Bien que les prises d’otages auxquelles s’adonne l’organisation terroriste Aqmi n’aient pas lieu en territoire algérien et ne ciblent pas ses ressortissants, notre pays en subit néanmoins « des dommages collatéraux » extrêmement préjudiciables.
D’abord, au plan de la réputation à connotation négative dont les médias internationaux affublent l’Algérie en la circonstance, au prétexte qu’Aqmi a pour noyau dur des Algériens.
Beaucoup de ces médias, parlant des prises d’otages au Sahel, en sont en effet arrivés à faire l’amalgame entre la situation sécuritaire qui prévaut en Algérie et celle créée au Sahel par les agissements d’Aqmi. Cela en brossant le tableau d’une « Algérie menacée et menaçante ».
L’activisme terroriste de l’Aqmi en zone sahélienne donne en effet argument à certains de ces médias pour flétrir l’image de l’Algérie auprès de l’opinion internationale en présentant celle-ci comme étant encore en proie à une violence terroriste extrême, et totalement impuissante à neutraliser l’Aqmi. Ensuite, en ayant créé au Sahel une situation qu’exploitent des puissances étrangères à la région pour justifier le principe de leur intervention militaire.
Le « tapage » médiatique que les prises d’otages suscitent n’est pas pour plaire aux autorités algériennes, conscientes du fait que quand c’est l’Aqmi qui fait l’actualité dans cette sphère, c’est l’Algérie qui a mauvaise presse et le bilan de la lutte antiterroriste qu’elles mènent dans le pays qui en devient sujet à caution au sein de l’opinion internationale.
D’autre part, le déploiement militaire français dans la région sahélienne qui se précise au motif de la recherche des otages enlevés par Aqmi n’est pas sans inquiéter à Alger, opposée à toute présence militaire extrarégionale dans une zone qu’elle estime à juste titre névralgique pour sa sécurité nationale.
Les autorités algériennes ont peu communiqué suite à la prise d’otages au nord du Niger qui fait l’actualité et aux agissements auxquels elle a donné lieu, tant de la part de la Mauritanie qui a monté une offensive militaire en territoire malien, que de celle de la France qui a procédé au déploiement au Niger d’une « task force » aérienne missionnée pour la recherche des otages.
Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas extrêmement attentives à ce qui se déroule au Sahel. Leur attention a été signifiée par Abdelkader Messahel, notre « monsieur Afrique, qui a réitéré la position algérienne qui rejette toute intervention militaire occidentale dans la région et se veut « confiante des capacités africaines » à faire face à la menace terroriste que représente l’Aqmi pour la région du Sahel.
L’Algérie ne peut absolument pas accepter d’être mise à l’écart de ce qui se passe dans cette région, qui est au plan sécuritaire « son ventre mou », tout autant qu’elle est en train de devenir la « zone de tempête » du continent africain.
Elle voit, à tort ou à raison, une volonté à entraîner son isolement dans la stratégie qu’emploie la France auprès des Etats sahéliens sous prétexte de lutte contre le terrorisme.