L’Algérie veut garantir sa sécurité énergétique à très long terme

L’Algérie veut garantir sa sécurité énergétique à très long terme

L’Algérie va intensifier l’effort d’exploration pour accroître ses réserves d’hydrocarbures, assurer des revenus suffisants pour le développement et « garantir la sécurité énergétique du pays à très long terme », a affirmé dimanche le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi.

« La mission permanente de notre secteur est de garantir la sécurité énergétique du pays à très long terme et assurer des revenus suffisants pour son développement », a-t-il souligné dans un entretien à l’APS.

« Notre démarche s’inscrit donc dans cette double exigence », a-t-il dit. Il a expliqué qu’un certain nombre d’actions seront prises pour améliorer la sécurité énergétique de l’Algérie, avec l’intégration des énergies renouvelables dans cette stratégie : « intensifier l’effort d’exploration pour accroître nos réserves d’hydrocarbures, introduire et développer les énergies renouvelables, la disponibilité à long terme des hydrocarbures et la nécessité de diversifier nos sources de production d’électricité ».

« Le renchérissement du prix du pétrole et les obligations de préservation de l’environnement » participent également, selon le ministre, de cette stratégie de développement et de diversification des sources d’énergie.

Les mesures qui seront prises pour intensifier l’effort d’exploration s’articulent, selon M.Yousfi, autour du « renforcement des moyens humains et matériels de Sonatrach », l’augmentation « des capacités nationales en matière de services pétroliers et parapétroliers », ainsi qu »’un partenariat basé sur une vision à long terme en multipliant les appels d’offres, tout en étant attentifs à l’évolution des conditions à réunir et en mesure d’attirer les investisseurs potentiels ».

L’Algérie recèle des potentialités « très importantes en hydrocarbures et c’est notre tâche de les mettre à jour », a-t-il souligné, avant de préciser que dans le domaine minier, il s’agit également « d’exploiter et valoriser les potentiels miniers en intensifiant l’exploration ».

Par ailleurs, M.Yousfi refuse de remettre en cause la politique d’investissements à long terme adoptée par Sonatrach, en dépit de la morosité actuelle des marchés gaziers et pétroliers.

« Les investissements réalisés par Sonatrach pour le renforcement de ses capacités de production et d’exportation de gaz naturel, s’inscrivent dans une vision à long terme et ne dépendent pas de conjonctures ou de circonstances particulières et ponctuelles », a-t-il dit.

Il précisera que « la rentabilité de ses projets ne peut-être évaluée que sur une période de 20 à 30 ans.

La production de GNL issu des trains de liquéfaction en construction n’interviendra que dans un horizon de deux à trois ans », a-t-il souligné, avant de préciser que « nous sommes optimistes quant au timing de nos projets car la croissance de la demande devrait bientôt être au rendez-vous avec le redémarrage de l’économie des principaux pays consommateurs ».

« Ce qui devrait absorber le surplus actuel », a affirmé le ministre, précisant que « Sonatrach explore actuellement les débouchés potentiels les plus valorisants (à) ».

Le groupe pétrolier national compte prospecter, selon lui, « tous les marchés qui offrent une valorisation intéressante, y compris le marché asiatique ».

L’état actuel du marché gazier en Europe, avec une offre abondante de la Russie et l’arrivée d’autres fournisseurs sur ce marché très porteur et où la demande est constante, n’est pas de nature à mettre en danger les exportations de gaz algérien, estime d’autre part M.Yousfi.

« Plusieurs projets ont été réalisés ou sont en cours de réalisation pour renforcer les capacités d’exportation de gaz naturel vers l’Europe.

Depuis 2005 et 2008, les exportations respectives des gazoducs Pedro Duran Farrell (GME, vers l’Espagne) et Enrico Mattei (Transmed, vers l’Italie) sont en mesure d’acheminer vers l’Europe des volumes significatifs de gaz algérien additionnels’’, selon le ministre.

De plus, le gazoduc Medgaz (reliant directement l’Algérie à l’Espagne) « devrait être mis en service prochainement et permettra de livrer à l’Europe quelque 8 milliards de m3/an de gaz », a-t-il encore ajouté, avant de préciser que « l’essentiel des engagements de Sonatrach sont des engagements à moyen et long terme, et grâce à l’utilisation des flexibilités et optionalités qu’offre ce type de contrat, Sonatrach tire très bien son épingle du jeu et se prépare à tirer le meilleur de son portefeuille diversifié de fournitures et de clients pour maximiser ses revenus ».

Le ministre a d’autre part souligné, dans le sillage de la directive du président de la République concernant la réévaluation des projets pétrochimiques pour renforcer une industrie en aval, que « l’orientation du Chef de l’Etat s’inscrit dans le double souci de s’assurer que chaque projet non seulement permet de récupérer le maximum possible de la valeur de nos matières premières et que « les filières de valorisation choisies permettent de développer en aval un véritable tissu industriel permettant de diminuer, voire supprimer les importations actuelles de produits finis », a-t-il précisé.

Et, « nous continuerons à faire appel à des partenaires étrangers dans le respect de nos intérêts », a encore relevé M.Yousfi selon lequel « la fabrication d’une large gamme de produits par nos investisseurs nationaux, aussi bien publics et privés, est à encourager ».

Il a, dans ce cadre, rappelé, concernant les appels d’offres internationaux sur des projets d’exploration en Algérie, que « dans le cadre du 3éme appel à la concurrence en cours, nous serons encore à l’écoute de toutes les compagnies intéressées pour donner plus de chance à nos appels et notamment en améliorant la fiabilité et la disponibilité des données techniques et environnementales de chaque projet ».

Sur le projet « Desertec », largement médiatisé au cours de ces derniers mois, le ministre estime que ce projet « ne concerne pas spécialement l’Algérie.

Nous accueillons tous ces projets avec un certain intérêt, mais nous pensons que notre implication directe doit être compatible avec nos intérêts », a-t-il relevé, précisant que « notre projet des énergies renouvelables (Enr) a déjà démarré avec la réalisation d’une centrale hybride (Gaz/solaire) à Hassi R’mel et nous allons bientôt être en mesure de tirer les leçons des choix technologiques qui ont été faits ».

Pour M.Yousfi, la démarche de l’Algérie, en matière d’énergies renouvelables, intègre les dimensions « maîtrise technologie, industrielle et sociale et commerciale ».

« Notre priorité pour les années à venir, dit-il, est de sélectionner les technologies les plus appropriées à nos conditions d’environnement climatique et de développer des projets niches d’utilisation permettant une rentabilité satisfaisante ».

Et pour cela, le ministre a rappelé que « nous avons un programme ambitieux que nous comptons mettre en œuvre par nos propres moyens, mais également avec tous les partenaires qui souhaiteraient nous accompagner, dans l’intérêt mutuel ».

Sur la situation vécue récemment par le groupe pétrolier Sonatrach, dont certains cadres sont poursuivis en justice, le ministre soulignera que cela « nous impose de renforcer le contrôle interne à Sonatrach et dans tout le secteur à travers de nouvelles dispositions dont certaines ont été mises en oeuvre ».

Le contrôle interne en vigueur à Sonatrach « est périodiquement diagnostiqué et sera adapté, en cas de besoin.

C’est dans notre intérêt de continuer à le faire, afin de mieux maîtriser nos activités, rendre plus efficaces nos opérations, utiliser de manière plus rationnelle nos ressources et veiller à protéger l’image de notre secteur et de notre pays.

Il encourra aussi à sécuriser nos responsables et gestionnaires dans l’exercice de leurs fonctions »