Le ministère algérien des Affaires religieuses cherche à former les imams afin qu’ils soient en mesure de mieux comprendre les exigences d’aujourd’hui et de contrer les idéologies extrémistes.
Le rôle des mosquées est actuellement au coeur d’un débat animé en Algérie.
Les autorités veulent éliminer l’idéologie extrémiste des lieux de culte et protéger ces derniers de l’influence des partis politiques et des organisations communautaires.
Il sera désormais interdit aux partis politiques et autres organisations de prêcher ou de discourir au sein des mosquées. C’est ce qu’établit un projet de loi portant sur les organisations religieuses et rédigé par le gouvernement algérien.
Les lieux de culte doivent reprendre leur mission première, a déclaré le ministre algérien des Affaires religieuses Bouabdallah Ghlamallah.
« Les mosquées doivent incarner l’unité de la nation, dans le sens où elles représentent le chaudron dans lequel se forge ce qui est la nature de la société », a-t-il déclaré lors d’un séminaire organisé à Alger le 1er janvier.
Selon lui, les imams ne sont pas seulement des « officiels » mais également des prêcheurs chargés d’instiller les valeurs humaines et spirituelles. Il a estimé que les imams « doivent être cultivés et conscients du rôle qu’ils assument dans la transmission du message éducatif de la mosquée, instillant les valeurs humaines et spirituelles aux jeunes ».
Ghlamallah a ajouté que la mission de l’imam est de transmettre cet héritage aux jeunes générations, de montrer un jugement avisé et une unité de pensée.
« En Algérie, les imams font partie intégrante de la nation, et c’est pourquoi ils doivent se montrer soucieux du respect envers les autorités sociales et travailler en harmonie avec toutes les autres institutions d’état », a-t-il poursuivi.
La première démarche pour atteindre cet objectif est d’assurer une meilleure formation aux imams. Les futurs imams devront « évoluer conformément aux développements et aux changements sociaux », a noté Ghlamallah.
Et le ministre a exprimé sa volonté, à cette fin, de mettre un oeuvre un programme de formation de « haute qualité » en direction des imams.
L’objectif est de former les imams à appréhender « les réalités de la société dans laquelle ils vivent, pour qu’ils soient mieux à même de contrer les partisans de l’idéologie fondamentaliste », a-t-il conclu.
Les instituts forment, en moyenne, 1 200 imams par an.
Selon l’édition du 8 janvier du journal Echourouk, Ada Fellahi, adjoint du ministre des Affaires religieuses, a mis en garde contre l’infiltration pratiquée par les salafistes au sein des mosquées, soulignant qu’ils « ont bénéficié à ce jour d’une grande marge de manoeuvre ».
Le gouvernement algérien veut dorénavant sévir. Le projet de loi portant sur les organisations religieuses stipule que toute organisation pourra être dissoute en cas « d’interférence dans le travail des responsables des mosquées et des écoles coraniques ».
« Le gouvernement algérien veut combler le vide législatif qui, au début des années 1990, a permis au FIS, aujourd’hui dissout, de contrôler les mosquées et les soi-disant organisations humanitaires », explique l’universitaire Ilham Saadi.
Le FIS « avait transformé les mosquées algériennes en agences de recrutement pour des milliers de terroristes qui étaient manipulés par des pseudo-imams prêchant la haine envers tous ceux qui ne partageaient pas leur vision politique », ajoute-t-elle.
Hadjer Mohamdi, étudiante en sciences politiques, partage ce point de vue. Elle explique à Magharebia que le gouvernement algérien veut reprendre le contrôle des mosquées pour les protéger de toute manipulation politique.
L’opinion algérienne, pour sa part, accueille favorablement ces nouvelles mesures.
« Les mosquées doivent revenir à ce qui est leur mission. Ce sont des lieux sacrés qui doivent diffuser des message de paix, de fraternité et d’unité », explique Amar Mehdi, fonctionnaire.