Tout en qualifiant de «raciste» le concept de «printemps arabe» né au lendemain des révoltes dans plusieurs pays, Louisa Hanoune a estimé a contrario que «l’Algérie vit une révolution sociale tranquille», qui témoigne selon elle d’une dynamique sociétale révolutionnaire à la faveur du retour de la paix en Algérie.
«L’Algérie vit une révolution sociale tranquille», a déclaré la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), qui s’exprimait hier sur les ondes de la chaîne III. Considérant que les acquis, «obtenus à l’arrachée», témoignent d’une dynamique sociétale révolutionnaire, la première responsable du PT explique que cette dynamique «était là avant même les révolutions de Tunisie ou d’Egypte».
Il est légitime, selon elle, que la population à travers ses médecins, ses étudiants, ses contractuels, ses travailleurs retrouve ses droits, car
«l’ordre social devait changer» et les conditions sociales le permettent. L’invitée de la radio considère que les réformes annoncées par le président de la République dans son discours sont venues tardivement. «Si le président les avaient lancées en 2007, ça aurait été mieux», a-t-elle expliqué affirmant que «le socle des réformes reste les changements politiques».
La SG du PT réitère dans ce contexte la revendication d’une Constituante pour que les Algériens «aient une vraie assemblée où siègeront de vrais représentants du peuple, révocables et contrôlés». S’agissant du «printemps arabe» et de la position de l’Algérie, l’invitée de la chaîne III qualifie ce concept de «raciste». «Non, il n’y a pas de printemps arabe. Ce concept est raciste.
Comme si les peuples étaient là, soumis à des régimes dictatoriaux, et attendaient que quelque chose se passe. Ils sont comme tous les peuples. Il y a des similitudes entre des pays arabes et d’autres européens par rapport notamment à l’orientation économique», a-t-elle martelé.
Elle affirmera dans la foulée qu’il y a eu en Tunisie «une révolution sociale qui pose la nécessité de se débarrasser d’une dictature complètement soumise à l’Union européenne, au FMI et aux grandes puissances», alors qu’en Egypte «c’est un processus contrarié car l’armée a pris le pouvoir».
Pour les autres pays arabes, il y a eu selon elle «des soulèvements populaires qui expriment une aspiration profonde à la liberté et à la démocratie mélangées», soutient Hanoune, «au plan du grand Moyen-Orient (GMO). Or, «il n’y a pas de révolution en Libye, c’est une guerre civile réactionnaire», affirme-t-elle, refusant de soutenir Kadhafi ou le CNT.»
Il ne peut y avoir de révolution sous l’égide de l’Otan ou des appels à l’intervention étrangère», précise-t-elle. Sur ce registre, Louisa Hanoune qualifie la position algérienne de «lente», même si, se ravise-t-elle, «elle a des positions de principe». Elle avertira d’un «danger patent» à nos frontières partagées avec la Libye où il y a selon elle un projet de partition avec les fonds souverains, le pétrole, l’uranium, le plan P-Sahel».
«Nous sommes menacés par ce danger d’imbrication sur les 900 km de frontières avec la Libye», dit-elle, affirmant que les grandes puissances ont besoin de vendre des armes «pour relancer la machine guerrière qui menace, entre autres, notre intégrité et notre souveraineté nationale».
Saïd Mekla