Le 15ème Salon international du livre d’Alger (SILA), qui refermera ses portes le 6 novembre, a attiré quelque 460 exposants venus de plus de 30 pays, ainsi que des foules d’amateurs de la lecture. Ce salon, qui a ouvert le mardi 26 octobre, est l’occasion d’évaluer l’état de la lecture dans le pays.
« La lecture contribue à augmenter le niveau de la culture, à réaffirmer l’identité nationale et à mettre en place une société démocratique où l’égalité des chances est offerte à tous », a déclaré la ministre de la Culture Khalida Toumi lors de la conférence de presse.
Malgré l’amour des Algériens pour la lecture, de nombreux visiteurs ont semblé découragés par le prix de certaines publications.
« Il y a quelques titres vraiment alléchants, mais le problème, c’est que les prix ne correspondent pas aux conditions de vie des Algériens ; ils sont bien au-delà du budget des ménages moyens », a expliqué Feriel Moussouni, un ingénieur, à Magharebia, bien qu’il reconnaisse s’être laissé tenter par un titre, « La Muqadima » (« Prolégomène ») écrit par Ibn Khaldoun, pour 1 500 DA (14 euros).
Le gouvernement algérien a mis en oeuvre toute une série de mesures d’incitation à la lecture. En 2008, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait publié un décret relatif à l’importation et à la vente de livres dans le cadre de festivals, de salons et de foires. En août dernier, le Conseil des ministres avait décidé d’introduire une exemption de TVA sur le papier pour les imprimeurs.
De plus, le ministère de la Culture envisage d’augmenter le financement pour les activités créatives en 2010-2011, d’inaugurer le Centre national du livre, et de mettre en place une nouvelle législation sur les livres et la lecture publique. Le ministère envisage également d’ouvrir 137 bibliothèques, de lancer la construction de 54 autres et d’acquérir 12 nouveaux bibliobus. Mme Toumi a également annoncé l’extension des privilèges juridiques pour les activités d’investissement liées aux livres dans la loi de finance complémentaire (LFC 2009).
« En 2014, l’Algérie comptera 48 grandes bibliothèques dans ses wilayas et 400 bibliothèques de prêt seront gérées par le ministère de la Culture », a-t-elle déclaré, ajoutant que ces bibliothèques auront un statut spécial, conforme aux directives de l’UNESCO.
De plus, les ministères de l’Education nationale et de la Culture devraient organiser une réunion avant la fin de l’année pour étudier la possibilité d’intégrer l’exigence de lire au moins quatre ouvrages durant chaque année scolaire dans les programmes d’enseignement.
« La liste des titres sera déterminée en accord commun, avec la priorité donnée aux plus grands auteurs de la nation », a annoncé Toumi.
Bien que le gouvernement ait redoublé d’efforts pour encourager la lecture, certains éditeurs et penseurs ont fait part de leur scepticisme, alimenté par le fait qu’un grand nombre de libraires ont dû fermer boutique par suite d’un manque de clients.
Parmi ces sceptiques se trouve le président du Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL), Fayçal Houma, qui estime que ces nouvelles mesures, notamment l’exemption de la TVA, auront peu d’effet sur le prix des livres.
« J’aurais préféré une forme de réduction fiscale, avec des remises sur l’IRG [l’impôt sur le revenu global] ou l’IBS [l’impôt sur les bénéfices des sociétés] plutôt que cette exemption de TVA », a-t-il expliqué à Magharebia.
Chegnanne Abdellah, de Dahlab Publications, estime que cette exemption de TVA devrait être renforcée par une exemption sur les droits de douanes pour réduire le prix des livres.
Pour Salma Hellal, de Barzakh Publications, c’est toute l’industrie du livre, en particulier les imprimeurs, les éditeurs, les distributeurs et les librairies, qui doit prendre des mesures pour revitaliser le goût des Algériens pour les livres.
« Le problème est que ni les écoles, ni les familles, ni les autorités n’ont considéré la lecture comme une priorité. Ils ont appris aux enfants à déchiffrer des textes, mais pas vraiment à lire. Il est désormais plus urgent que jamais de remédier à ce problème », a expliqué Mohamed Layadi, 47 ans