L’Algérie, un pays structurellement importateur

L’Algérie, un pays structurellement importateur
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Cette situation trouve fondamentalement son origi-ne dans les dysfonctionnements provoqués par le désencrage de l’appareil agroindustriel de son amont agricole qui fait que notre industrie agroalimentaire s’est retrouvée intégrée de façon passive au marché international.

Les premières assises des industries agroalimentaires s’ouvrent aujourd’hui avec la participation d’experts et d’opérateurs nationaux du secteur. Une rencontre similaire avait été déjà organisée en juin 2008, et qui a regroupé des operateurs des secteurs de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire organisée conjointement par le Forum des chefs d’entreprises et la Chambre nationale de l’agriculture.

Il apparaissait clairement à tous que les acteurs des deux secteurs ont, en effet, plus que jamais besoin d’échanger et de réfléchir ensemble -pour tenter de proposer des solutions de nature à aider à construire ce partenariat incontournable entre l’agriculture et l’industrie- dont notre pays a besoin pour contenir dans des limites tolérables la dépendance alimentaire dans laquelle il semble que nous nous sommes trop confortablement installés.

Il est patent que le potentiel de développement d’un partenariat harmonieux entre l’agriculture et l’industrie n’a pas été exploité par notre pays avec succès.

LG Algérie

La raison de cet état de choses résiderait-elle dans le fait que nous n’avions pas suffisamment pris conscience que la sécurité alimentaire – dont nous parlons tant aujourd’hui, conjoncture mondiale oblige ! – passait impérativement par la mise en place des conditions indispensables pour assurer le développement simultané du secteur agroalimentaire et du secteur agricole dans un cadre de partenariat organisé et liant étroitement les deux secteurs ?

En tout état de cause, les acteurs économiques des deux secteurs se sentent aujou-rd’hui interpellés par cet impératif et veulent commencer à tracer les axes d’une démarche visant à impulser une nouvelle dynamique d’intégration.

Faire l’état des lieux, filière par filière, à évaluer les potentiels de production, agricole et agro-industriel, à examiner les questions techniques, les questions organisationnelles, les aspects de régulation et de concurrence, à identifier les contraintes et à esquisser des solutions. C’est cette démarche qui est, de mon point de vue, de nature à nous permettre de contribuer à donner un sens concret à ce concept de la sécurité alimentaire.

Certes, ce concept est affiché depuis de longues années comme un objectif de la politique économique nationale, mais aucune définition précise n’en a été donnée jusqu’ici et, surtout, sa traduction en termes d’objectifs concrets à cibler et de programmes d’actions à mettre sur pied, n’a jamais été effectuée.

La politique économique suivie jusque-là, malgré tout le volontarisme dont elle a toujours été empreinte, n’a pas pu empêcher le développement des importations alimentaires au détriment de produits qui pouvaient être fournis par le marché local ; ainsi, notre facture alimentaire à l’importation a presque doublé en cinq ans, passant de 2,6 milliards de dollars en 2003 à près de 5 milliards de dollars en 2007.

Cette situation trouve fondamentalement son origine dans les dysfonctionnements provoqués par le désencrage de l’appareil agroindustriel de son amont agricole qui fait que notre industrie agroalimentaire s’est retrouvée intégrée de façon passive au marché international.

Ce désencrage a conduit à des dysfonctionnements qui font, par exemple, que nous importons de plus en plus de concentré de tomate alors que des capacités nationales sont mises à l’arrêt, que des capacités excédentaires sont mises en place pour la trituration des céréales, que la production de lait cru, qui atteindrait 2,5 milliards de litres en 2008 ne trouve de réseau de collecte organisé que pour 650 000 litres, que des besoins importants pour la transformation de la viande d’ovins ne sont pas pris en charge, etc…notre pays, qui n’a pas par ailleurs pris garde à l’influence que les politiques agricoles et commerciales de nos principaux fournisseurs développés exerçaient sur nos choix de production et de consommation de produits alimentaires, a favorisé malgré lui un modèle de consommation aujourd’hui totalement connecté au marché international. Aujourd’hui, il y a urgence à reconstruire un secteur agroalimentaire moderne et compétitif.

Cette reconstruction passe par le renouvellement de la relation qui doit lier les agriculteurs et les industriels, donc par la symbiose, à construire, entre les partenaires des deux secteurs et qui ne peut découler que d’un alignement des intérêts des uns et des autres.

Kezoul L