour la politique s’est vite éclipsé. La vie politique, dans notre pays, sous l’effet de la décennie noire et d’autres facteurs, a rétréci comme une peau de chagrin. Et la démocratie naissante n’a pas pu résister.
D.B