L’Algérie va encore importer des carburants en 2013, la question du prix reste taboue

L’Algérie va encore importer des carburants en 2013, la question du prix reste taboue

L’Algérie va devoir importer encore en 2013 du carburant. Les indices sont là : demande en hausse constante accentuée par un parc automobile en pleine croissance, des retards dans la réhabilitation et la modernisation des raffineries existantes. Gaspillage et contrebande boostent également une demande que les capacités actuelles de raffinages ne peuvent satisfaire.

Le parc automobile s’est renforcé de 568 610 véhicules en 2012 sur total de plus de 5,27 millions de véhicules, soit une hausse de 12 %. Une augmentation qui va peser sur la demande en carburants en 2013. L’Algérie a consommé en 2012 quelques 14 millions de tonnes de carburants, selon les propos tenus par le ministre de l’Energie et des mines devant l’Assemblée populaire nationale à l’occasion de la présentation du projet de loi sur les hydrocarbures, il y a deux semaines. Soit, une hausse de 14 % par rapport à la consommation de l’année 2011 qui avoisinait les 12 millions de tonnes. En 2012, l’Algérie a enregistré un déficit de production de plus de 2,4 millions de tonnes de carburants. D’où le recours à l’importation pour une valeur de plus de 2 milliards de dollars. Pour cette année encore, l’Algérie sera contrainte d’importer encore plus, non seulement parce que la demande va augmenter sensiblement mais aussi parce que le programme de renforcement de la production nationale en carburant n’a pas été concrétisé. La demande en carburant est appelée à augmenter chaque année pour atteindre les 30 millions de tonnes en 2030 et 45 à 50 millions de tonnes en 2040, selon les prévisions du ministre de l’Energie et des mines. Pour faire face à cette demande sans cesse grandissante, le gouvernement a lancé plusieurs projets de construction de nouvelles raffineries ainsi qu’un plan de maintenance de celles en activité notamment à Alger, Skikda et Arzew.

Retards dans la maintenance de la raffinerie de Skikda

Sonatarch a investi plus de 4 milliards de dollars pour leur réhabilitation et modernisation, afin d’augmenter les capacités de raffinage du brut. Ce plan de réhabilitation accuse du retard notamment au niveau de la raffinerie de Skikda, la plus importante du pays avec une capacité de traitement du brut allant jusqu’à 16,5 millions de tonnes par an une fois réhabilitée. Elle devra produire 4,7 millions de tonnes de gasoil et 2 millions de tonnes d’essence. La raffinerie « réhabilitée », devait être livrée la fin de l’année dernière. Mais, les travaux de rénovation de la deuxième unité ne sont qu’à leurs débuts. De plus, un incendie s’est déclaré au début de l’année dans une partie de la raffinerie en cours de rénovation. Aussi, les travailleurs de l’Entreprise de montage et de maintenance industriels (EMMI), ayant sous-traité la réhabilitation et l’adaptation de la tuyauterie dans ce projet auprès de Samsung avaient observé un arrêt de travail de plusieurs semaines en fin de l’année dernière ce qui a pesé sur le déroulement des travaux. Youcef Yousfi avait reconnu que les importations ne cesseront pas tant que le travail de la réhabilitation des raffineries n’est pas achevé. Il faut compter, selon lui, « d’ici une ou deux années pour qu’elles soient totalement réhabilitées ». Le ministre de l’Energie et des mines avait annoncé aussi lors de ses réponses aux députés au sujet de la loi sur les hydrocarbures que le gouvernement a décidé de lancer la construction de 6 unités de raffinage à travers le pays « pour subvenir à nos besoins jusqu’à 2030/2040, pour un coût de 20 milliards de dollars ». Ces raffineries sont toutefois prévues pour parer la demande de carburant à long terme et pas  dans l’immédiat.

Augmenter les prix à la pompe progressivement, l’autre défi

Il faut noter que la consommation en croissance du carburant est lié, selon les expertes, à son bas prix qui favorise les gaspillages en tous genres. La question du carburant n’a jamais été un problème lors de l’achat d’un véhicule. L’Algérie est parmi les pays où le carburant est le moins cher (0,22 euro/litre pour l’essence et 0,13 euro pour le gasoil). En 2010, notre pays a consacré 8,46 milliards de dollars à la subvention des carburants, soit 228 dollars par personnes. Ce chiffre de subvention suit la courbe de la demande en carburant. Celle-ci n’est pas seulement alimentée par le nombre de véhicules en circulation qui augmente chaque année. Le carburant subventionné est souvent l’objet de contrebande aux frontières algéro-marcoaine et algéro-tunisiennes. Même le responsable de Sonatrach a admis cette réalité comme une fatalité. Revenir sur cette subvention est l’un des projets du gouvernement qui pense à un « plan » d’augmentation « progressive » du prix du carburant, s’étalant sur plusieurs années que le Printemps arabe a remis à plus tard. Ni le gouvernement et encore moins le Parlement n’osent toucher à cette question « délicate » de subvention des carburants. Pourtant, c’est la « seule » solution, selon les spécialistes, pour limiter l’importation des voitures que la suspension du crédit à la consommation, décidée il y a trois, n’a pas endigué.