L’Algérie travaille à contenir l’extrémisme

L’Algérie travaille à contenir l’extrémisme

Des experts algériens ont disséqué les mécanismes pouvant pousser des franges de la société à adopter un discours extrémiste.

Lors d’une conférence qui s’est déroulée le 7 avril à l’université d’Alger, un groupe de professeurs et de ministres a appelé à promouvoir l’ijtihad et à impliquer les mosquées et les universités dans la lutte contre la pensée extrémiste.

« L’extrémisme n’est pas un phénomène propre à un pays donné, mais il est source d’appréhension pour bon nombre de sociétés, et c’est à l’université qu’incombe la responsabilité d’en chercher les solutions », a déclaré Rachid Haraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Pour le Professeur Boumédiene Bouzid, responsable au ministère des Affaires religieuses et des Waqf, le danger vient des sites internet et des livres à caractère religieux.

« Plusieurs livres religieux à caractère extrémiste s’inspirent de certains sites électroniques dangereux qui ne sont pas contrôlés. Ces sites jouent un rôle important dans la propagation d’idées religieuses extrémistes », a-t-il affirmé.

Le Professeur Mhand Berkouk, directeur du Centre de recherches stratégiques et sécuritaires (CRSS), a considéré pour sa part que « l’extrémisme, qui peut être religieux mais aussi intellectuel, est une déviation des idées, de la pensée, et du comportement. »

« On voit ce phénomène à travers d’autres tendances extrémistes en Europe et dans le monde musulman », a-t-il ajouté. « Au sein de ce dernier, on donne un seul sens du Musulman qui est en lui-même une lecture unique de l’Islam, mais pour l’essentiel incompatible avec l’essence même de la religion. Quand on a ce mélange entre des idées et des lectures perverses de la religion, on se trouve dans un extrémisme plus violent ».

Le Dr Mohamed Aissa, enseignant à l’université d’Alger, a préconisé le recours à l’ijtihad qui, dit-il, doit être collectif.

« L’ijtihad n’est pas individuel mais collectif, et s’applique à travers des institutions multidisciplinaires qui garantissent la modération et la complémentarité dans la réflexion, avec des opinions issues du Livre sacré et de la Sounna aptes à être appliqués dans la société sans aucun extrémisme », a-t-il expliqué.

Il a appelé à l’implication de plusieurs départements ministériels, notamment ceux de l’Education et des Affaires religieuses.

Une autre alternative proposée par le Dr Said Maiza, universitaire, consiste en l’ouverture démocratique. Pour lui, « ces phénomènes peuvent être traités politiquement comme c’est le cas dans les pays démocratiques qui mettent à disposition les moyens de régler les conflits et de provoquer les changements par des voies pacifiques. L’exemple de la réconciliation nationale et des réformes politiques en Algérie s’inscrivent dans ce contexte ».

Une analyse partagée par le Professeur Berkouk, qui a conclu en expliquant que « pour déradicaliser une société, il faut développer une approche multidimensionnelle favorable à la création d’espaces de liberté. Une approche qui doit être celle du dialogue, de la modération et de la tolérance ».