Le nombre de personnes âgées atteindra 12,2 millions en 2050, selon le rapport de l’INED
L’Algérie, autant que les pays africains, notamment ceux du Bassin méditerranéen et du Moyen-Orient, sera confrontée, à l’horizon 2050, au vieillissement de sa population. L’Algérie vient en 4e position des pays où la proportion des habitants âgés de 60 ans et plus sera la plus considérable en 2050. C’est ce que révèlent les statistiques de l’Institut national d’études démographiques (INED), un établissement public français. Le processus d’inversement de la pyramide des âges est bel et bien entamé. L’allongement de la durée de vie et la baisse de la fécondité en seraient l’explication.
«La prise en charge des personnes âgées constituera un autre défi à relever pour les pays africains à l’horizon 2050. Leurs familles devront être relayées et soutenues par des systèmes de politiques publiques adaptées», selon le rapport de l’INED.
La population africaine est en passe de vieillir de décennie en décennie. C’est ce que révèlent les statistiques de l’Institut national d’études démographiques (INED), établissement public français qui a planché sur l’étude de la structure des populations dans les pays des cinq continents.
Se basant sur les statistiques fournies par les Nations unies, les chercheurs et analystes de l’INED affirment dans le rapport intitulé «Population et Sociétés», livré dans le numéro 491 de juillet-août 2012, que l’Algérie, autant que les pays africains, notamment ceux du Bassin méditerranéen et du Moyen-Orient, seront confrontés à l’horizon 2050 au vieillissement de leurs populations.
L’Afrique, dont 40 % de la population ne dépasse pas 15 ans actuellement, contre 27% pour la population mondiale, «n’échappera pas au vieillissement de sa population », indiquent les chercheurs. Le processus d’inversement de la pyramide des âges «est bel et bien entamé et rien ne devrait le changer», précisent-ils.
Pour prouver les résultats de leur analyse, les chercheurs évoquent l’allongement de la durée de vie et la baisse de la fécondité ; ils expliquent, également les défis que le phénomène posera aux pays qui, soulignentils, ne disposent pas de politiques de soutien aux personnes âgées assez développées.
L’Algérie concernée au premier chef Citant l’Algérie comme exemple, le rapport de l’INED affirme que la population algérienne figure parmi les populations des pays africains qui seront concernées par le vieillissement. L’Algérie vient en 4e position des pays où la proportion des habitants âgés de 60 ans et plus sera la plus considérable en 2050. En 2010, l’âge moyen des Algériens était de 26,2 ans pour une population de plus de 60 ans évaluée à 2,4 millions d’individus.
D’ici quatre décennies, les donnes ne seront plus les mêmes. L’âge moyen atteindra 42 ans et le nombre de personnes âgées franchira le cap des 12 millions (12,2 millions), soit 26,2 % de la population totale de l’Algérie ! En Afrique, seulement trois pays verront leur population vieillir dans des proportions plus importantes que l’Algérie : l’Egypte, la Libye et la Tunisie.
Les résultats du rapport sont formels. Le nombre de personnes âgées en Afrique devrait quadrupler à l’horizon 2050, en passant de 56 millions à 215 millions, soit presque le même chiffre qu’en Europe. En ce sens, l’Afrique comptera alors près de 23 millions (22,3) de personnes âgées de 80 ans et plus. Soit cinq fois plus qu’aujourd’hui.
Les chercheurs de l’INED précisent que les pays de la rive sud de la Méditerranée et ceux du Moyen-Orient rejoindront le modèle européen dans lequel le pourcentage des populations dépassant les 60 ans est supérieur à 20 % du nombre total d’habitants. Mais à la différence de nombreux pays européens, les pays africains n’ont pas toujours anticipé les problèmes générés par ce changement de structure de la population, notamment la prise en charge sanitaire et le système de retraite.
DES SYSTÈMES DE RETRAITE PEU RASSURANTS
Par ailleurs, les auteurs du document se sont penchés sur la question inhérente aux modalités de prise en charge des personnes âgées, qu’il s’agisse de prise en charge sanitaire ou de systèmes de retraite. Quelles seront les conditions de vie des personnes âgées de plus de 60 ans et plus si le modèle d’organisation qui régit leur prise en charge restait le même que celui d’aujourd’hui ?
Pour la majorité des pays africains, il n’y a pas de retraite au sens où on l’entend, notamment pour les pays du Nord. Les retraites, selon les rédacteurs du rapport, sont «limitées» à certaines catégories. Les pensionnés ne représentent que moins de 10 % des personnes âgées. En outre, l’étude souligne qu’une disparité importante se révèle entre le milieu urbain et le milieu rural.
De même, une inégalité flagrante se perçoit entre les sexes. Par ailleurs, jugent les auteurs du rapport, il est loisible de s’interroger, dans le cas de l’absence d’un système de pension rassurant, sur la capacité des familles – celles-ci étant leur unique recours – à accompagner la vieillesse et la dépendance des personnes âgées, sans le soutien de politiques publiques adéquates, en particulier concernant l’accès aux soins.
Dans le cas de pays présentant un système de retraite ancien et un secteur formel économique relativement étendu, «les taux de couverture des pensionnés parmi les personnes âgées peuvent atteindre 30 à 50 %. Ce qui est le cas de l’Algérie et de la Tunisie», indique le rapport.
LES RAPPORTS ENTRE GÉNÉRATIONS CHAMBOULÉS
La diversité culturelle ou politique du continent africain n’a pas empêché l’émergence d’une nouvelle organisation sociale. Les jeunes générations cherchent à s’affranchir de la tutelle de leurs aînés et aspirent à l’émancipation, d’une part, et les aînés, même s’ils bénéficient du respect de la famille, voient leur statut moins valorisé qu’auparavant d’autre part.
Les processus susmentionnés compromettent parfois les liens et les relations intergénérationnels qui caractérisent le contrat social dans les pays, au détriment des aînés. Les Etats africains seront confrontés à un double défi pour répondre aux besoins spécifiques des aînés : consolider l’équilibre budgétaire des dispositifs en matière de protection sociale et assurer leurs extensions à la majorité de la population.
Ahmed Kessi