L’Algérie est un acteur incontournable dans la lutte antiterroriste en Afrique du Nord et « joue un rôle majeure dans la stabilité de la région », a estimé mercredi le Think tank américain Center for Transatlantic Relations.
Le centre de recherche, basé à l’université Johns Hopkins, est revenu au cours d’un débat de deux heures consacré exclusivement à l’Algérie sur les efforts déployés par les autorités algériennes pour maintenir la paix et la sécurité en Afrique du nord.
En lançant cette conférence débat, intitulée « Algérie : défis et opportunités », Sacha Toperich, maître de recherche dans ce centre d’études, a relevé que l’Algérie en tant qu’ »acteur majeur dans la stabilisation de la région », assurait non seulement la protection des pays africains, mais constituait également un rempart contre l’expansion du terrorisme vers l’Europe et les Etats-Unis.
Le modérateur de ce débat, animé par la sénatrice Hafida Benchehida et l’industriel Samy Boukaila, a expliqué que le renforcement de la surveillance des frontières par l’armée algérienne, a empêché la prolifération des groupes terroristes.
Ce fort déploiement des troupes aux frontières, coûteux financièrement, est assuré par l’Algérie dans un contexte baissier des prix de pétrole qui a fait perdre à l’Algérie la moitié de ses revenus, a relevé de son côté Mme Benchehida.
Elle a jugé que la lutte antiterroriste requiert des efforts conjoints qui doivent se traduire par un meilleur accès de l’Algérie aux moyens sophistiqués de surveillance.
La sénatrice a ajouté que les autorités algériennes ont renforcé la sécurisation des frontières tout en apportant une assistance sécuritaire à la Tunisie, un pays fortement affecté par les répercussions de la crise libyenne.
En expliquant la vision de l’Algérie pour la résolution des conflits, basée sur le dialogue et la médiation, Mme Benchehida a souligné le rôle d’Alger en matière de sécurité régionale notamment ses efforts de paix pour les conflits au Mali et en Libye.
L’économie pour s’attaquer aux racines du terrorisme Résumant les priorités de l’Algérie dans la région, Sami Boukaila a indiqué qu’elles portaient sur la stabilisation de la Libye, le soutien aux réformes en Tunisie et la réconciliation au Mali, le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et l’intégration régionale du grand Maghreb.
Il a estimé qu’il était nécessaire de soutenir l’Algérie dans ces efforts de maintien de la paix à travers un partage des coûts élevés de la sécurité, un renforcement des investissements directs étrangers (IDE) et un appui à la diversification de l’économie algérienne.
L’industriel a expliqué aux membres de ce Think Tank que l’appui américain à l’économie algérienne va aider le gouvernement à faire face à la montée des menaces terroristes et à maintenir la paix dans la région.
Selon cet industriel, les défis du terrorisme sont aussi d’ordre économique et qu’il est important de renforcer les capacités de l’Algérie, garant de la stabilité dans la région, pour « éviter le chaos » susceptible d’engendrer des millions de réfugiés et une expansion du terrorisme.
L’ancien président du cercle de réflexion autour de l’entreprise a exposé à ce propos les atouts de l’économie algérienne en mettant en exergue l’amélioration du climat des affaires qui devrait se traduire, selon lui, par un meilleur classement dans le prochain rapport Doing Business de la Banque mondiale.
Le panéliste a détaillé à cet effet la situation économique de l’Algérie depuis 1999, en indiquant que le gouvernement a réussi à asseoir une économie de marché, tout en développant les échanges commerciaux avec plusieurs partenaires internationaux.
L’objectif étant de sortir de la dépendance au pétrole, en encourageant l’investissement et la création de richesses et d’emploi offerte par une transition vers économie hors hydrocarbures.
Au cours de ce débat, le modérateur Sacha Toperich a suscité la réaction des deux panélistes sur la règle dite 51/49, régissant l’investissement étranger, en relevant que cette mesure a été maintenue par l’Algérie à un moment où elle cherche à accroître sa compétitivité pour attirer les IDE.
Mme Benchehida a répondu que la mesure instituée en 2009, n’a pas empêché des majors pétroliers de venir investir en Algérie. Mieux encore, cette règle offrait le management opérationnel de l’entreprise mixte au partenaire étranger, a précisé l’ambassadeur d’Algérie à Washington, Madjid Bouguerra, présent à cette conférence. Mieux communiquer sur l’Algérie.
Les panélistes ont soutenu, par ailleurs, que beaucoup d’efforts ont été menés en matière de renforcement de l’Etat de droit et la consolidation de la démocratie en Algérie.
Ils ont évoqué à ce titre la révision de la Constitution comme « étape importante traduisant la volonté politique » des autorités à mener ces réformes qui confortent, entre autres, la liberté d’expression et d’association ainsi que la participation des femmes à la vie politique.
Ces progrès doivent être accompagnés, cependant, par un grand effort en matière de communication pour mieux faire connaître l’Algérie à l’étranger.
Mme Benchehida a constaté que beaucoup de stéréotypes et d’appréciations subjectives sont reproduits sur l’Algérie. « La décennie noire était déterminante dans la vision que les autres (étrangers) ont de notre pays », a-t-elle dit.
Elle a précisé que ces clichés sont le résultat d’un manque de communication, l’Algérie étant occupée par des priorités de développement n’a pas suffisamment investi sur cet aspect important dans la promotion de l’image de marque d’un pays.
De son côté M. Bouguerra a soutenu que les Algériens devraient « réapprendre l’art de communiquer pour mieux rapporter la situation exacte de leur pays », en appelant la presse américaine à faire leur propre appréciation et ne pas se contenter de reprendre les écrits de la presse française qui véhiculent des évaluations subjectives sur l’Algérie.
« Nous avons une longue histoire de colonisation brutale » qui incite la France à reproduire les mêmes clichés et l’empêche d’avoir une évaluation objective sur l’Algérie », a-t-il dit en substance. (Aps)